Le Festival Jazzdor clôt sa 40ème édition à la Briqueterie à Schiltigheim avec un concert rempli de chaleur et de rythme. L'occasion pour Vincent Bessière de saluer le travail de programmation de Philippe Ochem et l'engagement de toute l'équipe de Jazzdor et de tous les intermittents et des 53 bénévoles, et d'annoncer à la fois des changements, de nouveaux projets à venir et des fidélités à cultiver. L'occasion aussi pour Nathalie Jampoc Bertrand, l'adjointe à la Culture de Schiltigheim en délégation de la Maire Danielle Dambach, de célébrer la culture et la musique qui contribuent à l'ouverture sur le monde et à la rencontre.

C'est d'ailleurs lors d'une rencontre, il y a quelques quinze ans lors du Festival Panafricain à Alger, quand Omar Sosa, le célèbre pianiste cubain, a rencontré Souad Asla, qu'est née l'idée de ce concert, Sahravane, un rencontre entre la musique cubaine et jazz dont l'origine remonte aussi en Afrique et ce groupe de femmes Lemma, qu'a rassemblé Souad Asla, la chanteuse du désert. Tout cela a débouché l'année dernière sur ce concert, Sahravane avec le groupe complété par le guitariste hongrois Czaba Palotaï et le percussionniste vénézuélien Gustavo Ovalles, un groupe on ne peut plus cosmopolite.
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| Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker |
Pour commencer, ce sont d'abord les quatre femmes, Aziza Tahri, Mebrouka Brik, Rabia Boughazi et Sabrina Cheddad, encadrant Souad Asla qui vont nous offrir une chanson traditionnelle du désert, suivie d'une autre où les percussions rythment les pulsations presque chamaniques. Des mélodies alternant solo et choeurs reprenant la mélodie de leurs voix profondes, sur des tonalités plus basses.
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| Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker |
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| Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker |
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| Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker |
Arrive Omar Sosa qui fait une introduction légère et virtuose au piano puis qui fusionne avec un air plus sentimental chanté par l'ensemble Lemma (assemblée). Le répertoire de Souad Asla va de ces chansons traditionnelles qu'elle sauve de l'oubli, recollectée dans le désert dans le sud-ouest de l'Algérie, dans la région de la Saoura, et d'autres chansons qu'elle adapte, ainsi que du raï, dont des hommages à Cheikha Rimitti (Mama Raï) et à son répertoire et d'autres qu'elle écrit et qu'elle nous propose tout au long de la soirée.
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| Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker |
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| Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker |
Ce sont des musiques qui nous bercent et nous emportent dans des moments de méditation, presque de transe, ou qui incitent à la danse, ce dont une partie du public ne se prive pas, montant même sur scène à l'exemple d'Omar Sosa qui esquisse quelques figures avec Souad Asla puis avec une spectatrice.
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| Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker |
Les chansons, quelques-unes volées aux hommes (les femmes n'ayant pas le droit de chanter en public), d'autres qui parlent de la famille ou du destin, gagnent une touche de modernité par ce brassage avec le jazz, la guitare flexible et versatile de Csaba Palotaï qui peut sonner comme un oud ou une guitare classique, et qui quelquefois devient électrique ou romantique.
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| Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker |
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| Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker |
Gustavo Ovalles, lui passe sans souci des maracas à la batterie, jongle avec les baguette, les tambours et les djembés ou un grand tambour avec une dextérité inégalée. Il se hasarde même à faire des percussions aquatiques et ruisselantes et à nous conter une petite histoire dans sa langue.
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| Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker |
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| Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker |
De son côté, tel une araignée à six pattes, avec sa barbiche de petit djin diabolique et taquin, Omar Sosa balance entre son piano, son clavier électronique et son synthétiseur. Il enchante les touches, virevolte et s'amuse comme un fou, dialoguant avec Souad et les chanteuses et ses musiciens avec lesquels le courant passe à merveille. Une fusion positive et énergique inonde la scène et submerge la salle, conquise.
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| Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker |
Souad Asla s'accompagne d'un guembri (un instrument interdit aux femmes qu'elle a appris à jouer en cachette) et lance un dialogue joyeux avec Omar Sosa qui s'éclate entre son piano, et les nappes de son synthé, arrivant même à faire émerger un air de flûte et, continuant à inscrire dans les corps, avec les percussions diverses jouées par les quatre femmes de Lemma, de belles pulsations.
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| Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker |
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| Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker |
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| Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker |
Ainsi, entre lentes mélopées langoureuses ou rythmes dansants, la soirée s'installe dans une ambiance dépaysante et festive, amenant les percussionnistes à occuper la scène sur laquelle Souad Asla va effectuer une sorte de longue danse de résurrection, émergeant de son voile noir brodé dont elle s'était couvert la tête.
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| Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker |
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| Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker |
Ainsi s'achève ce voyage entre les chants du désert qui ont rencontré les vagues dansantes du jazz métissé d'Omar Sosa, une rencontre riche et généreuse. La virtuosité du jazzman et de ses compagnons apportant un souffle nouveau à cette culture ancestrale et méditative, les deux styles s'enrichissant dans un dialogue ouvert et fructueux. Et le public est conquis. Un succès mérité.
La Fleur du Dimanche
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