C'est pour une re-visite de grands noms ou plutôt de disques emblématiques que la version décentralisée ou plutôt recentralisée à la Salle du Cercle à Bischheim d'un concert de Rodolphe Burger et Sarah Murcia nous accueille dans cette salle au nord de Strasbourg, la salle du Cercle à Bischheim.
Sara Murcia - Fanny de Chaillé - Transformé - Photo: Robert Becker |
C'est un événement rare et le concert affichait complet. Les fans de la première heure de Burger, peut-être même de l'époque Kat Onoma, se sont pressés pour ce concert debout, où l'on pouvait même balancer au rythme des synthés. En première partie, c'est une relecture originale de Transformer de Lou Reed, qui revient en "Tansformé" sous la langue virtuose de Fanny de Chaillé et personnifié pour une interview drolatique par une Sarah Murcia placide sinon hébétée en Lou Reed. L'on y découvre la poésie totalement surréaliste (ou domestique ?) de Lou Reed, icone de la pop qu'Andy Warholl avait soutenu à l'époque. Bien sûr Sarah Murcia à la contrebasse et au chant, mais aussi aux bruitages, percussions, cris, soupirs et boucles nous sert une version minimaliste des morceaux que contient le disque de Lou Reed. Et c'est un plaisir et un bonheur. Les morceaux sont là, reconnaissables ou un peu transformés, traités avec imagination ou nous rappelant les tubes, dont Vicious, Perfect Day, Walk on the wild side ou Satellite of love.
Sara Murcia - Fanny de Chaillé - Transformé - Photo: Robert Becker |
Quelques duos avec Fanny de Chaillé sont très drôles avec des ritournelles à tiroir et le sommet de l'humour placide est effectivement atteint dans une interview dans laquelle Sara en Lou est naturellement "barrée" comme Lou Reed qui avoue qu'il n'a pas besoin de drogue (qu'il "ne prend pas" d'ailleurs, même s'il "dépense tout son argent là-dedans") pour être "ailleurs". Et l'on s'en rend compte avec les textes que Fanny de Chaillé nous dit entre ou sur les chansons et dont on découvre là tout un mystère, appuyé par les mimiques ou les commentaires sur le texte en direct. Un moment mémorable.
Sara Murcia - Fanny de Chaillé - Transformé - Photo: Robert Becker |
La musique est reine, Sarah nous la fait entendre dans toute sa simplicité et la prise de conscience du texte (et sa traduction) apporte une touche surréaliste à ce disque pré-punk, problématique à l'époque, le deuxième en solo de Lou Reed produit avec David Bowie, mais un succès, encore augmenté après la mort du chanteur. La complicité entre Sara Murcia et Fanny de Chaillé qui avaient créé cet OVNI en 2021 à Bordeaux est plaisante dans un acoquinement de connivence qui déborde même dans la salle. Une très belle expérience autant dans la musique originale ainsi créé, que dans la lecture nouvelle proposée. Le public est conquis.
Sara Murcia - Fanny de Chaillé - Transformé - Photo: Robert Becker |
Rodolphe Burger - Radio Activity
Julien Perraudeau - Rodolphe Burger - Radio Activity - Photo: Robert Becker |
Julien Perraudeau - Rodolphe Burger - Radio Activity - Photo: Robert Becker |
Et pour la deuxième partie, le maître de séance Rodolphe Burger continue de maintenir l'empathie du public en trônant cérémonieusement à sa table, entouré de son ordinateur et de quelques boîtes de bruitages et ceignant quelquefois sa guitare pour en tirer de magnifiques mélodie ou quelques rifs, saturations et distorsions.
Julien Perraudeau - Rodolphe Burger - Radio Activity - Photo: Robert Becker |
Son compère Julien Perraudeau, magistral et distingué, costume cravate et gilet debout de circonstance, devant son clavier blanc, nous rejoue la musique minimaliste du groupe emblématique, refaisant le duo Ralf et Florian des années 70 Ils nous distillent cette musique electro-pop minimaliste, ce KrautRock de l'époque.
Julien Perraudeau - Rodolphe Burger - Radio Activity - Photo: Robert Becker |
C'est à une re-visitation du deuxième album du groupe, Radio Activity que nous allons assister. Le disque d'origine de 1975, prémonitoire d'une certain manière, sera "augmenté" de quelques extraits sonores d'actualité de l'année 1986 au moment de la catastrophe de Tchernobyl (dont quelques réponses totalement extraordinaires que les autorités ont distillées à l'époque pour cacher la réalité du danger et tromper la population: "mangez des épinard" et "il y a toujours une radioactivité naturelle").
Julien Perraudeau - Rodolphe Burger - Radio Activity - Photo: Robert Becker |
Mais l'esprit du groupe de Düsseldorf y est, avec leurs bruitages, les mélodies électroniques, le vocodeur que Rodolphe maîtrise superbement sur quelques titres. De même que les effets spéciaux vocaux et bien sûr la langue du groupe, l'allemand, ce qui n'est plus une surprise, connaissant Eisbär (avec Eicher) et bien sûr le tube Radio Activity qu'il avait déjà repris dans les années 2010, bien avant ce projet de réactivation du disque de Kraftwerk.
Julien Perraudeau - Rodolphe Burger - Radio Activity - Photo: Robert Becker |
Nous avons donc droit à des versions plus ou moins modernisées de Radioland, Airwaves, Intermission, Radio Stars, Uranium, Transistor, entre autres et une version impressionnante de The Voice of Energy qui pourrait caractériser Rodolphe Burger. Sa voix qui peut être très grave et qui fait tout son charme et son charisme. En tout cas c'est ce qui touche son public et qui fait aussi son succès.
Julien Perraudeau - Rodolphe Burger - Radio Activity - Photo: Robert Becker |
Et l'on se laisse bercer pour une dernière danse par ce ce héros de la Dernière Bande (son Label). On en ressort heureux et content. On n'a pas assisté aux grands moyens du groupe Kraftwerk mais on était au plus intime dans le relation avec les deux musiciens qui nous ont emmenés dans un voyage sidéral et sidérant, entre danger et chaleur dans un petit cercle de convaincu et de curieux pour cette expérience unique et très sympathique, en toute simplicité et décontraction. Et l'on n'a pu que constater que Burger est toujours un grand bonhomme.
La Fleur du Dimanche
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire