mercredi 1 octobre 2025

Ultimo Helecho de François Chaignaud et Nina Laisné au Maillon: La musique sud-américaine prend une belle hauteur

 Est-ce un condor qui passa dans le noir, en battement d'ailes, au début du spectacle Ultimo Helecho de François Chaignaud, Nina Laisné et Nadia Larcher? En tout cas les bruissements d'ailes nous firent lever les yeux avec raison, puisque le trio de musiciens (Rémi Lécorché, Nicolas Vazquez et Joan Marin), habillés de noir et jouant de la saqueboute (et non du trombones, car c'est la version ancienne de cet instrument) nous apparut bien en hauteur, sur une sorte de terrasse pour lancer la soirée. 


Ultimo Helecho - François Chaignaud - Nina Laisné - Photo: Nina Laisné


C'est avec loran las ramas del viento, du musicien argentin bien connu Atahualpa Yupanqui, un air qui fait pleurer le vent, que le souffle de la musique sudaméricaine s'est répandu sur la plateau du Maillon pour ce concert présenté par Musica avec les deux structures strasbourgeoises que sont le Maillon, accueillant et Pôle Sud.


Ultimo Helecho - François Chaignaud - Nina Laisné - Photo: Nina Laisné


La tonalité était plutôt, pour commencer, dans la tristesse, la mélancolie et le chagrin, les chansons populaires et baroques d'Espagne et d'Amérique du Sud choisies par Nina Laisné pour constituer le programme de la soirée parlent de la mort et d'enterrements. Mais la belle voix de ténor de François Chaignaud, et surtout la voix puissante de la chanteuse populaire Nina Larcher apportent une belle énergie dans ce répertoire. L'arrivée de Jean-Baptiste Henry et son bandonéon et du tambour, puis des percussions de Vanessa Garcia, complètent le souffle plus vivifiant qui traverse la succession des tableaux, magnifiques, qui marquent l'enchaînement des airs.


Ultimo Helecho - François Chaignaud - Nina Laisné - Nadia Larcher - Photo: Nina Laisné


Ainsi, alors que François Chaignaud démarre tout doucement en mille circonvolutions dans une danse du bâton toute en intériorité et en mouvements serpentins, lorsque les deux interprètes, danseur et danseuse, se rejoignent, ils prennent possession du plateau, soutenus par les airs qui deviennent plus énergiques. 


Ultimo Helecho - François Chaignaud - Nina Laisné - Nadia Larcher - Photo: Nina Laisné


Leurs costumes sont merveilleux, tenant de la féérie, finement brodés de tissus avec mille détails, avec par exemple leur squelette qui se transforme en fleurs tressées. Et même les sombres tenues des musiciens sont agrémentés de plastrons multicolores (bravo à Sarah Duvert et Florence Bruchon pour la conception et la création des costumes et à l'atelier de confection de costumes de Liège pour la réalisation). Les transformations ultérieures avec cape, chapeau "pouf" (entre la coiffe alsacienne et la tranche de bois) sont tout aussi surréalistes. 


Ultimo Helecho - François Chaignaud - Nadia Larcher -Photo: Heinrich Brinkmoller-Becker


La dramaturgie et le rythme donné à la pièce par Nina Laisné est impeccable. On se laisse emporter par le flot de la musique, par la magie du chant, varié, même si la tonalité est souvent à la saudade. Et même au "duende" quand, chaussant ses bottes à talon, François Chaignaud se lance dans une épique et vigoureuse démonstration de flamenco dont il se sort très bien (cela ne nous étonne pas, l'ayant vu à l'oeuvre l'an passé dans Mirlitons). 


Ultimo Helecho - François Chaignaud - Photo: Heinrich Brinkmoller-Becker


Et nous on s'en sort "par le haut", comme si on allait au ciel, avec tous les musiciens et les chanteurs, sur ce plateau-terrasse en forme de rocher surplombant ou reste de château en ruine auquel on arrive par un escalier en colimaçon, comme dans les contes de fées. Un conte auquel nous adhérons sans réticence et qui nous a transporté dans l'espace et le temps à travers danse, chants et musique pour un merveilleux voyage où la dernière fougère nous caresse la joue comme en un ultime battement d'aile. 


La Fleur du Dimanche

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