Cirque ou danse? Catch ou tendresse ? Erotisme ou sensualité ? Le trio d'Armour, Arno Ferrera et Gilles Polet à la conception et au jeu avec Charlie Hession qui les rejoint au plateau, nous emmène tout d'abord dans une démonstration de catch ou de lutte romaine. Combat solitaire pour commencer dans cet espace trifrontal au plus proche des spectateurs. Les lumières qui vont éclairer les corps sur la scène sont entre les rangées de spectateurs, en plus des rampes au sol. Le corps chute, et le son de cette chute emplit l'espace de cette église Sankt Jakob, dans la nef de laquelle nous sommes installés. Un comparse complice le rejoint pour une série d'empoignades musclées. Les muscles des corps se bandent, les respirations se font fortes, le troisième comparse relaye celui qui va souffler un peu.
Armour - Arno Ferrera - Gilles Polet - Charlie Hession |
Une chorégraphie de corps en enchevêtrements et en nouages, en empoignades et en bascules, en jetés et en portés, renversés. Le match se transforme graduellement en un ballet de corps plus lisses, plus souples, moins violent, plus dansés. La douceur s'installe, les regards se font aimables, désirables, provoquants aussi quelquefois. Le jeu se calme, la fragilité transparaît, les justaucorps colorés sont défaits, les corps se dénudent, les peaux se frôlent. Des tableaux, figures symboliques, crucifixions et piétas prennent forme pour culminer dans un trio des trois grâces où l'appui se fait dans le string de chacun des trois dans une totale décomplexion, très bien vécue - avec rire et humour - par les spectateur(trice)s.
Armour - Arno Ferrera - Gilles Polet - Charlie Hession |
La question du désir (attrapé par la queue) et de la sexualité évacuée, ils vont s'affubler de noires armures de gladiateurs modernes rembourrées et multiplier les portés et les constructions et empilements variés. Egalement une échappée vers la danse folklorique en rythme sur un air irlandais qui les fait tourner autour de la piste. Puis une parenthèse de douceur, une chanson douce presque chuchotée et à nouveau des portés, des entremêlements de corps. Des surprenantes constructions de corps deviennent une bête curieuse qui se déplace à six pattes et quatre pieds.
Armour - Arno Ferrera - Gilles Polet - Charlie Hession |
Et l'on repart sur une autre direction avec le démantèlement des carapaces, avec plus de douceur et qui tend vers une séquence toute en douceur, à fleur de peau et de sensualité. On pourrait l'imaginer aller un peu plus loin dans le jeu du désir et de la sensualité, mais les mâles préfèrent prendre le chemin de l'humour et de la dérision dans une scène où le chanson d'amour reprise en duo traverse en écho de la bouche au fondement.
Armour - Arno Ferrera - Gilles Polet - Charlie Hession |
On sent une réelle complicité entre les trois protagonistes qui arrivent avec beaucoup de délicatesse ou tantôt de force et d'énergie à déconstruire les schémas habituels de la masculinité et de la virilité. Et le dispositif scénique au plus proche des protagonistes aide bien à se mêler à leurs étreintes partagées. Un moment très fort.
La Fleur du Dimanche
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