dimanche 5 novembre 2017

Je suis mort... Mais vous allez continuer à me lire parce que je suis éternel... et que j'ai la banane!

Pour le premier novembre, "Toussaint", que l'on confond - ou fond - avec le jour des morts, je vous parlais de fantômes dans mon billet sans paroles "Les Fleurs et les fantômes"..

Aujourd'hui, je vais continuer à vous hanter en vous parlant de la mort... Mais pas tout de suite, un peu plus tard, pour être en accord avec le sujet qui va se découvrir bientôt.

Pour attendre, un ombre de fleur, derrière la sculpture de Picasso "Tête de femme" visible dans l'exposition actuellement au Musée Picasso.


Picasso - Tête de femme et ombre de fleur - Photo: lfdd



Pour vous faire patienter, une chanson de circonstance de Jacques Higelin: "Je suis mort, qui qui dit mieux":




Vous avez deviné, le TVA va traiter de la mort aujourd'hui.


La banane sous la pluie - Photo: lfdd

Dans un premier temps, le rapport "Littérature et mort"

Jean Starobinski nous dit: "Toute littérature suppose la perte de l'objet et son remplacement (je ne dit pas sa représentation) sous les espèces du mot."

Et Jacques Derrida: "A la mort de l'autre, nous sommes voués à la mémoire, et donc à l'intériorisation puisque l'autre, au-dehors de nous, n'est plus rien."

Roland Barthes, de son côté dans le Journal de deuil (concernant sa mère) écrit: "Je vis sans aucun souci de la postérité, aucun désir d'être lu plus tard [...], la parfaite acceptation dde disparaître complètement, aucune envie de "monument" - mais je ne peux pas supporter qu'il en soit ainsi pour mam (peut-être qu'elle n'a pas écrit et que son souvenir dépend entièrment de moi)."  


Philippe Forest, autre écrivain qui écrit autour de la perte de sa fille dit que la littérature: "ne répare rien du désastre de vivre."... et que le geste d'écrire "nous rappelle au rien et nous retient à la vie."

Autre personne - qui ne se qualifie pas d'écrivain - Jean-François Billeter qui a publié les carnets qu'il tenait suite au décès de sa compagne de quarante ans, Wen, dans un petit livre "Une autre Aurélia" écrit, dix jours après sa mort: "La mort n'existe pas. Il n'y a que la vie. Le mal que font tous les autres discours."

Et plus tard: "Mon expérience ne cadrait pas du tout avec les idées convenues qu'on a sur la deuil. C'était plus intéressant que ce qu'on a l'habitude. Il existe, autour de la mort tout un vocabulaire que j'ai récusé: le "décès", la "perte", la "séparation", le "veuvage",... Car ce lexique m'a paru non seulement inadapté pour dire ce que je traversais, mais qui plus est néfaste parce que décourageant."


La banane sous la pluie - Photo: lfdd


Deuxième aspect, l'éternité (ou presque !) qui nous est promise avec les nouveaux outils numériques, réseaux sociaux, intelligence artificielle...

De fait, internet est peuplé de la parole et la présence des morts.
Ne serait-ce que sur Facebook, près de 1% des profils appartiennent à des personnes décédées, ce qui en fait plus de 3 millions et leur nombre continue de croître. Des prospectivistes nous annoncent d'ailleurs plus de morts que de vivants sur Facebookpour la fin du siècle.... C'est déprimant !
Enfin, le profil de personnes décédées sert aussi à garder un contact avec soit la famille, soit les anciens amis et de sauvagarder une communauté.
Mais il arrive aussi (et Facebook l'a prévu) que le "mort" envoie des messages à ses amis ou proches... Même si ce n'est pas un tiers qui gère le compte. Sachez qu'il exite des dispositions pour organiser tout cela (même si ce n'est pas votre préocupation immédiate) et que la "mort numérique" est inscrite dans la loi française depuis le 7 octobre 2016.
Il y a aussi des sites (Eterni.me ou Laviedapres.com After-me.com ou Apreslamort.com) qui permettent de gérer différentes manières cette "résurection". Eterni.me par exemple utilise l'intelligence artificielle pour "construire" l'avatar en se basant sur tous les éléments et les interactions produits par la personne et analysés sur internet pour la cloner le plus finement possible.
D'autres possibilités, plus simples, par exemple envoyer des messages ou des photos à des moments programmés par téléphone ou par mail est également possible. 
Mais comme le dit Tanguy Chatel de l'Observatoire national de fin de vie": "Pendant un temps, les endeuillés savent que la personne est décédée, mais une partie d'eux-même veut crorie qu'elle est encore vivante."  


La banane sous la pluie - Photo: lfdd


Cela nous amène au troisième aspect qui concerne la mort dans l'art contemporain, en particulier avec l'artiste Sophie Calle dont on connait la propension à faire de sa vie une "oeuvre d'art".
Le dernier épisode en date, visible dans son exposition au Musée de la Chasse concerne la mort de son père qui a refusé jusqu'à cet événement de paraître dans l'oeuvre (la mort de la mère, avec son assentiment, ayant été filmée), ce dernier apparaît dans un épisode assez drôle, cet échange téléphonique:





Il faut se rappeler que ses premières photographies étaient des photographies de tombes, à Bolinas, en Californie.

Dernier aspect, La mort dans la chanson, avec deux exemples, le premier, 
c'est Jacques Higelin avec "Je suis mort qui, qui dit mieuxdont vous avez déjà entendu la version disque, et dont je vous offre la version "live":




Je suis mort qui, qui dit mieux 
Ben mon pauv'vieux, voilà aut'chose 
J'suis mort qui, qui dit mieux 
Mort le venin, coupée la rose 
J'ai perdu mon âme en chemin 
Qui qui la r'trouve s'la mette aux choses 
J'ai perdu mon âme en chemin
Qui qui la r'trouve la jette aux chiens.


La banane sous la pluie - Photo: lfdd


Et le deuxième est Charlotte Birkin qui va sortir son disque "Rest" bientôt et sur lequel elle chante à la fois la mort de sa soeur avec la chanson "Kate" et de son père avec "Lying with you". 

Kate - Charlotte Gainsbourg
"Tes cheveux de cendre 
Ton âme trop tendre 
Que rien ne berçait 
Tu disparaissais 
Dressée à l'alcool 
Sans qu'il te console 
Perdue à jamais /
Si seule à t'attendre 
Tiens mon cœur à fendre 
Qu'est-ce que t'en as fait? 
Crois-tu qu'on s'ressemble?
On devait vieillir ensemble.

Le disque est hanté par la mort, et je vous en offre le titre qui donne son nom à l'album : "Rest"





Et quand l'un part et que l'autre reste, cela donne une très belle chanson que je vous offre en point final:




L'un Part, L'autre Reste
Ont-ils oublié leurs promesses ? 
Au moindre rire, au moindre geste 
Les grands amours n'ont plus d'adresse
Quand l'un s'en va et l'autre reste


Bon Dimanche

La Fleur du Dimanche




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