mardi 21 janvier 2020

Labourer à Pôle Sud: danser jusqu'au fond des entrailles

La scène au "Studio" de Pôle Sud, pour le spectacle "Labourer" de Madeleine Fournier, est ouverte...


Labourer - Madeleine Fournier - Photo Patrick Berger

Un carré de tapis blanc, un écran blanc qui délimite le fond et un rideau de velours bleu qui fait coin, une chaise dans le coin et une jeune femme assise, habillée d'un legging noir, d'une chemise noire à l'envers et des gants rouges. Les joues, rouges, elles aussi... La  couleur "nature", rustique, le sang qui monte aux joues. Un air médiéval voix et viole de gambe monte de derrière le rideau. La jeune femme pousse des gémissements, des mugissements, des cris d'accouchement, d'enfantement, en se pliant, se frottant avec ses gants, rouges, méthodiquement, puis se calmant... La chanson elle aussi s'achève et Madeleine se lève. Elle esquisse des pas, hésitants, des gestes de pantin, elle ancre ses poings avec ses gants rouges dans la tapis blanc. Une batterie de percussions (grosses caisses, caisses claires, tambourin,..) cercle la scène ouverte et elles se mettent à jouer tout seul, dans des rythmes syncopés. 


Labourer - Madeleine Fournier - Photo Patrick Berger

La danseuse se déhanche en rythme, tourne son bassin, suit les battements et se met à trembler. Puis se lève et danse une danse enroulante et souple, enfin se décale de côté comme en glissant en mouvements de pieds, et, de ses chaussures noires à talon se lance dans une danse chtonienne. Son geste se calque sur les percussions, mais quelquefois en décalage et bloque le rythme ternaire. Elle chante un air que l'on pourrait croire traditionnel.
Suit la projection en noir et blanc d'un film scientifique mais dont la poésie "abstraite" fait rêver. Des fleurs se mettent à danser par la magie du tournage en accéléré. Le pissenlit, les camas, les cyclamens et le trèfle se balancent et dansent sans vent, au gré de leur évolution, les volubilis, les potirons et les liserons font la ronde et des vrilles en l'air. Les percussions accompagnent la danse. Puis changement de décor, ou plutôt d'habit de corps. 


Labourer - Madeleine Fournier - Photo Patrick Berger

Le noir laisse place au blanc, une chemise trop grande se fait robe de cette jeune fille qui se cherche femme, les mains toujours gantées de rouge, à prendre la mesure de son corps, à en délimiter les bords. Elle devient plus "engageante" avec le public, plus sensuelle, plus féminine, tout en se mettant à distance en chantant une chanson avec un accent "pays". La tension monte et le tempo se ralentit, l'énergie rentre dans le corps qu'elle roule doucement à terre dans une dernière ronde intime. 


Labourer - Madeleine Fournier - Visuel: Catherine Hershey

Entre la terre et la mère, le corps se cherche, hésite, tangue, et se perd, cherche son rythme, au fond de lui-même ou dans la terre. La danse, la bourrée, rythme bousculé, corps chahuté, cherche ses frontières et ses ouvertures, entre plaisir et douleur, nature et transgression. Madeleine Fournier valse entre hésitation et engagement, découverte et intimité, danse et entrave, séduction et fermeture, corporéité et sensation. Un spectacle sous tension, entre la claque et les claquettes.

Allez, en prime, je vous dévoile la bande-annonce:





La Fleur Du Dimanche


Labourer - Madeleine Fournier
Création et interprétation : Madeleine Fournier
Dispositif sonore et musique : Clément Vercelletto
Lumière : Pierre Bouglé
Regard extérieur : David Marques
Aide costume : Valentine Solé
Conseil film : Dominique Willoughby
Graphisme : Catherine Hershey

Production ODETTA


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