Avec la Symphonie tombée du ciel présentée au TNS nous avons affaire aux quatre Mousquetaires Samuel Achache, Florent Huber, Eve Risser et Antonin Tri Hoang dont nous avions déjà pu apprécier les aventures lors de Musica en 2022 avec l'Orchestre la Sourde pour le Concerto pour piano et orchestre et au TNS cette année avec l'iconoclaste Sans Tambour de Samuel Achache. Et nous sommes curieux de voir comment ils vont traiter les "miracles" puisque c'est le sujet annoncé de la pièce.
La Symphonie tombée du ciel - la Sourde - Photo: Joseph Banderet |
Les miracles ne coulent pas de sources évidentes, mais quand cette source est sonore et que par miracle elle se dilue dans la musique, c'est une belle surprise. Nous sommes bien sûr surpris par la scénographie et le début du concert, où nous assistons à une très belle ouverture symphonique par cet Orchestre de la Sourde avec ces quinze musiciens dirigés par Eve Risser dont la veste de chef est parsemée de sortes d'ex-votos. Les musiciens sont disposés sur la scène, les cordes plutôt à l'avant et à jardin et les vents plutôt à cour un peu en arrière autour d'une tour, presqu'une éolienne mais qui porte des haut-parleurs pavillons un peu vintage.
La Symphonie tombée du ciel - la Sourde - Photo: Joseph Banderet |
Après un démarrage à l'unisson, les airs passent d'un instrumentiste à l'autre puis en variations et ce n'est que lorsque la chef s'assied au piano que coule de source sonore ronde - de très beaux objets, des sphères parsemées de petites bosses - que commence un dialogue entres ces enceintes qui accouchent, parfois difficilement: l'on est en voiture et la transmission n'est pas bonne, en tout cas pas assez pour le dialogue et l'on coupe non pas le cordon mais la communication.
La Symphonie tombée du ciel - la Sourde - Photo: Joseph Banderet |
Apparemment donc le théâtre sera plutôt un dialogue de sphères, chacune différenciée, disposée à différents endroits de la scène, et qui vont même bouger, se déplacer, se faire mettre à l'avant-scène pour une des histoires de miracle qui concerne une ascension tout en haut d'une montagne à priori près de Naples. Tout cela après quelques témoignages et considérations sur les miracles de différents ordres et dont les récits vont s'immiscer subrepticement, puis de manière beaucoup plus appuyée, dans la musique. La composition musicale est d'ailleurs très riche, variée et changeante. L'on varie d'une forme assez classique contemporaine vers des aspect lorgnant du côté des fanfares, du jazz big band ou même un peu plus débridé et free.
La Symphonie tombée du ciel - la Sourde - Photo: Joseph Banderet |
La collaboration entre les trois compositeurs/trice nous propose ici une expérience musicale très originale et de dimensions variables. L'interprétation de ce petit collectif bien rodé nous enchante en nous présentant quelques tableaux sonores à géométrie variable, quelquefois tendre, quelquefois dynamique, mais toujours touchants. Et les démonstrations sonores de la transformation de la voix en notes et mélodies nous font écouter différemment ces flots de paroles qui ne sont pas incarnées par des acteurs.
La Symphonie tombée du ciel - la Sourde - Photo: Joseph Banderet |
La mise en scène et la dramaturgie de Samuel Achache n'est pas exempte de théâtralité et, justement, le théâtre fait irruption sur scène d'un coup, avec le dernier témoignage d'un "miracle" lors d'une montée en tension - en parallèle avec une autre ascension - suivi d'une chute et d'une résurrection symbolique. Un vrai miracle ! Nécessaire pour équilibrer le précédent qui malheureusement ne se produit pas. On pourrait même dire que pour cette pièce le miracle serait cette transformation de la parole en musique, que nous voyons bien sûr sur scène, mais surtout nous l'entendons et nous ne pouvons qu'en croire nos oreilles.
La Fleur du Dimanche
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