dimanche 23 novembre 2025

Le calendrier 2026 de La Fleur du Dimanche arrive. Il sera chez vous avant Noël

 Ca y est, le Calendrier 2026 de La Fleur du Dimanche est arrivé. 

Sélectionné parmi plus de soixante-dix photos de fleurs soumises à votre jugement, j'ai fait le choix de celles ayant remporté vos suffrages et correspondant aux mois de l'année. Et comme d'autres photos ont également eu un grand succès, j'ai décidé de réaliser un deuxième calendrier et de vous proposer les deux. 

Ainsi, vous n'avez plus à choisir LA fleur qui va illustrer chaque mois, mais LE calendrier qui a votre préférence. Et si les deux vous plaisent, vous pouvez commander tous les deux ou offrir le deuxième à un parent ou un ami proche pour être sûr(e) de voir de temps en temps d'autres fleurs aimées. 


Voilà donc sans tarder le premier choix (le deuxième arrive très vite). 


Calendrier 2026 - Choix 1


Couverture

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Couverture - Photo: Robert Becker

Janvier

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Janvier - Photo: Robert Becker

Février

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Février - Photo: Robert Becker

Mars

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Mars - Photo: Robert Becker

Avril

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Avril - Photo: Robert Becker

Mai 

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Mai - Photo: Robert Becker

Juin

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Juin - Photo: Robert Becker

Juillet

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Juillet - Photo: Robert Becker

Août

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Août - Photo: Robert Becker

Septembre

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Septembre - Photo: Robert Becker

Octobre

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Octobre - Photo: Robert Becker

Novembre

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Novembre - Photo: Robert Becker

Décembre

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Décembre - Photo: Robert Becker



Choix 2  - A venir


Couverture

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Couverture - Photo: Robert Becker


Janvier

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Janvier - Photo: Robert Becker


Février

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Février - Photo: Robert Becker


Mars

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Mars - Photo: Robert Becker


Avril

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Avril - Photo: Robert Becker


Mai 

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Mai - Photo: Robert Becker


Juin

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Juin - Photo: Robert Becker


Juillet

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Juillet V2 - Photo: Robert Becker

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Juillet V3 - Photo: Robert Becker


Août

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Août  - Photo: Robert Becker


Septembre

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Septembre - Photo: Robert Becker


Octobre

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Octobre - Photo: Robert Becker


Novembre

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Novembre - Photo: Robert Becker


Décembre

Calendrier 2026 - La Fleur du Dimanche - Décembre - Photo: Robert Becker



Comme vous avez le choix, c'est à vous de décider: 

1. Du nombre de calendriers

2. De la version. 


Le résultat ? Un colis avec au moins un calendrier et le plaisir de l'accrocher chez vous.

Comment il arrive ? Par la Poste: tarif lettre suivie - livraison possible à Strasbourg et proche.... avec éventuellement un café partagé - c'est plus sympa.

Encore des questions ? Toujours un mail ou un commentaire ci-dessous.

Sinon, merci de compléter le formulaire de demande d'information complémentaire et de commande de votre Version choisie ; V1 ou V2 ou V1 et V2 en précisant derrière la Version le nombre de calendriers - Exemple:  V1 2 cal et V2 1 Cal  


Vive le Calendrier 2026 !


La Fleur du Dimanche

Mon mail: lafleurdudimanche [at] gmail [point] com


Calendrier 2026 de La Fleur du Dimanche : Choix, commande et demande d'information

 

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription est confirmée.

Choix et commande du Calendrier 2026

Inscrivez-vous pour recevoir les informations sur le calendrier de La Fleur du Dimanche et pour connaître les tarifs et les frais d'envoi. 

Vous pouvez voir les deux versions en ligne ici: Calendrier 2026.

Si je ne vous ai pas recontacté, faites un message sur la page du blog.

J'accepte de recevoir vos e-mails et confirme avoir pris connaissance de votre politique de confidentialité et mentions légales.

