La Revue de la Choucrouterie de cette année nage dans le Fake, mais c'est la bonne cause, nous dit Roger Siffer, le maître de cérémonie dans sa conférence introductive, justifiant par la littérature et l'histoire du théâtre, remontant jusqu'à Athènes et à son enfance dans le Val de Villé (la plus belle des vallées, tous les beaux garçons viennent du Val de Villé, et il se compte parmi eux, au risque de voir son nez s'allonger suite à ce mensonge éhonté). Et justifiant sa place de comédien et de cabarettiste et de toute la troupe qui est là ce soir pour nous amuser en nous contant des sornettes, des blagues, des inventions.
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| La Choucrouterie - Fake l'amour, pas la guerre - Photo: Robert Becker |
Mais c'est cela le cabaret, la Revue. Transformer le réel pour nous amuser et nous faire réfléchir. Prêcher le faux pour que nous cherchions le vrai. Décrire le pire pour que nous allions vers le meilleur. Grossir le trait pour nous faire sentir un coin de vérité. Exagérer pour nous faire dessiner un sourire en coin dubitatif. Ou nous faire rire aux éclats pour éclabousser l'énormité de quelques situations, des événements, des informations ou des paroles auxquels nous avons été confrontés ces derniers temps dans l'actualité, surtout locale et régionale.
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| La Choucrouterie - Fake l'amour, pas la guerre - Photo: Robert Becker |
Parce que la Revue sert à replacer les choses à leur place, redresser les discours faussés, jeter un peu de lumière sur les événements grands ou petits, faits divers ou événement politiques qui ont émaillé l'actualité de l'année. Et tout cela dans la joie et la bonne humeur - et l'amour du prochain. Le titre de la revue l'annonce: Fake l'amour, pas la guerre - Lon eich net FAKE, même si cela semble utopiste. D'ailleurs on se rend bien compte dans certains sketches que la bienveillance n'est pas forcément la solution. Mais l'important est le poil à gratter, et d'en rigoler, qu'importe le moyen pour y arriver.
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| La Choucrouterie - Fake l'amour, pas la guerre - Photo: Robert Becker |
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| La Choucrouterie - Fake l'amour, pas la guerre - Photo: Robert Becker |
Il y a bien sûr les sketches, mais aussi les chansons détournée et les personnalités politiques qui se font (gentiment) égratigner. Chilbert Meyer nous abandonné cette année mais, élections oblige, l'"environement" strasbourgeois est mis à l'honneur et les élus et les candidats sont sérieusement - et finement - brossés (à rebrousse poil). L'ombre d'une revenante hante le plateau et le duo Syamak Agha Babaei - Jeanne Barseghian (Sébastien Bizzotto et Magalie Ehlinger) nous offrent avec Le comeback de Trautmann un magnifique rap enlevé sur l'air de Confessions nocturnes de Diam's - un monument de réussite.
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| La Choucrouterie - Fake l'amour, pas la guerre - Photo: Robert Becker |
Le même duo nous campe une couple coincé dans les bouchons du 1er mai (devinez où) digne d'un film de Jean Yanne avec une Susanne Mayer (leur enfant) en pleine forme.
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| La Choucrouterie - Fake l'amour, pas la guerre - Photo: Robert Becker |
On n'oublie pas Jean-Philippe Vetter, qu'Arthur Ganter incarne plus vrai que nature dans un tableau de campagne électorale, bucolique et fumeux.
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| La Choucrouterie - Fake l'amour, pas la guerre - Photo: Robert Becker |
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| La Choucrouterie - Fake l'amour, pas la guerre - Photo: Robert Becker |
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| La Choucrouterie - Fake l'amour, pas la guerre - Photo: Robert Becker |
Côté chansons, il y a des très belles adaptations de chansons pas forcément connues, accompagnées au piano par Sébastien Valle (en alternance avec Jean-René Mourot et Thomas Valentin). Il y a bien sûr celle des Dalton ou Les cornichons, la Bohême d'Aznavour qui devient La Lorraine (trop de haine) avec Bizzotto dans un magnifique costume de cigogne (un grand bravo à Estelle Duriez et Magali Rauch et leurs équipes qui ont fait un formidable travail autant en scénographie qu'en costume (un peu désaxés), Ce n'est rien (= 2% - avec une e-tranche apparition de Nathalie Muller), Dans cette mine-là et encore La Meinau dort avec une séance onirique où Guy Riss et Sébastien Bizzotto font une merveilleuse et atmosphérique chorégraphie (Charlotte Dambach aux commandes, qui, année après année arrive à faire danser des comédiens dont ce n'est pas vraiment le métier mais qui s'en sortent très bien).
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| La Choucrouterie - Fake l'amour, pas la guerre - Photo: Robert Becker |
Le duo Riss-Bizzotto nous régalent bien sûr de leur personnages fétiches de supporters du Racing avec leur humour surréaliste et absurde, tout comme Jean-Pierre Schlagg qui campe le traditionnel beauf en boomer qui n'hésite pas à faire sa transition (mais pour un plus gros...).
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| La Choucrouterie - Fake l'amour, pas la guerre - Photo: Robert Becker |
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| La Choucrouterie - Fake l'amour, pas la guerre - Photo: Robert Becker |
On essaie de deviner quelle personnalité incarne Bénédicte Keck qui se fait proposer tout une gamme de bracelets (par Guy Riss) dans une scène très intéressante - et osée. Céline d'Aboukir qui cette année encore signe la mise en scène nous offre une réelle diversité de traitements, d'ambiances, de rythme et d'approche et tire parti des capacités de cette merveilleuse petite équipe qui, comme chaque année court d'une salle à l'autre. Et quelquefois reviennent déguisés en fourmi tapinoma prêtes à tout saboter.
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| La Choucrouterie - Fake l'amour, pas la guerre - Photo: Robert Becker |
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| La Choucrouterie - Fake l'amour, pas la guerre - Photo: Robert Becker |
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| La Choucrouterie - Fake l'amour, pas la guerre - Photo: Robert Becker |
Il est aussi question de visites, totalement décalées et bancales comme celles d'envoyés de Trump ou de Poutine dans notre belle Alsace ou celle inopinée d'une rectrice dans une ZEP en mal de reconnaissance (et de finances).
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| La Choucrouterie - Fake l'amour, pas la guerre - Photo: Robert Becker |
Et tout naturellement (cela coule de source) en ouverture et en clôture nous sommes confrontés à l'environnement de grans World Wide Web (www) et à toutes les évolutions qu'il a subi sous un aspect à la fois plaisant et édifiant (et si vous ne la connaissiez pas n'hésitez pas à étudier tous ces sigles et logos pour comprendre l'avenir avant que les grands producteurs de fakes (au rang desquels Chat-GPT vous réserve un avenir merveilleux - et irréel.
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| La Choucrouterie - Fake l'amour, pas la guerre - Photo: Robert Becker |
Et l'on regardera avec distance et circonspection le final Faire l'amour pas la guerre sur la chanson Flowers de Miley Cirrus, magnifique raccourci qui nous projette des années 68 à après-demain. La chanson et la chorégraphie est un très beau travail d'ensemble où tous et toutes font "le choix du bonheur" (et des fleurs). Et l'on souhaite à le troupe de la Chouc' et aux spectateurs encore quelques années de Bonheur et d'Amour.
La Fleur du Dimanche
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