vendredi 20 janvier 2023

Soa Ratsifandrihana avec G R OO V E à Pôle Sud: tout prend corps

 La danse, qu'est-ce ? C'est d'abord un corps. Un corps qui bouge, mais comment ? Bouger en le sentant, en ayant toutes les sensations, sensations à l'intérieur et qui se concrétisent par des gestes, des mouvements. Des mouvements dans l'espace, un espace à habiter, à occuper, à sentir, du plus profond de soi vers le dehors. Et aussi un rythme, une musique. Une musique intérieure ou intériorisée et qui diffuse dans l'espace par le biais de ce corps qui, en totale union avec ce rythme intérieur fait un tout avec l'espace, l'habite, l'occupe, fait corps avec lui. Cet accord, cette unité, cette symbiose, la danseuse et chorégraphe Soa Ratsifandrihana la maîtrise totalement, la porte en elle et la partage avec son public. Parce qu'effectivement il faut pouvoir transmettre ces sensations, cet état d'esprit et de corps dans un spectacle. 


Soa Ratsifandrihana - GROOVE - Photo: Lara Gasparotto


Avec G R OO V E  qu'elle nous présente à Pôle Sud dans la cadre du Festival l'Année commence avec Elles (voir le précédent billet et ceux à venir), ce qui est un état d'esprit, une "science sans manuel, ni formule" et qui au départ, en jazz signifie "dans le rythme, dans la note" devient un état intérieur qu'elle arrive à partager avec nous, à nous transmettre pour que nous l'emmenions avec nous, dans la tête, dans le corps, à la fin de son spectacle. Et elle y arrive à la fin d'un processus magique dont nous sortons surpris et transformés. C'est tout en finesse et en délicatesse par un lent processus sur cette scène entourée des quatre côtés par les spectateurs tout proches, dans cette proximité qui nous implique toutes et tous. Elle démarre dans le noir, au bord, à un bout. On la devine à peine se pliant, se courbant, se baissant pour arriver au sol et s'y ancrer, à genoux, puis à quatre pattes et enfin à terre, unie, plaquée au sol. 


Soa Ratsifandrihana - GROOVE - Photo: Lara Gasparotto


Elle glisse lentement vers le centre de la scène, puis vers la diagonale opposée, tournant sur elle-même, son corps généreux et concentré prend l'énergie et la déploie en se bandant. Elle trace les limites de son territoire en gestes économes et puissants. La lumière monte doucement et découvre son corps vêtu d'un ensemble jupette-short brun avec des épaulettes qui lui donnent encore plus de cette force qu'on imagine tendue à l'intérieur et qu'elle déploie. La lumière tourne avec elle dans ce tour de piste carrée où elle trace son territoire en virevoltant doucement, accroupie, pour l'occuper pleinement. 


Soa Ratsifandrihana - GROOVE - Photo: Lara Gasparotto


Des bips et des bruitages émergent du silence, la font se redresser avec des mouvements mécaniques de robot et, plus tard, alors qu'elle est debout, un battement l'amène à des pas de danse solitaires. Otant sa veste, elle découvre un maillot doré avec une moitié couverte de fleurs. Les battement s'additionnant amènent un rythme qui l'immergent totalement dans la danse. On la sent heureuse, elle se chante ses chansons dans sa tête et un rythme syncopé agréable et entêtant lui font déployer ses gestes graciles et généreux, totalement maîtrisés. Elle passe par une danse désarticulée, une ronde à la derviche tourneur extatique pour revenir à une danse de plus en plus intériorisée qu'elle nous a également transmise. Objectif atteint, elle peut sortir de scène, le groove, nous l'avons aussi et la danse nous la voyons aussi dans notre tête. Elle continue doucement.


TEASER | g r oo v e - Soa Ratsifandrihana 


La Fleur du Dimanche  

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