Le Festival Arsmondo suit son chemin sur la route des tsiganes et sous le signe de l'Espagne. La soirée Duende ! proposée par lovemusic à la salle Ponnelle de l'Opéra du Rhin est placée sous l'étoile (et la lune) de Federico Garcia Lorca, poète né en 1898 e assassiné en 1936 par les franquistes près de Grenade. Le poète était aussi musicien et il a, avec Manuel de Falla, rassemblé des chansons du flamenco traditionnel et développé le Cante Jondo (la chanson profonde) et composé des airs de flamenco, dont nous aurons un aperçu avec Marion Tassou, soprano, accompagnée par Christian Lozano à la guitare.
Arsmondo tsigane - Duende! - lovemusic - Photo: lfdd
Le programme débute par une introduction au Duende, cet état d'esprit indéfinissable qui procède à la fois de l'intuition, du corps et du "son noir". Il est aussi question d' "ange". Le comédien de l'école du TNS Yannis Bouferrache nous lit ce texte et ponctuera le concert avec les poèmes de Lorca dont nous découvrons la poésie merveilleuse et profonde. Michelle Agnes Magalhaes a écrit en 1979 Lorca Fragments dont les cinq éléments Sonidos neros - justement des sons noirs "grattés" par les cinq interprètes de lovemusic: Emiliano Gavito à la flûte, Adam Starkie à la clarinette, Emily Yabe au violon, Lola Manique au violoncelle et Christian Lozano à la guitare. L'ange justement, aérien et tenu en longueur, Lyrique, tout en vibrations et glissandos, Masques pièce festive, et Prosodique, comme une langue" où la clarinette basse lance sa plainte alors que les autres instruments jouent des sons courts et la clarinette conclut avec sa petite mélodie.
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Pour les Canciones espanolas antiguas de Lorca, nous passons de La Tarara, un air enjoué, vieille chanson pour les enfants où Marion Tassou montre toute sa puissance mais finit toute en retenue. Suit Anda Jaleo, une chanson bien dansante et entraînante, l'histoire d'un chasseur qui cherche sa bien-aimée et ne veut pas tuer une colombe, chanson qui fut reprise par la résistance espagnole. El cafe de chinitas est une belle ritournelle qui virevolte et la Sevillanas del signo XVIII une séguedille castillane très dansante.
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Michelle Agnes Magalhaes avec 4 canciones espagnolas fait un arrangement cette fois-ci pour flûte, clarinette, violon, guitare et voix des chansons de Federico Garcia Lorca Las Morillas de Jaén pleine de sous-entendus, la courte pièce Nana, la sautillante Zorongo toute en pizzicatos et frappe des archets et pour finir la Nana de Sevilla, une berceuse tsigane comme une valse lente.
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Après Cancion de la muerte pequena, nous passons à Canciones espanolas antiguas de Manuel de Falla avec trois chants populaires, Jota et Asturiana, chansons du nord de l'Espagne et Polo, une chanson de vengeance, toujours magnifiquement interprétées par Marion Tassou accompagnée par Christian Lozano, presque gitan à la guitare.
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Suit un très beau poème Romancero Gitano, l'histoire d'un enfant qui dialogue avec la lune, et d'un gitan et la soirée s'achève avec une création de Michele Abondano Ya no soy yo (Je ne suis plus moi), commande de lovemusic. La pièce s'inspire du poème de Federico Garcia Lorca Romance Sonambulo et montre l'arrachement au corps du personnage féminin, à force d'attendre son amour. Le dispositif musical voit les instruments à cordes (violon, violoncelle, guitare posées sur des tables et les cordes frotées ou triturées et les vents bouchés ou plongés dans un bocal d'eau pour émettre des glou-glous, tandis que les interprètes chuchottent des bouts du poème. Une très belle réinterprétation de Lorca.
La Fleur du Dimanche.
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