Mais avant, la fleur du dimanche:
Fleur du dimanche 2/2/2020 - Photo: lfdd |
Je ne vais pas vous faire patienter plus longtemps, les 3 M se sont donné rendez-vous à la Galerie Chantal Bamberger à Strasbourg, à l'occasion de l'exposition des oeuvres graphiques des deux premiers:
Le poète Jean-Michel Maulpoix, qui s'est mis sur la tard à faire de la peinture, plutôt tendance calligraphie, mais narrative - un trait fin, acéré, gai et tendre à la fois - dialogue sur les murs avec l'encre de Chine, la peinture et la gravure d'Henri Michaux.
Henri Michaux - Galerie Chantal Bamberger |
Et quelquefois, l'on ose se demander de qui est l'oeuvre dans cet accrochage volontairement mixé. Jean-Michel Maulpoix connaissait bien Michaux et avait écrit quelques livres et articles sur lui.
La lecture de Martin Adamiec a d'ailleurs débuté par un texte du premier sur le second.
Jean-Michel Maulpoix - Galerie Chantal Bamberger |
Jean-Michel Maulpoix - Tentative de resurrection des âmes - Galerie Chantal Bamberger |
Je vous conseille vivement d'assister à une des prochaines lectures - il y en a tous les vendredis à 20h00 jusqu'à fin février. Les textes choisis de Michaux suivis par quelques extraits de livres de Maulpoix "vivent" littéralement dans la bouche et le corps du comédien. La poésie devient présente, le récit s'illumine, est projeté devant nous, les détails et les sentiments surgissent et nous sommes happés par les multiples "tableaux" vivants qui se déroulent devant nos yeux, que ce soient des histoires de "Plume", de poissons, de fourmis ou des lettres qui nous arrivent "d'un pays lointain"...
Fleur du dimanche 2/2/2020 - Photo: lfdd |
Pour ne pas déflorer le contenu, je vous propose d'autres textes que ceux lus à cette occasion.
Henri Michaux
"J'écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire: me parcourir. Là est l'aventure d'être en vie" affirme Henri Michaux dans Passages (1950). et Jean-Michel Maulpoix continue:
"Toute l'oeuvre de ce poète, né à Namur, consiste en effet en une périlleuse traversée de ce qu'il appelle "l'espace du dedans". Et c'est l'un de ses traits les plus remarquables que de nous parler de l'être, et donc de nous-mêmes, comme d'un territoire à explorer, d'un paysage dont l'apparente stabilité dissimule de minuscules ou spectaculaires événements."
Voici un poème de Michaux:
Emportez-moi
Emportez-moi dans une caravelle,
Dans une vieille et douce caravelle.
Dans l'étrave, ou si l'on veut, dans l'écume,
Et perdez-moi, au loin, au loin.
Dans l'attelage d'un autre âge.
Dans le velours trompeur de la neige.
Dans l'haleine de quelques chiens réunis.
Dans la troupe exténuée des feuilles mortes.
Emportez-moi sans me briser, dans les baisers,
Dans les poitrines qui se soulèvent et respirent,
Sur les tapis des paumes et leur sourire,
Dans les corridors des os longs, et des articulations.
Emportez-moi, ou plutôt enfouissez-moi.
Jean-Michel Maulpoix
Et une "Confession" de Jean-Michel Maulpoix (dans "Précis de théologie à l'usage des anges" - Fata Morgana):
"Je ne puis croire qu'à des dieux morts, des anges bannis aux ailes brisées, des vierges de bois peint qui s'écaillent, et des christs de pierre dont les intempéries ont effacé les traits aux portes des églises.
Quand la mer se retire, je ramasse les squelettes des anges parmi les coquillages blancs fracassés et les plumes des goélands. L'infini tient dans la paume de la main.
Rien n'est si précieux que ce qui n'existe pas."
Dans le pollen des fleurs
"On les rencontre dans un souffle, dans le pollen des fleurs ou les mots dans le dictionnaire, un clin d'oeil ou un rêve, au café du commerce ou dans l'au-delà, derrière la première porte close ou sous un lampadaire. Il pleut, il se fait tard. L'heure de partir approche. Inutile de perdre patience; vous ne les verrez pas venir. Ils s'insinuent et se déplacent dans le corps des hommes, sans palabres ni bruit de pas. Ils sont le plancton phosphorescent de la croyance et de l'effroi."
Martin Adamiec
Pour rester dans les vagues et la mer, donnonsla parole (aussi) au lecteur, au comédien qui a commis récemment un livre "Fatiguer la réalité":
"Square Diderot,
un enfant me questionne
Est-ce qu’il faut jouer le jeu de la vie adulte, Monsieur?
