mardi 17 mai 2022

Mont Vérité au TNS: Le Groupe 44 dans une dynamique pour inventer la vie (d'après)

 La pièce Mont Vérité n'existerait pas sans le Groupe 44 de l'école supérieure d'art dramatique du Théâtre National de Strasbourg. Cette promotion, entrée en septembre 2016 et dont la sortie s'est faite le 30 juin 2019 s'est retrouvée au coeur de l'écriture de la pièce de Pascal Rambert. On connait un peu le principe de production de certains de ses textes, à savoir créer des personnages pour les comédiens qui les interprètent, personnages qui portent leurs prénoms (voir Deux amis en 2021 au TNS, également Deux soeurs et plus loin, Architecture). 


Mont Vérité - Pascal Rambert - Groupe 44 - Photo: Jean-Louis Fernandez

Le Groupe 44 a donc eu un long compagnonnage, non seulement avec Pascal Rambert mais aussi avec la comédienne Audrey Bonnet (actrice associée au TNS et qui a joué certaines de ses pièces, celles citées précédemment ainsi que Répétition et Actrice) qui a fait un suivi très proche avec les jeunes comédiens et Yves Godin qui travaille avec des variations discrètes et infinies les lumières pour rendre cette ambiance de lieu extérieur, sauvage et en pleine nature dans le Hall Grüber du TNS. Egalement Alexandre Meyer dont la musique discrète qui nous enveloppe sans que nous nous en rendions compte et qui sait créer les atmosphères propices à chaque scène. 


Mont Vérité - Pascal Rambert - Groupe 44 - Photo: Jean-Louis Fernandez

Autre artiste dont le travail s'est fait en continuité sur la pièce, le chorégraphe Rachid Ouramdane qui a réussi à créer des danses qui s'inspirent par leur simplicité et leur naturel des danses que l'on imagine pour les artistes du Monte Verita version Rudolf Laban (puis Suzanne Perrottet et Mary Wigman) quand leur troupe de théosophes a suivi l'installation de la communauté des utopistes (et anarchistes et végétalien) dont Bakounine, Lénine et Trotsky. Ces mouvements dansés, légers et gracieux (les comédiens savent aussi bouger) ainsi que les déplacements sur le plateau - une immense roselière dans laquelle se meuvent les personnages - apportent à la fois une dynamique et un côté mystérieux (grâce aux éclairages) au déroulé de la pièce. 


Mont Vérité - Pascal Rambert - Groupe 44 - Photo: Jean-Louis Fernandez

Celle-ci commence sur un rythme presque ralenti, posé, presque comme un rêve, même pour le jeu des comédiens, pour s'accélérer dans un foisonnement final. Au début, les comédiens habillés de tissu blanc (encore une référence aux théosophes) construisent leur groupe et leurs relations, comme une communauté, elle aussi idéaliste qui se cherche un avenir, une vie idéale, rêvée (Certains rêves qui avaient été envoyés à l'auteur sont diffusés comme des messages divins). Ils vont "faire circuler la parole ... dénouer les ventres", essayer de s'inventer un futur possible, réel, comme le dit Stanislas Nordey:

"Comment s’inventer, à plusieurs, une liberté ? Ce sont des gens qui s’aiment, aiment l’art, s’opposent violemment parfois, cherchent à se construire un langage commun, avec les mots, avec le corps. Ils s’exposent les uns aux autres pour tenter de composer un ensemble à partir de toutes leurs singularités. Est-ce possible ?"


Mont Vérité - Pascal Rambert - Groupe 44 - Photo: Jean-Louis Fernandez

Dans une autre partie, celle des "monologues", chacun.e ayant retrouvé.e un costume actuel, va ainsi raconter ce qui le.la motive ou le.la surprend ou lui donne la force de vivre et de se battre, de lever la tête, de sourire, de s'opposer ou de se révolter que ce soit dans la famille, à l'école ou dans la vie. Chacun.e avec son passé, son expérience, son caractère, ses mots poétisés par Pascal Rambert. Et nous allons découvrir ces individualités riches et fortes, avec leur volonté et leurs passions. Se renforçant au contact des autres, multipliant leurs énergies et leur lumière. Mais aussi leurs oppositions, leur solidarité et leur complicité dans une scène qui présente une séance de leur travail de création. 


Mont Vérité - Pascal Rambert - Groupe 44 - Photo: Jean-Louis Fernandez

Tout cela finit dans un environnement hostile plein de bruit et de fureur, des dangers, où "ça tire dans tous les sens" et cela court aussi dans tous les sens. On imagine ce que cela a pu être lors de la création en plein air en mai 2019 au Printemps de Comédiens à Montpellier, la scène pourtant très grande déjà ici étant un peu à l'étroit entre les murs pour les comédiens qui jaillissent de partout. En tout cas il faut saluer la qualité et l'énergie de toutes et tous ces jeunes comédiennes et comédiens (et les autres aussi d'ailleurs qui occupent des postes techniques (régie, scénographie,costumes,...) ou de mise en scène. De belles personnes dont nous avons pu voir le professionnalisme ces trois dernières années dans des pièces au TNS: Océane Caïraty, Houédo Dieu-Donné Parfait Dossa, Paul Fougère, Romain Gillot, Romain Gneouchev, Elphège Kongombé Yamalé, Estelle Ntsende, Ysanis Padonou,  Mélody Pini, Ferdinand Régent-Chappey, Yanis Skouta, Claire Toubin, Aliénor Durand, Édith Biscaro, Lisa Petit de la Rhodière et Clémence Delille. Et n'oublions pas Romain Pageard qui a remplacé Yanis Skouta pour cette première à Strasbourg


La Fleur du Dimanche


Mont Vérité


Au TNS du 17 au 25 mai - attention spectacle à 19h00 - dimanche 22 mai à 16h00

Texte et mise en scène Pascal Rambert
Chorégraphie Rachid Ouramdane
Collaborations artistiques
Audrey Bonnet* − Jeu
Yves Godin − Lumière
Alexandre Meyer − Musique
Avec Océane Caïraty, Houédo Dieu-Donné Parfait Dossa, Paul Fougère, Romain Gillot, Romain Gneouchev, Elphège Kongombé Yamalé, Estelle Ntsende, Ysanis Padonou, Romain Pageard, Mélody Pini, Ferdinand Régent-Chappey, Yanis Skouta, Claire Toubin
Scénographie Aliénor Durand
Lumière Édith Biscaro, Germain Fourvel
Son Enzo Patruno Oster, Lisa Petit de la Rhodière
Costumes Clémence Delille
Assistanat à la mise en scène Aliénor Durand
Dramaturgie Baudouin Woehl
Collaboration technique Édith Biscaro , Vincent Dupuy
Spectacle créé avec les artistes issus du Groupe 44 de l’École du TNS en mai 2019 au festival du Printemps des Comédiens
Pascal Rambert, Audrey Bonnet et Eddy D’aranjo sont artistes associé·e·s au TNS
Le décor et les costumes sont réalisés par les ateliers du TNS
Le texte sera publié aux Solitaires Intempestifs (avril 2020).
Production Théâtre National de Strasbourg
Coproduction Printemps des Comédiens, CCN2 - Centre chorégraphique national de Grenoble
Avec l’aimable collaboration de structure production et en partenariat avec le Théâtre National de Chaillot
Remerciements à Anaïs Romand (costumes) et à Pauline Roussille – structure production  
* Artiste associée au TNS

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