On peut dire que Tabea Martin est une familière du Maillon, Love Scenes est au moins la quatrième pièce présentée à Strasbourg et l'on se souvient de Forever présenté en 2021. Il n'y a qu'un pas de la mort (et de la résurrection) à l'Amour que la pièce interroge ce soir. Curieusement aussi, alors que le thème de la mort appelait une légèreté en contrepied, la question de l'amour semble être un sujet lourd et déconcertant, sinon franchement angoissant ou destructeur.
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| Love Scenes - Tabea Martin - Photo: Guillaume Musset |
Dès l'entrée en scène nous avons trois personnages hirsutes et placides, perruque et justaucorps noir avec chaussette et gros sabots de la même "couleur", qui attendent, placides et désabusés, on ne sait quoi dans un décor post-apocalyptiques d'anti-réchauffement climatique. Les cerne un univers qui semble fait de blocs de glace dans un monde où le soleil brille sur une enseignes lumineuse. Une sorte de "Music-machine" à cassette va essayer de réchauffer cette atmosphère en diffusant de la scène à la salle des chansons hors d'âge, plus ou moins romantiques ou "peace and love" comme, Our house de Crosby, Stills, Nash and Young qui nous fait miroiter un amour domestique près de la cheminée.
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| Love Scenes - Tabea Martin - Photo: Guillaume Musset |
Mais tout cela ne s'accomplit pas, mais débouche sur une série de chutes - et d'interruptions, de cassures - que ce soit au niveau du son que des actions et même du décor. Là, en guise de coup de foudre, c'est comme un coup de semonce qui fait tomber un gros tas de glace qui se révèle être du béton cellulaire, et qui cache un quatrième larron - ou larronne. Ces blocs de matériau blanc vont inciter à toute une série de séquences de violence destructrice (gratuite?) dont l'ultime, semblable à une excès de colère enfantine, posera le point final de la pièce.
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| Love Scenes - Tabea Martin - Photo: Guillaume Musset |
Entre temps, la question de l'amour, que ce soit sous le versant de l'approche, de la séduction, de la passion, de la tentation, de l'expérimentation, sera déclinée sous toutes les coutures, dans des situations domestique, familières, spéciales, quelquefois presque gymniques ou aérobic frénétique. Dans une mise en scène théâtrale, avec quelquefois des tirades surréalistes ou grotesques, jetant un regard critique ou cynique sur les relations, basculant subitement dans des chorégraphies symbolique, quelquefois débridées et fébriles, prouvant la qualité et la souplesse des interprètes, le récit avance par hoquets et chutes inopinées, ponctué de fragments de chansons rétro (dont Miss you like crazy qui chante la douleur de l'amour).
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| Love Scenes - Tabea Martin - Photo: Guillaume Musset |
On nous décrit un monde où les humains ne sont plus que des numéros,(1,2,3,4) donnant lieu à des discours sans tête ni queue, où les personnages s'adressent à un robot qui décide de leurs actions et où les relations ne sont plus traduites que par des ébauches de gestes stylisés et allégoriques dont on ne s'en sort pas. L'issue n'étant que le recommencement du même - en régression. On aurait aimé une folie plus douce, plus tendre, moins pessimiste, une énergie - que les danseuses et les danseurs, magnifiques, ont à n'en pas douter - plus positive, mais l'air du temps est au réchauffement - et à des coups de froid inattendus. Et la banquise fond.
La Fleur du dimanche




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