mardi 5 décembre 2023

Chopinot à Pôle Sud avec "top": en route vers les sommets

 Pour Régine Chopinot, la danse est un acte révolutionnaire pour célébrer la vie, à partager sans modération, la preuve, l'envahissement du plateau à la fin du spectacle pour un bis où la moitié de la salle de Pôle Sud se retrouve sur scène à communier avec les musiciens, les danseurs et les autres spectateurs dans un acmé généreux et jubilatoire.


Régine Chopinot - top - Photo: Vincent Lappartient


Pour y arriver, il faut d'abord attendre, quelquefois rester immobile pour sentir la différence entre le corps immobile et le mouvement, entre le silence et la musique. Cela commence donc ainsi, les sept danseuses et danseurs, attendant, collés au mur du fond de scène une écoute de la part des spectateurs. Ecoute intensifiée par une discrète frappe sur la cymbale par le batteur, qui, après un nouveau silence, incrémente, à deux, trois, quatre, cinq, dix frappes avant de se lancer dans un premier solo qui fait, lui, bouger, discrètement aussi, puis plus visiblement les danseurs. Des ombres de mains, rouges, sur le poteau découpé en rouge, qui volètent et s'élèvent, preuve que la petite troupe et sa chorégraphe sont aussi à l'écoute de l'espace et du lieu. Car la pièce, à forme et format, et équipe et titre variable, est bien la preuve que les choses figées ne sont pas du goût de la chorégraphe. 


Régine Chopinot - top - Photo: Vincent Lappartient


Ainsi sa troupe montre une belle diversité de taille, de style, d'origine et de couleur de peau, qui apporte un beau mélange autant dans la danse que dans le mouvement. Les costumes aussi sont variés et, entre la short, la robe rouge ou la jupe blanche, chacune et chacun est dans son individualité. Cela n'empêche qu'il y a une belle écoute et une humanité, une sensibilité aux autres que l'on sent bien. Et que l'on retrouve dans les rencontres, les mouvements d'ensemble, les duos et triple duos, entrecoupés de morceaux de bravoure où l'une expose son agilité des pieds, l'autre ses magnifiques sauts ou ses ondulations serpentines des bras, ou une autre encore sa fragilité dans une fragile course sans fin. Grâce aux deux musiciens, Vincent Kreyde à la batterie qui insuffle le rythme et l'énergie et Nico Morcillo à la guitare qui amène quelques notes suspendues ou des airs plus dansants ou électriques, soutenu par la force de frappe de Vincent, le spectacle balance entre douceur et vigueur, passant d'une minimaliste bascule du bassin à des danses plus emportées, entre danses folkloriques réinterprétées, traversées variables et inventives du plateau - avec une magnifique course en arrière également ou battements des pieds ou des mains. L'occasion de sortir les spectateurs de leur contemplation et de les impliquer activement dans l'action. 


Régine Chopinot - top - Photo: Vincent Lappartient


Dans un autre tableau où l'on entend le bruit de la mer et où les danseurs ont chaud, nous assistons à une petite procession qui nous fait penser à la tribu Mammame (clin d'oeil à Gallotta ?) qui se serait perdu sur une île déserte (Ulysse?) un peu plus mimodramatique avec des tableau vivants, des montagnes humaines qui guettent au loin ce qu'ils cherchaient auparavant en l'air de leur mimiques inquiètes. Et tout cela pour déboucher sur une fausse fin qui surprend les spectateurs ravis, et leur donne l'énergie de monter aux aussi sur scène après la présentation respectueuse par Régine Chopinot de sa petite troupe très méritante. Et c'est donc la révolution de plateau !


Régine Chopinot - top - Photo: lfdd


La Fleur du Dimanche

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