vendredi 14 septembre 2018

Biennale de la Danse de Lyon 2018 : Maguy Marin: Ligne de Crète - Ça dure jusqu'à ce que ça sature


Des fantômes errent dans des couloirs dans la pénombre, démultipliés par leurs reflets sur les parois vitrées d’un labyrinthe qui les canalise et les entrave. Des bruits sourds de machines enflent et la lumière doucement éclaire une espèce d’espace open space vide de presque tout tandis que trois hommes et trois femmes s’aventurent dans ce dédale vitré, entre détermination et valse-hésitation. Ils et elles commencent à prendre possession de ces bureaux-nomades en y installant des objets familiers – ordinateur et autres matériel de bureau et des victuailles et boissons. 

Maguy Marin - Ramdam

Au fur et à mesure que la lumière vient sur cette scène, nous distinguons mieux ces six personnages affairés, téléphonant et mangeant tout en rangeant – façon de parler – les multiples objets-livraisons qu’ils rapportent des coulisses dans un immuable parcours en zigzags dans les étroites allées de verre où, quelquefois ils s’immobilisent, tremblent sur place ou font quelques pas en arrière. A trois, à deux ou seuls, ils se croisent, se suivent et s’évitent de justesse, les bras chargés à chaque voyage qui se termine immuablement par un dépôt – empilement dans leur espace ou un autre qu’ils s’approprient en trop plein. Les couleurs des emballages, primaires de rouge, vert et jaune font écho aux vêtements des femmes jaunes, rouges et mauve avec des variantes de vert. 
Et inlassablement, inexorablement l’espace se remplit d’objets divers et variés, la lumière varie et les gestes et déplacements des danseurs se répètent avec quelques variations d’accessoires, et même de tenue, jusqu’à la nudité. L’empilement, l’accumulation visuelle et sonore qui nous confronte frontalement à l’abondance, au surplus, à la surconsommation et aux gestes frénétiques et inconscients vis-à-vis de nos habitudes sociales, de communication et de consommation nous amènent à une surcharge, une saturation qui devient oppressante et où l’on se demande qui va craquer en premier. 
Ce seront les danseurs, exténués, entravés dans leurs déplacement, tels des robots en game over ne faisant plus que des allers-retours frénétiques, trois pas en avant, trois pas en arrière, qui marquent la fin de la partie. A nous d’en tirer les conclusions. En tout cas, les six danseurs se sont magnifiquement tirés de cette épreuve pire que les mythes de Sisyphe et des Danaïdes réunis. Et pour sa nouvelle création, Maguy Marin et sa compagnie Ramdam avec Ulises Alvarez, Françoise Leick, Louise Mariotte, Cathy Polo, Ennio Sammarco et Marcello Sepulveda n’ont rien perdus de leur regard acerbe et critique sur notre société contemporaine. Sans oublier Charlie Aubry pour le son et le dispositif scnéique et bien sûr Albin Chavignon et Balyam Ballabeni pour la réalisation du dispositif scénique, Alexandre Beneteaud pour la lumière, Nelly Geyres pour les costumes et Chloé Barbe pour la régie son.


Biennale de la Danse de Lyon - Ligne de Crète - Maguy Marin - saluts - Photo: Scèneweb


La Fleur du Dimanche

Ligne de Crète a été créé lors de la 18ème Biennale de la Danse de Lyon le 11 septembre 2018
Représentations
du 11 au 15 sept Théâtre national populaire - Villeurbanne


Tournée : 

25 septembre au 06 octobre 2018 - Théâtre des Abbesses - Paris
12 au 14 octobre 2018 - Théâtre Gérard Philipe - Saint-Denis
06 et 07 février 2019 - Humain trop humain - CDN Montpellier
30 mars 2019 - Salle Jacques Brel - Fontenay en Scènes - Biennale de danse du Val de Marne
04 avril 2019 -  Théâtre Edwige Feuillère - Vesoul
09 avril 2019 - Le Dôme de Gascogne - CIRC - Auch
11 avril 2019 - Le Parvis Scène Nationale Tarbes-Pyrénées
du 22 au 24 mai - Théâtre Garonne, scène européenne - Toulouse

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