vendredi 25 avril 2025

Je suis venu te chercher de Claire Lasne Darcueil au TNS: Le faste extra-ordinaire occupe la scène

 Avec son Festival Les Galas que Caroline Giuela Nguyen a lancé cette saison au TNS, c'est la fête et la célébration de toutes les personnes qui n'ont pas l'habitude d'aller au théâtre, que ce soient des personnes éloignées de la culture, des personnes moins intégrées socialement et aussi de personnes en situation de handicap. Et quel est le meilleur moyen de les faire venir sinon que de les mettre sur scène et de leur donner la parole.


Je suis venu te chercher - Claire Lasne Darcueil - TNS - Photo: Jean-Louis Fernandez


C'est donc la mission qu'elle a confiée à Claire Lasne Darcueil et qui a abouti à cette pièce Je suis venu te chercher.

Cette phrase, "Je suis venu te chercher" que l'on met souvent dans la bouche de la mort quand l'heure a sonné, est ici un peu décalée et s'adresse à un père inconnu que cherche Amir (imposant et très sensible Salif Cissé) désespérément - peut-être aussi en pensant à sa propre mort, pour ne pas mourir sans savoir - et surtout pour avoir quelque chance de retrouver ce géniteur avant que celui-ci ne disparaisse. Il est "guidé" par un "ange" de 92 ans et qui apparaît sur les écrans. Cette quête, c'est le procédé, l'histoire que Claire Lasne Darcueil a inventée pour faire tenir ensemble les témoignages de quelques soixante personnes de plus de soixante ans auprès de qui des équipes (elle-même, Nathalie Trotta et Fanny Mentré, Ana Darcueil et Béatrice Dedieu) dont elles sont allées collecter les souvenirs. Il est vrai que depuis le romantisme, à la fin du dix-neuvième siècle, l'expression de l'individu a pris une part importante dans la littérature et que, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, les souvenirs et les archives sont devenues plus importantes et, que, surtout depuis les années 80, les livres de mémoire familiales se sont vraiment développés. L'individu cherche à se positionner par rapport à la Grande histoire, avec à la fois ce besoin d'identité et de transmission. L'on se sent le besoin d'exister par rapport aux autres. 


Je suis venu te chercher - Claire Lasne Darcueil - TNS - Photo: Jean-Louis Fernandez


Et le dispositif de cette pièce y répond totalement. Certaines personnes ayant été interrogée sont sur la scène et incarnent leur propre histoire - également certaines d'autres, ce qui induit une certaine confusion dans le récit. Tout comme la volonté de faire correspondre ces expression et souvenirs à ce fil d'intrigue presque policière. La multiplicité des témoignages apporte une belle richesse de vécus et quelques éclairages - par exemple les aspects illégaux, en France, des tests d'ascendance génétiques qui initie l'intrigue, de même que la recherche d'un père ou d'une mère - si on n'a pas été "abandonné".


Je suis venu te chercher - Claire Lasne Darcueil - TNS - Photo: Jean-Louis Fernandez


L'arrivée sur scène à certains moment de la cinquantaine de personnes impliquées, à la fois individus et foule, dans de superbes costumes est également un élément très plaisant tout en étant fortement symbolique. Et le travail sur l'écriture "corps" de Kaori Ito (dont on connait aussi la sensibilité à la famille et à ces relations aux publics "autres" et à l'ouverture de la scène la plus large possible) apporte une force et une puissance à la pièce. La reconnaissance du nombre et aussi de la diversité (qui est largement représentée dans ces acteurs amateurs). Leur engagement plus ou moins important est bien équilibré. Ces apparitions, de même que les quelques chansons au sujet quelquefois proche de la thématique rythment la pièce qui finit comme un conte de fée (tins cela me rappelle quelque chose). 


Je suis venu te chercher - Claire Lasne Darcueil - TNS - Photo: Jean-Louis Fernandez


Et pour rester dans le même registre, nos souhaitons à Caroline Giuela Nguyen que ces spectacles et les autres du festival Les Galas puissent à l'avenir remplir durablement les salles du TNS.


La Fleur du Dimanche


Je suis venu te chercher.

A Strasbourg, au TNS - du 24 au 30 avril 2025


[Écriture texte et mise en scène] Claire Lasne Darcueil
[Écriture corps] Kaori Ito 
[Avec les acteur·rices] Salif Cissé, Lisa Toromanian
Et Liliane Hamm, Marie-Cécile Althaus, Pierre Chenard, Jean Haas, Jean-Raymond Milley, Dominique Wolf
[Et le chœur dansant d’habitant·es] Mahi Arifur Rahman, Léa Balouka, Jocelyne Blanchard, Florent Boilley, Claude Bonnarel, Anne-Marie Brisbois, Pierre Darroman, Michèle Delemontex, Anne Groh, Hélène Grosjean, Liliane Guignard, Gwenaëlle Hebert, Raphaëlle Henot, Isabelle Itic, Marie-Noël Jardot, Émilia Jeunesse, Catherine Jung,Tristan Klein, Claire Koné, Salsabil Krysik, Agnès Legrain, Stella Marc-Zwecker, Marie Martinez, Isabelle Mehl, Thérèse Muambombo, Léonie Muller, Obaid Naeemi, Esma Nizamoglu Esenkoylu, Ruby Owcarz, Yasemin Ozbal, Dany Rabearisoa, Laure Razon, Mattéo Ringenbach, Anne-Marie Sirna, Tamara Sokhadze, Emmanuelle Stephan, Lilou Suchet, Régine Tomasi, Martine Urban, Austin William, Gabriel Willinger, Florian Winkel , Pascale Wonner, Kadiatou Zinck
[Collaboration artistique] Paola Secret 
[Collaboration corps] Léonore Zurflüh
[Collaboration chants] Mathilde Mertz
[Accompagnement des habitant·es acteur·rices] Nathalie Trotta
[Vidéo] Anna Darcueil 
[Lumière] Félix Depautex 
[Costumes] Pauline Zurini
[Son] Mathieu Martin 
[Réalisation graphique] Roman Suarez Pazos
Production Théâtre national de Strasbourg, Compagnie Polé Polé
Coproduction TJP - Centre dramatique national Grand Est
Avec l’accompagnement du Centre des Récits du TnS 
Les décors et costumes sont réalisés par les ateliers du TnS. 
Création le 24 avril 2025 au Théâtre national de Strasbourg

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