samedi 25 novembre 2017

Les Bas-Fonds au TNS: Touchés !

Gorki est un conteur et ses personnages racontent des histoires, dont certaines que Maxime Gorki lui-même a certainement vécues.
Et dans les Bas-Fonds, adapté et mis en scène par Eric Lacascade, les histoires ne sont pas tristes, enfin façon de parler. 

Nous y côtoyons un univers que l'on ne soupçonne pas à priori et dont surtout, on soupçonne rarement la part de philosophie dont ces êtres laissés pour compte, bannis et rejetés de la société font preuve.


TNS - Les Bas Fonds - Eric Lacascade - Photo: Brigitte Enguerand

La pièce va pendant plus de deux heures, sur un rythme soutenu, nous présenter une galerie de personnages, tous plus hauts en couleur les uns que les autres et qui vont nous parler de la vie et de sa philosophie, de l'homme et de ses motivations, de l'amour et de ses errements, de la sagesse et du pouvoir, de la déchéance et de la rédemption. En résumé, comme le fait dire Gogol par la bouche de Louka, l'étranger, l'envoyé qui ausculte ce petit monde avec un regard d'entomologiste, une distance de philosophe et une sagesse de psychologue: "Je veux savoir comment ça fonctionne un homme".
Le cours du spectacle nous prouvera que la réponse est aussi variée que les hommes (et surtout pas "les gens"), mais qu'elle n'est pas forcément écrite et qu'elle peut se retourner - et elle le fait quelquefois - non pas dans le bon sens, mais que la chute peut être dure et que si on s'élève, elle peut être fatale comme le prouve l'image finale.


TNS - Les Bas Fonds - Eric Lacascade - Photo: Brigitte Enguerand


La force de cette pièce est donc dans le regard décalé et ouvert que l'on peut poser sur notre "humanité" et même si le fond est noir - très noir si on s'en tient au quatrième acte, franchement punk, de garder un peu d'espoir.  Et la mise en scène nous aura fait passer par des surprises et des variations de jeu très diverses. La scénographie et le décor, à priori assez sobre, réussissent également à faire passer l'ambiance de cette histoire pleine de bruit et de fureur.

Eric Lacascade et sa compagnie, une équipe fidèle de comédiens qui travaillent ensemble depuis une dizaine d'année, ainsi qu'un renfort de six jeunes comédiens issus de l'école qu'il dirige à Rennes, nous proposent donc ce théâtre "organique" plutôt que "politique" qui doit nous permettre comme il le dit dans le livret de la pièce jouée jusqu'au 1er décembre au TNS:
"Dans l'état de crise que nous vivons, s'attacher à décrire et à comprendre ces exclus permet aussi de mieux nous comprendre nous-mêmes.


La Fleur du Dimanche


Les Bas-Fonds
TNS -Strasbourg : jusqu'au 1er décembre 2017

Texte Maxime Gorki
Traduction André Markowicz
Adaptation et mise en scène Éric Lacascade

Avec Pénélope Avril, Leslie Bernard, Jérôme Bidaux, Mohamed Bouadla, Laure Catherin, Arnaud Chéron, Arnaud Churin, Murielle Colvez, Christophe Grégoire, Alain d’Haeyer, Stéphane E. Jais, Éric Lacascade, Christelle Legroux, Georges Slowick, Gaëtan Vettier

Collaboration artistique Arnaud Churin
Scénographie Emmanuel Clolus
Lumière Stéphane Babi Aubert
Costumes Axel Aust assisté de Augustin Rolland
Son Marc Bretonnière
Accessoires Angéline Croissant
Maquillage Catherine Saint-Sever
Assistanat à la mise en scène Vanessa Bonnet

Production Théâtre national de Bretagne - Rennes
Coproduction  Compagnie Lacascade, Les Gémeaux - Scène nationale de Sceaux, Théâtre de la Ville - Paris, MC2: Grenoble - Scène nationale, Le Grand T - Théâtre de Loire-Atlantique, Théâtre National de Strasbourg
Avec le soutien de l’ENSAD (École nationale supérieure d’Art dramatique de Montpellier Languedoc-Roussillon)


Spectacle créé le 2 mars 2017 au Théâtre national de Bretagne - Rennes

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