Je suis né ennuyé. Vous qui avez de la bouteille, vous êtes-vous déjà lancé à la mer?
Rue des vivants,
je m’entends dire
Offrirais-tu à la grande faucheuse une vie sans vagues, au bord de l’eau, qu’elle ne voudrait pas de toi. Pour qu’elle vienne, prend plus de risque."
Jean-Luc Nancy
Je vous avais promis un "N", il s'agit de Jean-Luc Nancy, mais son "N" se transforme et se lit "A" comme amour, donc également "M" et "I" comme intérieur. A cela l'on peut rajouter un "P" comme philosophie.
A ce sujet, juste rappeler la projection du film de Philippe Poirier "L'expérience intérieure", entretiens qu'il a fait avec le philosophe strasbourgeois, sans mots mais par le biais d'images sur le corps et dont il a tiré deux films. Le premier a été montré vendredi dermier à Vidéo les Beaux Jours et le plus long sera projeté le 4 février à 19h00 à la HEAR: "L'expérience intérieure - penser dedans": Penser le dedans du corps conduit à penser dedans: à ressaisir ce corps dont l’épaisseur nous fixe dans le monde et nous expose aux autres corps, corps à corps, bord à bord. Images et pensée se répondent en contrepoint dans une expérience intérieure qui rencontre l’âme au plus vif comme au plus périssable des chairs. "Être mortels configure notre accès à l’infini, et c’est sur ce fond d’infini que nous sommes ensemble."Et j'en profite pour citer une phrase de Jean-Luc Nancy qui a également écrit un livre qui s'intitule: "Je t'aime, un peu, beaucoup, passionnément... ", titre qui va bien à la Fleur du Dimanche et qui parle de l'Amour, ce " rapport unique avec ce que l’autre est et avec le fait que l’autre soit".
Plume
Pour Plume, je ne vais pas faire le jeu de mot, je vous le laisse l'exprimer vous-même..
Mais je traverse les océans et vais vous chercher un chanteur canadien - qui s'exprime en Français avec l'accent chantant du Quebec. Je vous en offre un petit panorama de sa diversité et vous conseille de l'écouter jusqu'au bout pour en découvrir les surprises et les rebondissements.
Si vous n'avez pas le temps de lire, et d'écouter celà jusqu'au bout, revenez-y!
Plume Latraverse - Chambre à louer
Quand tous le monde est couché
moi, je commence à chanter tout en tapan du pied
Mon père qui dors pas répète dans sa tête tout bas
Il faut que j’alle jouer à la balle avec mon gant
il faut que j’alle jouer à balle sur le banc
Je frappe la balle, je la ramasse,
j’me dis que pour pénitence faut que je réchauffe le banc
À mesure que je grandissait j’avait un idéal,
c’était de jouer à la balle
Et Lorsque qu’il y a un un grand changement
losque j’ai eu mon deuxième gant
Je m’en alla, un soir comme ça
Moé l’inconnu, moé l’étranger
Je cherche coûte que coûte un p’tit coin pour m’réchauffer
Mais où est-il le nid si doux le savez-vous?
{Refrain:}
Chambre à louer, chambre à louer
Chambre chauffée, meublée, située rue De l’Ormier
Chambre à louer, chambre à louer
Mais des chambres y’en a icitte et là mais pas pour moé.
Je marche, il fait froid
Je n’ai pas de pain
Mais faut ben que j’marche parce qu’les autobus sont pleins
Mais où est-il le nid si doux le savez-vous?
Chambre à louer, chambre à louer
Chambre avec le lit fourni, 48 St-Denis
Chambre à louer, chambre à louer
Mais des chambres y’en a icitte et là mais pas pour moé
Oui ça y’est, je l’ai trouvé
Le palais que j’ai tant cherché
C’est icitte, c’est mon beau jour
Aujourd’hui j’en fait la guerre du Vietnam, un nid d’amour.
{Refrain:}
Chambre à louer, chambre à louer
Chambre chauffée, meublée, située rue De l’Ormier
Chambre à louer, chambre à louer
Mais des chambres y’en a icitte et là mais pas pour moé.
Plume Latraverse - Calvaire:
Plume Latraverse - Jonquière/Rock N' Roll Du grand Flan Mou:
Bon Dimanche
La Fleur du Dimanche
Si vous voulez davantage de Plume, je vous renvoie à un billet du 19 juillet 2015 (Bopépine - Ne pleure pas petite fille - Le Vaste Monde)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire