vendredi 21 février 2020

ION de Christos Papadopoulos au Théâtre des Abbesses: Les électrons libre vont bien !

Le Théâtre de la Ville est fidèle à ses chorégraphes. Qu'ils ou elles soient connu(e)s, comme Pina Bausch ou Anna Teresa de Keersmaeker (voir mon billet du jeudi 20 février), ou moins, comme Lucy Guerin ou Christos Papadopoulos, la structure culturelle phare de la danse à Paris les accompagne, leur donne des rendez-vous réguliers et suit leur travail. C'est donc le cas du chorégraphe grec qui depuis 2017 voit ses différentes créations présentées dans la maison. Il est bien connu en Grèce et il a également chorégraphié la scène de danse finale du dernier film de Costa-Gavras "Adults in the room". Il est de retour pour deux pièces en alternance, Eveldon et Ion.

Ion démarre dans une obscurité grondante et l'on sent et entend courir dans le noir plusieurs personnes, d'une manière assez irrégulière. Un néon posé au milieu du fond de scène commence à faire discerner deux puis quatre puis six (puis plus) danseurs et danseuses que l'on pense nu(e)s, arrivent de l'arrière, faisant une rapide tour sur scène pour repartir. Le bruit des pas se mêle aux grondements. Les corps glissent, se croisent, s'agitent. Puis doucement, la scène s'éclaire au fur et à mesure, et l'on se rend compte que le néon posé à terre s'élève, éclairant faiblement et en partie, surtout à contre-jour puis en plongée ces corps fébriles. Le plateau commence à être habité, la vie semble sortir de la brume et de l'obscurité. 


ION - Christos Papadopoulos - Théâtre de la Ville - Théâtre des Abbesses


Et l'on bascule dans une autre univers, fait d'oscillations et de lents glissements, presqu'imperceptibles, répondant à une logique inconnue. Dans un premier temps, les danseuses et les danseurs forment un groupe homogène qui bouge comme une seule masse, se déplaçant et chacun changeant de place dans le groupe, celui-ci se déplaçant de manière limitée, les corps se décalant. Puis chacun gagne son autonomie, avançant, reculant, essayant de croiser quelqu'un ou au moins de s'en rapprocher, prenant des position sur le plateau, ne bougeant que de bras et du torse, nu, des pantalons couvrant le bas des corps et les visages restant droits, les regards fixés dans le lointain. Ces glissements imperceptibles vers l'avant, l'arrière ou sur les côtés étant le résultat uniquement du glissement des pieds qui jamais ne se soulèvent du sol. Mais les écahnges restent restent à un niveau sommaire. 
Sur une musique lancinante de Coti K. les dix danseuses et danseurs forment des figures alléatoires qui se font et se défont et à force qui laissent des traces sur le sol, comme des pas dans la neige. On s'imagine des approches et des dialogues implicites, des liaisons et des réorganisations dans cet ensemble "organique", entre une chorégraphie minimaliste et des migrations de micro-organismes sous microscope, ou des poissons en eaux profondes. 
Pour finir, le grondement revient, le néon reprend le dessus, ne semblant être la seule issue, en tout cas le seul espoir et la seule clarté vers laquelle se tournent les créatures glissantes qui nous tournent le dos, nous laissant à l'obscurité finale.
Mais nous gardons en tête cette performance singulière, ces mouvements totalement maitrisés et cette chorégraphie minimaliste et grégaire qui nous interroge sur le lien et la sociabilisation.


La Fleur du Dimanche

Pour lire le billet sur Elvedon, c'est ici:
https://lafleurdudimanche.blogspot.com/2020/02/elvedon-de-christos-papadopoulos-au.html
ION

Du 20 au 22 février

CONCEPT & CHORÉGRAPHIE Christos Papadopoulos


DRAMATURGIE Tassos Koukoutas 
MUSIQUE Coti K. 
LUMIÈRES Tasos Palaioroutas 
COSTUMES Angelos Mentis 
SCÉNOGRAPHIE Evangelia Therianou 
1RE ASSISTANTE À LA CHORÉGRAPHIE Katerina Spyropoulou 
2E ASSISTANTE À LA CHORÉGRAPHIE Ioanna Antonarou 
AVEC **MARIA BREGIANNI, NONTAS DAMOPOULOS, NANTI GOGOULOU, AMALIA KOSMA, HARA KOTSALI, GEORGIOS KOTSIFAKIS, DIMITRA MERTZANI, EFTHYMIS MOSCHOPOULOS, IOANNA PARASKEVOPOULOU, ANESTIS NIKAS

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