Nous utilisons Brevo en tant que plateforme marketing. En soumettant ce formulaire, vous reconnaissez que les informations que vous allez fournir seront transmises à Brevo en sa qualité de processeur de données; et ce conformément à ses conditions générales d'utilisation.

vendredi 21 novembre 2025

Souad Asla et Omar Sosa pour la clôture du Festival Jazzdor: La musique et le rythme par delà les frontières et les siècles

 Le Festival Jazzdor clôt sa 40ème édition à la Briqueterie à Schiltigheim avec un concert rempli de chaleur et de rythme. L'occasion pour Vincent Bessière de saluer le travail de programmation de Philippe Ochem et l'engagement de toute l'équipe de Jazzdor et de tous les intermittents et des 53 bénévoles, et d'annoncer à la fois des changements, de nouveaux projets à venir et des fidélités à cultiver. L'occasion aussi pour Nathalie Jampoc Bertrand, l'adjointe à la Culture de Schiltigheim en délégation de la Maire Danielle Dambach, de célébrer la culture et la musique qui contribuent à l'ouverture sur le monde et à la rencontre. 




C'est d'ailleurs lors d'une rencontre, il y a quelques quinze ans lors du Festival Panafricain à Alger, quand Omar Sosa, le célèbre pianiste cubain, a rencontré Souad Asla, qu'est née l'idée de ce concert, Sahravane, un rencontre entre la musique cubaine et jazz dont l'origine remonte aussi en Afrique et ce groupe de femmes Lemma, qu'a rassemblé Souad Asla, la chanteuse du désert. Tout cela a débouché l'année dernière sur ce concert, Sahravane avec le groupe complété par le guitariste hongrois Czaba Palotaï et le percussionniste vénézuélien Gustavo Ovalles, un groupe on ne peut plus cosmopolite.


Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker


Pour commencer, ce sont d'abord les quatre femmes, Aziza Tahri, Mebrouka Brik, Rabia Boughazi et Sabrina Cheddad, encadrant Souad Asla qui vont nous offrir une chanson traditionnelle du désert, suivie d'une autre où les percussions rythment les pulsations presque chamaniques. Des mélodies alternant solo et choeurs reprenant la mélodie de leurs voix profondes, sur des tonalités plus basses.


Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker

Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker

Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker


Arrive Omar Sosa qui fait une introduction légère et virtuose au piano puis qui fusionne avec un air plus sentimental chanté par l'ensemble Lemma (assemblée). Le répertoire de Souad Asla va de ces chansons traditionnelles qu'elle sauve de l'oubli, recollectée dans le désert dans le sud-ouest de l'Algérie, dans la région de la Saoura, et d'autres chansons qu'elle adapte, ainsi que du raï, dont des hommages à Cheikha Rimitti (Mama Raï) et à son répertoire et d'autres qu'elle écrit et qu'elle nous propose tout au long de la soirée.


Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker

Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker


Ce sont des musiques qui nous bercent et nous emportent dans des moments de méditation, presque de transe, ou qui incitent à la danse, ce dont une partie du public ne se prive pas, montant même sur scène à l'exemple d'Omar Sosa qui esquisse quelques figures avec Souad Asla puis avec une spectatrice.


Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker


Les chansons, quelques-unes volées aux hommes (les femmes n'ayant pas le droit de chanter en public), d'autres qui parlent de la famille ou du destin, gagnent une touche de modernité par ce brassage avec le jazz, la guitare flexible et versatile de Csaba Palotaï qui peut sonner comme un oud ou une guitare classique, et qui quelquefois devient électrique ou romantique.


Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker

Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker

Gustavo Ovalles, lui passe sans souci des maracas à la batterie, jongle avec les baguette, les tambours et les djembés ou un grand tambour avec une dextérité inégalée. Il se hasarde même à faire des percussions aquatiques et ruisselantes et à nous conter une petite histoire dans sa langue.


Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker

Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker

De son côté, tel une araignée à six pattes, avec sa barbiche de petit djin diabolique et taquin, Omar Sosa balance entre son piano, son clavier électronique et son synthétiseur. Il enchante les touches, virevolte et s'amuse comme un fou, dialoguant avec Souad et les chanteuses et ses musiciens avec lesquels le courant passe à merveille. Une fusion positive et énergique inonde la  scène et submerge la salle, conquise. 


Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker


Souad Asla s'accompagne d'un guembri (un instrument interdit aux femmes qu'elle a appris à jouer en cachette) et lance un dialogue joyeux avec Omar Sosa qui s'éclate entre son piano, et les nappes de son synthé, arrivant même à faire émerger un air de flûte et, continuant à inscrire dans les corps, avec les percussions diverses jouées par les quatre femmes de Lemma, de belles pulsations.


Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker

Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker

Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker

Ainsi, entre lentes mélopées langoureuses ou rythmes dansants, la soirée s'installe dans une ambiance dépaysante et festive, amenant les percussionnistes à occuper la scène sur laquelle Souad Asla va effectuer une sorte de longue danse de résurrection, émergeant de son voile noir brodé dont elle s'était couvert la tête.


Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker

Souad Asla & Omar Sosa - Sahravane - Jazzdor - La Briqueterie - Photo: Robert Becker


Ainsi s'achève ce voyage entre les chants du désert qui ont rencontré les vagues dansantes du jazz métissé d'Omar Sosa, une rencontre riche et généreuse. La virtuosité du jazzman et de ses compagnons apportant un souffle nouveau à cette culture ancestrale et méditative, les deux styles s'enrichissant dans un dialogue ouvert et fructueux. Et le public est conquis. Un succès mérité.


La Fleur du Dimanche

jeudi 20 novembre 2025

Love Scenes de Tabea Martin au Maillon: La danse en éclats, les fragments à terre

 On peut dire que Tabea Martin est une familière du Maillon, Love Scenes est au moins la quatrième pièce présentée à Strasbourg et l'on se souvient de Forever présenté en 2021. Il n'y a qu'un pas de la mort (et de la résurrection) à l'Amour que la pièce interroge ce soir. Curieusement aussi, alors que le thème de la mort appelait une légèreté en contrepied, la question de l'amour semble être un sujet lourd et déconcertant, sinon franchement angoissant ou destructeur.


Love Scenes - Tabea Martin - Photo: Guillaume Musset


Dès l'entrée en scène nous avons trois personnages hirsutes et placides, perruque et justaucorps noir avec chaussette et gros sabots de la même "couleur", qui attendent, placides et désabusés, on ne sait quoi dans un décor post-apocalyptiques d'anti-réchauffement climatique. Les cerne un univers qui semble fait de blocs de glace dans un monde où le soleil brille sur une enseigne lumineuse. Une sorte de "Music-machine" à cassette va essayer de réchauffer cette atmosphère en diffusant de la scène à la salle des chansons hors d'âge, plus ou moins romantiques ou "peace and love" comme Our house de Crosby, Stills, Nash and Young qui nous fait miroiter un amour domestique près de la cheminée. 


Love Scenes - Tabea Martin - Photo: Guillaume Musset


Mais tout cela ne s'accomplit pas, et débouche sur une série de chutes - et d'interruptions, de cassures - que ce soit au niveau du son et des actions, et même du décor. Là, en guise de coup de foudre, c'est comme un coup de semonce qui fait tomber un gros tas de glace qui se révèle être du béton cellulaire, et qui cache un quatrième larron - ou larronne. Ces blocs de matériau blanc vont inciter à toute une série de séquences de violence destructrice (gratuite?) dont l'ultime, semblable à une excès de colère enfantine, posera le point final de la pièce.


Love Scenes - Tabea Martin - Photo: Guillaume Musset

Entre temps, la question de l'amour, que ce soit sous le versant de l'approche mutuelle, de la séduction, de la passion, de la tentation, de l'expérimentation, sera déclinée sous toutes les coutures, dans des situations domestiques, familières, spéciales, quelquefois presque gymniques ou aérobic frénétique. Dans une mise en scène théâtrale, avec quelquefois des tirades surréalistes ou grotesques, jetant un regard critique ou cynique sur les relations, basculant subitement dans des chorégraphies symboliques, quelquefois débridées et fébriles, prouvant la qualité et la souplesse des interprètes, le récit avance par hoquets et chutes inopinées, ponctué de fragments de chansons rétros (dont Miss you like crazy qui chante la douleur de l'amour). 


Love Scenes - Tabea Martin - Photo: Guillaume Musset


On nous décrit un monde où les humains ne sont plus que des numéros (1,2,3,4) donnant lieu à des discours sans tête ni queue, où les personnages s'adressent à un robot qui décide de leurs actions et où les relations ne sont plus traduites que par des ébauches de gestes stylisés et allégoriques dont on ne s'en sort pas. L'issue n'étant que le recommencement du même, en régression. On aurait aimé une folie plus douce, plus tendre, moins pessimiste, une énergie - que les danseuses et les danseurs, magnifiques, ont à n'en pas douter - plus positive. Mais l'air du temps est au réchauffement - et à des coups de froid inattendus. Et la banquise fond.


