jeudi 1 octobre 2020

Musica: Deep Listening à Saint Paul: Laisser Lucier faire une musique d'enfer

 Il n'est jamais trop tard pour rendre hommage ou découvrir un pionnier de la musique minimaliste, même lorsqu'il arrive sur ses 90 années. Musica, en découvreur des "jeunes talents" nous propose deux créations mondiales de ce jeune homme qui a collaboré avec des artistes comme Robert Wilson ou Sol LeWitt dans des installation - il en a fait lui-même - a participé à la Biennale de Venise en 2012 et a été montré et joué dans le monde entier. Nous avions d'ailleurs entendu l'année dernière une de ses oeuvres lors de la soirée inaugurale aux Halles Citadelle (la première!). 

Cette année, dans l'église Saint Paul, temple de la Musique "résonnante", et très justement adaptée à son style, une longue soirée de presque trois heures nous laisse le temps de nous immerger dans son travail décliné pour piano, guitare et violoncelle en interaction avec l'électronique minimale: des ondes qui se rencontrent en créant des variations de résonnance, de hauteur et de volume dans l'immense nef dans laquelle les fidèles auditeurs (presque des disciples pour quelques-uns) se sont rassemblés, soit sur les bancs, soit par terre sur des carrés de mousse, assis ou allongés pour mieux profiter de cette écoute active et profonde: Deep Listening. L'éclairage est à l'avenant pour nous laisser nous concentrer sur la moindre variation et les changements de tonalité de ces ondes qui se marient et mutent, se déplacent à droite, à gauche, en haut, quelquefois à travers le sol.

Musica - Alvin Lucier- Easy Listening - Musics for piano - Photo: lfddune légende


Le concert commence avec Music for Piano with Slow Sweep Pure Wave Oscilator XL (2020) - création mondiale - par un jeu de dialogue entre des notes égrenées au piano qui essaient de trouver des résonnances dans les ondes diffusées. Nicolas Horwath pendant plus d'une heure joue à cache-cache avec les sons, qui interfèrent, se déplacent, créent des harmoniques et, de temps en temps chamboulent tout.

Musica - Alvin Lucier- Easy Listening - Criss-Cross - Photo: lfdd

Musica - Alvin Lucier- Easy Listening - Criss-Cross - Photo: lfdd


En deuxième partie, Criss-Cross (2013) voit les deux guitaristes Stephen O'Malley et Oren Ambarchi sur leurs  guitares à plat créér un son continu qui s'enroule sur lui-même en battements plus ou moins longs, s'étire, prend de la hauteur, ralentit, se superpose à lui-même, se fond et fuit à nouveau.

Musica - Alvin Lucier- Easy Listening - Glacier - Photo: lfdd



Puis, avec Glacier (2012) voit le violoncelliste Charles Curtis, de dos derrière le baptistère tenir pendant un quart d'heure une longue descente continue sur son violoncelle. De la virtuosité intérieure magnifique.

Musica - Alvin Lucier- Easy Listening - V - Photo: lfdd


Pour finir, la création mondiale de (2020) une autre pièce écrite sur la sollicitation des trois interprètes Nicolas Horwath, Stephen O'Malley et Oren Ambarchi voit confrontées leurs vibrations, d'une part cellles mécaniques frottées du violoncelle - qui, de temps en temps fait une pause - avec celles électroniques et pulsées des deux guitares qui se mélangent, fusionnent et font écho, se transforment à leur rencontre.

Un concert en somme où le spectateur est à la fois actif et en même temps totalement relâché, à l’écoute presque dans un état second.

 

Musica - Alvin Lucier- Easy Listening - Photo: lfdd

La Fleur du Dimanche

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