vendredi 27 janvier 2023

Rain de Meytal Blanaru à Pôle Sud: La face cachée de la souffrance - danse intérieure

 Pour continuer avec le festival "L'année commence avec elles", à Pôle Sud,  Meytal Blanaru nous propose en début de soirée Rain, un solo de 25 minutes, court mais dense. Un vrai coup de poing qui nous laisse sans souffle, sans voix.


Rain - Meytal Blanaru - Photo: Pierre Planchenaut


La danseuse née en Israël qui se tenait contre un mur pendant que le public entrait dans le "Studio", plateau nu, s'avance au milieu de la salle et fait face au public. Un visage sérieux et fermé. Après un court moment d'immobilité, elle remonte lentement sa main droite sur sa hanche, puis toujours lentement, sa main gauche vers son genoux. Elle se courbe, avance son épaule qui se dénude. Elle esquisse quelques gestes symboliques de séduction alors que son regard reste aux aguets, inquiet. Elle se retourne, s'agenouille à terre et prend des pause qui sont comme des clichés de mode, de charme. Les doigts de sa main droite frétillent, décontractés. 


Rain - Meytal Blanaru - Photo: Pierre Planchenaut


A nouveau elle est debout et esquisse une danse déhanché très lente et retenue puis un salut militaire, la main sur le front. Debout dans son pantalon de cuir noir et sa blouse rayée en biais noir et vert, elle bouge lentement au rythme d'une percussion de basse qui bat un rythme lourd soutenant des variations à la guitare plus légères et quelques accords de basse en réverbération. Elle accompagne quelquefois la musique d'un balancement de la main ou du corps qui se désaxe, semble souffrir, secoué, violenté, bousculé et poussé à terre. 


Rain - Meytal Blanaru - Photo: Pierre Planchenaut


Soudain la musique s'arrête, laissant l'espace à la vision de cette violence. Dans un ultime sursaut de d'assujettissement, sa tête est plaquée au sol. Le corps éreinté, exténué, subit cette force extérieure, longtemps. Puis tente de se ressaisir, se relever. La musique revient, plus doucement, lancinante, mélancolique.  Le battement rythmique disparaît. Une profonde tristesse noie le visage de l'interprète. Des gestes ondulants de la main essayent de rassembler l'espace, le corps épars. 

Silence.


La Fleur du Dimanche


Festival "L'année commence avec elles", du 12 au 28 janvier - les billets:


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