La Fleur du dimanche 

mardi 18 novembre 2025

Boat People de Marine Bachelot Nguyen au TNS - La quête des origines ou Soulever la chape du silence

 Marine Bachelot Nguyen est une autrice metteuse en scène franco-vietnamienne qui, dans ses précédentes pièces s'est déjà penchée sur l'histoire du Viêtnam. Elle s'intéresse avec la pièce Boat People, présentée au TNS, à cette période qui marque la fin de la guerre du Viêtnam en 1975. Elle-même a eu ses grands-parents qui ont fui le pays, mais après 1954, à la fin de la guerre d'Indochine. 


TNS - Boat People - Marine Bachelot Nguyen - Photo: Caroline Ablain


La pièce est construite comme un long travelling avant dans l'âme des personnes qui ont vécu cet exode et cette émigration. Pour commencer, en toile de fond une vaste mer dont on entend le bruit des vagues, sert de décor symbolique à quelques "témoignages" vivants d'exilés dans un dispositif original. Successivement, plusieurs personnes font un récit brut, un casque sur les oreilles, parlant français avec leur accent (entre autres un Vietnamien et une Laotienne). On constatera par la suite que ce sont des comédiens, français, mais issus de ces pays. Et ils vont par la suite incarner une famille qui s'appuie sur ces caractéristiques. Ces témoignages, réalisés en 2024, ont servi à poser les bases du récit qui va suivre. La pièce continue à développer le contexte et pose des éléments d'actualité, dont des extraits d'informations télévisées d'époque et les discours, attitudes et réactions de personnalités du monde politique (Sartre, Raymond Aron, Valéry Giscard d'Estaing,..). Sur l'écran de fond de scène arrivent aussi de temps en temps des citations et proverbes caractéristiques de l'âme du pays.


TNS - Boat People - Marine Bachelot Nguyen - Photo: Caroline Ablain


Puis nous basculons dans un intérieur, le salon d'une famille en France profonde. Une couple, Cathy et Michel et leur fils Christian, famille engagée qui accepte d'accueillir et de loger un enfant vietnamien. Cet enfant ne vient pas seul mais avec ses deux parents et c'est l'occasion de d'observer les conséquences de cet engagement et la confrontation de deux statuts et deux cultures dans un presque huis-clos où les échappées viennent de la télévision qui souligne aussi les différences entre ces deux familles. Le lien le plus direct sera, à ce moment-là construit par la figure des deux enfants, avec leur complicité dans les jeux et la naissance d'une amitié, sinon plus. Cette partie de la pièce, plus fictionnelle, permet de rendre compte au plus sensible d'un certain nombre de situations et d'attitudes que peuvent engendrer le choc des cultures et les conditions matérielles de l'accueil de réfugiés. Il faut rappeler (et la pièce le révèle) que plus de 130.000 réfugiés ont été accueillis en France dans plus de 69 Centres provisoires d'hébergement (CPH) disséminés dans une quarantaine de départements, dont certains dans des familles. 


TNS - Boat People - Marine Bachelot Nguyen - Photo: Caroline Ablain


Marine Bachelot Nguyen brosse ainsi un portrait pittoresque et bien observé d'une famille d'anciens communistes, lui devenu courtier en assurances et elle encore catholique, avec en face un couple mixte (vietnamien-laotien), bouddhiste, diplômé, avec une petite fille et un secret. L'opportunité de poser quelques touches féministes (déjà), de révéler les préjugés et les résistances, mais aussi de prouver les chemins que l'on peut faire ensemble et l'ouverture à l'autre possible, bien qu'elle ne soit pas si évidente. On y découvre aussi la loi du silence et le besoin d'éclaircissement, la recherche de la vérité et la peur d'être trompé, en particulier avec le personnage du fils (adoptif, lui aussi, enfant du Biafra, autre point chaud à cette époque). 


