jeudi 5 mai 2022

Heres: nel nome del figlio d'Ezio Schiavulli à Pôle Sud - La danse à l'héritage de la baguette

 Pour sa création Heres: nel nome del figlio (Au nom du fils) à Pôle Sud, Ezio Schiavulli a voulu poser un regard rétrospectif sur son parcours, non seulement de la danse mais aussi de sa vie, aller jusqu'à la question de l'héritage et de la filiation au plus intime. Ce danseur, passé par des centres de formations de danse reconnus (l’Académie des Arts Scéniques de Milan dirigée par Susanna Beltrami. le London Contemporary of Dancing et le Centro della Danza Aterballetto), après avoir abandonné ses études en chimie, est passé par de grandes compagnies internationales à Genève, en Suède et en France avant de fonder sa propre compagnie en 2007. Pour ce spectacle, le retour aux origines ne peut que se faire vers son enfance, lorsqu'il se blottissait, petit, à côté de la batterie de son père musicien lors de ses concerts nocturnes.


Heres - Ezio Schiavulli - Pôle Sud - Photo: Chiara Ventola

Si l'on suit le fil d'Ariane de la psychanalyse que nous tend Ezio Schiavulli, en particulier l'essai Le Complexe de Télémaque du psychanalyste Massimo Recalcati dont il se nourrit, nous pouvons nous permettre d'émettre deux hypothèses également plausibles pour la scène d'ouverture de la pièce: d'une part, celle prosaïque d'une réminiscence d'un réveil sous cette batterie qui lui donne l'élan du spectacle. Mais la deuxième, tout aussi plausible et même évidente tellement elle est limpide, qui serait littéralement la (re)naissance de l'artiste, prenant conscience avec ces battements de vie et ébloui, comme nous le sommes nous-même par cette batterie de projecteurs qui nous aveuglent sous le podium sur lequel jouent les deux batteurs. Ces batteurs qui vont nous insuffler, mais bien sûr en premier lieu au danseur, leur énergie de vie tout au long de la pièce. Et surtout qui, en dialoguant avec l'interprète-chorégraphe, vont lui permettre de se lever, grandir, trouver ses repères, apprendre la vie et le monde qui l'entoure en se mouvant.


Heres - Ezio Schiavulli - Pôle Sud - Photo: Chiara Ventola

C'est donc à un incessant dialogue à trois (très souvent) sur une création musicale qui a impliqué Anne Paceo, Dario De Filippo, Elvire Jouve et Inor Sotolongo pour cette longue variation entre deux batteurs qui se font face sur ce podium - podium qui lui-même n'arrête pas de bouger, tiré et poussé par, soit les musiciens (Dario De Filippo et  Donato Manco qui a remplacé au pied levé Elvire Jouve) soit par le danseur, qui à un moment est même "enchainé" avec une corde à ce podium mouvant - c'est dire le lien fort qui l'unit aux instruments. 


Heres - Ezio Schiavulli - Pôle Sud - Photo: Chiara Ventola

Le dialogue et la synchronicité entre geste dansé, mouvement du corps, chute ou élan, saut ou roulade, sursaut ou frémissements, tressaillements sont impeccables, les jeux de regards intenses et la concentration et l'écoute au sommet, dans cette magnifique variation percussive. Les passages bourrés d'énergie vitale sont nombreux et les moments de quiétude sont rares, mais sensibles. Par exemple la "passation" du rythme entre les deux "pères" batteurs et le fils danseur quand se mêlent leurs baguettes pour construire un rythme, construction qui lui permet de prendre la place des musiciens.


Heres - Ezio Schiavulli - Pôle Sud - Photo: Chiara Ventola

La pièce s'achève également dans une sérénité et une quiétude retrouvées quand, après une nouvelle naissance, en "plein air" cette fois-ci, le danseur aidé d'un batteur "désossent" littéralement la batterie pour en pendre tous les éléments à des crochets, comme des habits de mineurs, soutenus par un discret chant murmuré et un son de cloche presque tibétaines. Et dans le noir qui se répand, le danseur se défait de ses habits pour pouvoir peut-être enfin renaître grandi.


La Fleur du Dimanche


Heres: nel nome del figlio (Au nom du fils)


A Pôle Sud le 5 et 6 mai 2022


Coproduction Pôle-Sud CDCN


Conception chorégraphique et interprétation : Ezio Schiavulli
Musique live : Donato Manco et Dario De Filippo, batteurs
Création lumière et direction technique : Gabriele Coletta
Création musicale : Anne Paceo, Dario De Filippo, Elvire Jouve et Inor Sotolongo
Régie : Aurélien Boeglin
Production : Association Expresso Forma — Cie Ez3_Ezio Schiavulli / Associazione RIcerca E SviluppoCOreografico

Coproduction : POLE-SUD – CDCN, Strasbourg / CCN – Ballet de l’Opéra national du Rhin, Mulhouse / Teatro Pubblico Pugliese (It) / Réseau Grand Luxe (le 3CL Luxembourg / le Theater Freiburg / le Ballet de Lorraine / l’Abri Genève / le Ballet de l’Opéra national du Rhin / POLE-SUD, CDCN Strasbourg / le Grand Studio Bruxelles) / l’Association des Scènes du Nord Alsace (la M.A.C. de Bischwiller / la Saline, Soultz-sous-forêts / la Castine, Reichshoffen / la Nef, Wissembourg / l’Espace Rohan, Saverne / le Relais Culturel de Haguenau) / Réseau l’Est Danse ( le CCAM Scène nationale, Vandoeuvre-lès-Nancy / POLE-SUD CDCN, Strasbourg / le Manège, Scène nationale , Reims / l’Espace 110, Illzach / la Cité musicale ,Metz / la Salle Europe, Colmar / le Nouveau Relax, Chaumont / la Filature Scène nationale, Mulhouse / le Ballet de l’Opéra national du Rhin, Mulhouse / le Carreau Scène nationale, Forbach / l’ACB, Scène national, Bar-le-Duc / la Madeleine, Troyes / le service culturel Spectacle Vivant de Saint-Dié des Vosges).

Avec le soutien de la DRAC Grand Est au titre de la structuration depuis 2020 / Région Grand Est / Communauté européenne d’Alsace / Région des Pouilles (It) / Institut Italien de Strasbourg / Théâtre du Marché aux Grains de Bouxwiller / SPEDIDAM / Network Internazionale Danza Puglia

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