dimanche 27 septembre 2020

Femenine à Musica: la révélation d'un bijou de Julius Eastman: Il n'y a pas photo !

Julius Eastman est né le 27 octobre 1940 à New York et est mort dans le dénuement le 28 mai 1990 à Buffalo. Il était musicien, noir, homosexuel et provocateur. Est-ce pour cela qu'il est mort dans le dénuement? Et pas reconnu, à l'époque, au point que sa nécrologie a été publiée huit mois après sa mort dans le Village Voice. Et que la pièce Masculine, le pendant de Femenine (1974) que nous avons découvert ce soir dans le cadre du Festival Musica et qui avait été jouée le même soir, en 1974 dans une salle adjacente, a véritablement disparu.

Musica - Femenine - Juluis Eastman - Photo: lfdd

Musica - Femenine - Juluis Eastman - Photo: lfdd


Mais heureusement qu'il reste Femenine, un petit bijou de musique répétitive qui n'a rien à crainde comparée à Steve Reich: La pièce, qui dure une heure dix, commence en toute discrétion avec le percussionniste (et co-directeur artistique Stéphane Garin) qui de ses pieds et de ses mains va jouer des clochettes (en rythmes changeants pendant toute la durée du spectacle - une vraie "performance") rejoint par la vibraphoniste Amélie Grould, qui elle va jouer, en "boucles répétitives" également, une série de notes qui vont s'incruster dans notre mémoire. Au fur et à mesure, les autres instrumentistes (Sophie Bernado au basson, Cyprien Busoline à l'alto, Melaine Dalibert au piano, Eve Risser à la flûte; Jozef Dumoulin au synthétiseur, Jean-Brice Godet à la clarinette basse, Alexandre Herer aux claviers et à l'électronique, Julien Pontvianne aux saxophones Christian Pruvost à la trompette et Antonin Tri Hoang au synthétiseur modulaire et au clavier, le tout régi par Benjamai Maumus) et Ellen Giacone à la voix (et aux signes de la main) vont entrer en scène, jouant inlassablement leurs différentes mélodies et variations - au moins six, qui changent au fur et à mesure une fois que le rythme est bien installé et qu'Ellen Giacone coordonne de sa main levée, donnant les repères au pianiste - et à l'ensemble de l'orchestre pour une nouvelle variation infime et souvent répétée de cette dentelle de sons qui enflent, se déploient, montent en puissance pour, comme au début s'éteindre doucement en laissant le vibraphone et pour finir les clochettes résonner une dernière fois en nous laissant dans un état presque second. La pièce dans ce côté répétitif et avec ses changements discrets dans cette masse sonore, avec quelquefois des envolées solistes qui surgissent de la masse, faisant penser effectivement à certaine compositions répétitives de Steve Reich est d'une belle complexité et les musiciens des deux orchestres Ensemble O et AUM grand ensemble nous font vivre un grand moment où nous sommes littéralement plongés dans le son qui nous submerge.

Musica - Femenine - Juluis Eastman - Photo: lfdd

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La Fleur du Dimanche

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