TNS - Boat People - Marine Bachelot Nguyen - Photo: Caroline Ablain


Les épisodes où le monde extérieur arrive dans ce microcosme via la télévision sont aussi des moments de mise en lumière de certains procédés, que ce soit l'élection de François Mitterrand et son effet sur les Vietnamiens ou les reportages sur les camps de Pulau Bitong, cette horreur équivalente à Auschwitz avec ses plus de 250.000 réfugiés qui est l'occasion d'une dérisoire mise en scène d'action humanitaire - que ce soit sur le terrain ou en France (même si elle a été utile, mais si infime, et justifiant la bonne conscience occidentale). L'annonce de la mort de Joe Dassin sur une autre île (Papeete) en est un amer contrepoint. Est pointée également la mauvaise foi des décideurs qui favorisent cette immigration qui prend le relais de la précédente (d'Afrique du Nord), avec une population à priori malléable et sous-qualifiée et pour laquelle on ouvre les vannes de la naturalisation. Cette partie de "représentation" arrive à nous dévoiler tout cela sans en avoir l'air et également à nous interroger, tout en nous attachant à ces deux familles. Une bellle symbolique de ce rapprochement est la partie chorégraphiée, où les délicats gestes des main de la danse traditionnelle du pays se fondent et se mélangent avec les figures de danse occidentale.


TNS - Boat People - Marine Bachelot Nguyen - Photo: Caroline Ablain


Un pré-épilogue qui nous projette dans les temps présents - avec un parallèle avec la situation des migrants aujourd'hui - va nous faire sentir que les conséquences de ces situations et le vécu des protagonistes est lourd à porter et que les retrouvailles entre les amis d'hier peuvent avoir une issue déceptive. Mais, pour finir, la représentation prend de la hauteur et change de style. Nous partons dans le symbolique et d'une certaine manière vers le conte, le symbolique avec une très réussie animation en direct où, sur la table familiale qui se transforme en studio d'animation, voguent sur les flots bleus les bateaux qui traversent les années tandis que résonne la chanson nostalgique et symbolique à souhait que chantaient les réfugiés de l'ile de Pulau Bitong pour survivre et essayer de se sauver. Fondu au noir pour clore le voyage et nous laisser nous remémorer ces témoignages. 


TNS - Boat People - Marine Bachelot Nguyen - Photo: Caroline Ablain 


Saluons le formidable travail des comédiens et comédiennes, capable de changer de rôle, d'âge et d'identité et de porter cette histoire que nous a écrit et mis en forme Marine Bachelot Nguyen, une révélation qui nous a fait vivre un grand moment d'émotion et de prise de conscience.


La Fleur du Dimanche 


Boat People


Au TNS du 18 au 28 novembre 2025

[Texte et mise en scène] Marine Bachelot Nguyen

[Avec] Clément Bigot, Charline Grand, Arnold Mensah, Paul Nguyen, Dorothée Saysombat, Angélica Kiyomi Tisseyre-Sékiné

[Assistanat à la mise en scène] Linh Tham
[Scénographie] Kim Lan Nguyen Thi
[Vidéo et régie générale ] Julie Pareau
[Lumière] Alice Gill -Kahn
[Écriture marionnettique] Dorothée Saysombat
[Son] Yohann Gabillard
[Costumes] Laure Fonvieille
[Production] Gabrielle Jarrier
[Administration] Marie Ruillé-Lesauvage

Diffusion En votre compagnie
Presse Maison Message

Production Lumière d’août
Coproduction Le Quartz – Scène nationale de Brest / Mixt – Terrain d’arts en Loire-Atlantique (Nantes) / Théâtre du Nord - CDN Lille Tourcoing Hauts-de / Théâtre de Choisy-le-Roi - Scène Conventionnée d’intérêt national art et création pour la diversité linguistique / Théâtre de Lorient – Centre Dramatique National / Théâtre National de Strasbourg / Scène Nationale de l’Essonne / La Passerelle, Scène Nationale de Saint-Brieuc / Théâtre National de Bretagne, Centre Dramatique National (Rennes)

Autres partenaires Textes en l’air (Saint-Antoine l’Abbaye)

Avec le soutien du Dispositif d’Insertion de l’ÉCOLE DU NORD, financé par le Ministère de la Culture et la Région Hauts-de-France

La compagnie Lumière d’août est conventionnée par le Ministère de la culture Bretagne, et subventionnée par le Conseil Régional de Bretagne, le Département d’Ille, la Ville de Rennes.

Création 7 octobre 2025 au Théâtre du Nord, Lille / Tourcoing