vendredi 17 décembre 2021

Tim Echels au Centre Pompidou pour le Festival d'Automne: Heartbreaking Final, une pensée cathartique en musique

 Pour le Festival d'Automne à Paris, Tim Etchells ne présente pas moins de sept spectacles dans quatre lieux à Paris: le Théâtre de la Ville aux Abbesses, et à l'Espace Cardin, le Théâtre de la Bastille, et le Centre Pompidou. Et les pièces se rapportent soit à Shakespeare, aux mille et une Nuits, à Agotha Kristof ou tout simplement à la magie du théâtre et de la performance. Ce qu'est d'ailleurs Tim Etchells, un écrivain, mais aussi artiste et performeur anglais qui a créé sa troupe Forced Entertainment qui fait du théâtre moderne depuis 1984. 

Centre Pompidou - Tim Etchells - Qu'y a-t-il entre nous - Photo: lfdd


D'ailleurs, son installation en néon rouge de quarante-trois mètres de long et trois mètres de haut "Qu'y a-t-il entre nous" qui nous interroge sur notre relation aux autres, mais aussi à ce bâtiment tout autant qu'à la société, au monde, à ce qui nous lie et nous disjoint, nous unit et nous sépare. En tout cas qui nous incite à ne pas passer sans nous remettre en question sur nous, nos projets, nos relations, en tout cas c'est l'objectif: nos rendre attentif.


Festival d'Automne - Tim Etchells - Heartbreaking Final - Photo: lfdd


Pour ce qui est du spectacle, "Heartbreaking Final", nous sommes emmenés dans un flot de mots, de paroles et de musique. Le flot commence doucement avec Tim Etchells et la voix posée et féminine de Nicki Hobday et va se conjuguer en flux scandé et en supperposition en écho avec John Rowley, en décalage ou en en canon alors qu'au violon Aisha Orazbayeva triture les notes et installe une atmosphère entre l'incantation et l'hypnose. Le texte, répétitions ou énumérations d'états, de sentiments de gestes et d'actions quotidiennes - qui commence par "I am..." continue par "I have.." puis des actions, des situations, des constatations dur des lieux ou des idées aboutit au bout d'une heure qui ne nous laisse aucun répit à une mélopée dans laquelle on se laisse enfermer et bercer tout en s'interrogeant également soi-même sur ce qu'on pourrait bien faire ou penser également. Le tout s'achève, et c'est une vraie performance d'acteur par la précision musicale de cette énumération par une montée en puissance et en force, d'une certaine violence par la constatation qui surmonte en lettre de néon la scène, le titre de la pièce "Heartbreaking Final":

"I am thinking, I am trying to think, I am holding my breath, I am thinking of the past, I am waiting, I am looking ahead, I am looking back, I am testing myself, I am sitting, I am trying to stay calm, I am dreaming of the future, I am holding things steady, I am holding back my tears, I am hesitating, I am sleeping at night, I am sleeping in the daytime, I am watching the rain, I am shadows on the buildings, I am sunlight on glass, I am the sound of birds reflected off a concrete wall, I am condensation on a mirror, I am fingers moving on skin, I am ice melting, I am footsteps, I am chemical reactions. I am trying to break your heart, I am trying to break. I am trying, I am trying to break your heart, I am trying to break your heart, I am trying to break your heart, To break your hart, Try to break your heart, Break your heart, Your hart is broken."

"J'ai peur. je suis désolé. Je réfléchis. J'essaie de réfléchir. Je tiens le coup;
...
...
et des questions sans réponse
...
et des façons de mesurer le temps
et quel genre d'objet est le soleil?
et quel genre d'objet est le soleil?
et quel genre d'objet est le soleil?
et quel genre d'objet est le soleil?
et laisse-moi tomber
et remonte-moi..
...
...
J'essaie de te briser le coeur
Te briser le coeur
Ton coeur est brisé."

Festival d'Automne - Tim Etchells - Heartbreaking Final - Photo: lfdd


Cet ensemble texte et musique est un vrai plaisir, une expérience musicale et théâtrale unique qui interroge nos habitudes et en même temps une vraie découverte. Un magnifique travail à la fois d'interprétations de ce texte fleuve scandé - et presque chanté comme une partition et cet accompagnement musical très original et décoiffant. Une belle réussite.


La Fleur du Dimanche


Texte et mise en scène, Tim Etchells
Avec Tim Etchells, John Rowley et Nicki Hobday, et au violon Angharad Davis et Aisha Orazbayeva
Musique, Aisha Orazbayeva
Les Spectacles vivants – Centre Pompidou et le Festival d’Automne à Paris présentent ce spectacle en coréalisation.
Production Forced Entertainment
Coproduction Wiener Festwochen
Coréalisation Les Spectacles vivants – Centre Pompidou (Paris); Festival d’Automne à Paris

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