On pourrait dire que les quatre complices de la compagnie Circumstances de Piet van Dycke ont inventé le mouvement perpétuel avec Exit présenté au Maillon. D'ailleurs, sont-ils vraiment quatre, ou plus? Quatre à entrer et sortir de cette porte - une au départ - de ce semblant de château (fort ) qui pourrait bien se transformer en moulin avec ces quatre, non pas Mousquetaires, mais Dom Quichotte.
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Exit - Piet Van Dycke - Circumstances - Photo: Jona Harnischmacher |
Quelle ronde infernale, à donner le tournis quand en est à se demander d'où ils viennent et où ils vont. Et ce, d'autant plus qu'il ne sont pas habillés pareils, avec cependant un rappel de vert, en bande, mais pas toujours au même endroit sur leur T-shirt. Et puis quand ils ont fini de faire le tour de la salle, vers l'avant et l'arrière, on arrive un peu mieux à les identifier. Il y a bien le plus petit avec ses lunettes et son air ébahi, et l'autre avec son petit chignon sur la sommet du crâne, mais combien y en a-t-il d'autres qui sortent de ces portes - ou empêchent ceux qui sont dehors de rentrer. Et puis il y en a qui sont habillés différemment, en maillot gris, puis en chemises bleues, puis en veste. On s'y perd. Et alors que nos marcheurs éternels ont commencé à se stabiliser et qu'ils se sont un peu "épaulés", ne voilà-t-il pas que tout bascule et que la porte du milieu se renverse, tête bêche.
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Exit - Piet Van Dycke- Circumstances - Photo: Jona Harnischmacher |
Et c'est l'occasion d'un nouveau challenge. Alors qu'ils se sont familiarisés entre eux et avec leur environnement mouvant - ces portes qui, comme dans un moulin, battent et claquent, objet d'un ballet et de déplacements mystérieux et synchronisés - c'est l'occasion d'une autre exploration. Ils vont se concentrer sur ce passage élevé, à priori hors d'atteinte, dont ils nous prouvent par de multiples essais l'impossibilité d'y accéder. Mais on va découvrir que l'entraide et la coopération sont les clés de ce paradis perché. Et la magie opère quand ce qui était hors d'atteinte devient un espace conquis. Et commun.
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Exit - Piet Van Dycke- Circumstances - Photo: Jona Harnischmacher |
Belle métaphore de l'exploration, de la découverte, de la colonisation. Concept que l'on peut aussi analyser au niveau individuel - chacun a ses frontières et ses espaces à découvrir, et une fois découverts, ils deviennent sinon propriété personnelle, au moins connus et familiers. Et au niveau du destin de l'Humanité, c'est la même course à l'occupation, à l'exploitation et, à la limite, à l'appropriation indue ou à l'usurpation.
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Exit - Piet Van Dycke- Circumstances - Photo: Jona Harnischmacher |
La dramaturgie du spectacle montre très bien ce grignotage de l'espace et son appropriation qui devient banale, alors que juste avant on ne pouvait même pas se l'imaginer.
Au point que l'on se demande comment cela va continuer. C'est bien sûr toujours une surprise et un éblouissement de découvrir l'agilité et l'habileté dont la petite troupe fait preuve en acrobaties et exercices d'équilibre. Surtout quand le grand panneau avec la porte, non seulement bascule, mais que les quatre protagonistes occupent ce terrain mouvant et instable. Et que ce panneau n'est pas juste un terrain d'équilibre, mais qu'il devient aussi un outil de mise en mouvement, d'énergie, de culbute et de tournoiement.
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Exit - Piet Van Dycke - Circumstances - Photo: Jona Harnischmacher |
Le sommet est atteint quand l'ensemble des quatre complices font justement preuve de leur "union" en se déplaçant "comme un seul homme" au niveau de leur centre de gravité commun. Et ce, même quand ils n'ont plus les pieds sur ce support mouvant et instable, parce que certains sont carrément portés par les autres. Au risque de tous les danger et de la chute possible à chaque instant. Un moment d'une extrême concentration et tension. Mais dans une dernière "tournée" de portes, ils nous laissent remettre, nous aussi, les pieds sur terre. Et les applaudir chaleureusement pour leurs exploits. Une mention spéciale aux musiciens Batiaan van Vuuren et Bastian Benjamin qui, par leurs compositions en rythmes et percussions nous ont posé un tapis pour nous emmener sur ces chemins instables et mouvants, émouvants.
La Fleur du Dimanche
Avec : Benedikt Löffler, Harrison Claxton, Christopher Mc Auley, Samuel Rhyner
Musique : Bastiaan van Vuuren / Bastian Benjamin
Dramaturgie : Marie Peeters
Installation : Arjan Kruidhof et Arjen Schoneveld
Soutien scénographique : Menno Boerdam
Technique : Casper Van Overschee
Recherche : Bavo De Smedt, Marius Cavin et Raff Pringuet
Coproduction : Festival Circolo / DansBrabant / Theater op de Markt-Dommelhof / HET LAB Hasselt / Circ’uit / Miramiro / Cirklabo
Avec le soutien de : PLAN / Stad Leuven / Grensverleggers/deBuren
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