Le colonel des zouaves - TNS - Photo: Victor Pascal |
Le Colonel des Zouaves fut au moment de sa création une surprise scénique et une petite révolution du fait de l’utilisation des micros et du travail du son qui n’était pas habituels à l’époque au théâtre. Le parti-pris de scénographie et de jeu, et surtout la « chorégraphie » inspirée – dans les deux sens du terme - par Odile Duboc ont amené un choc immobile aux spectateurs de l’époque (si les spectateurs qui l’ont vu au Maillon à Strasbourg, ou ailleurs, s’en souviennent encore).
Le colonel des zouaves - TNS - Photo: Victor Pascal |
La scénographie à l’Espace Grüber du TNS est fidèle à cette création – même dispositif que l’on a un peu "élargi" et à qui on a donné une profondeur scopique avec un mur-écran réfléchissant en fond de scène. La "chorégraphie" minimaliste de la pièce d’origine a pris un peu d’ampleur tout en gardant l’esprit du "mouvement" insufflé par Odile Duboc. Le jeu et la diction, ont pris de la puissance, les textes sont plus lisibles, plus démonstratifs et les effets de lumière nous font voyager dans les différents univers décrits dans cette histoire millefeuille d’Olivier Cadiot qui malaxent des souvenirs d’un majordome, à la fois en situation professionnelle – magnifiquement "incarné" et "bougé" par Laurent Poitrenaux, qui se transforme en coureur de fond ou en espion ou ancien militaire, en dragueur et qui rapetisse ou grandit sous nos yeux éberlués.
Le colonel des zouaves - TNS - Photo: Victor Pascal |
Ces multiples couches de langage, une vraie féérie de récit, magnifiquement jouées par l’acteur dont arrive à oublier la performance, tant elle est magnifiée, triturée et jetée dans l’espace par le travail "musical" du son et soulignée – ou brisée par les effets d’éclairage, nous laissent pantois en sortant de cette heure et demie où, en totale symbiose avec l’acteur, nous avons oublié de respirer, tant nous étions accrochés à ses lèvres et noué à son corps dans une étreinte presqu’amoureuse. Nous y avons vécu des dizaines de vies et fait connaissance de mille éclats de réalité.
La Fleur du Dimanche
Le Colonel des Zouaves
TNS Strasbourg
Jusqu'au 24 mai 2019 20:00
Texte Olivier Cadiot
Mise en scène et scénographie Ludovic Lagarde
Avec Laurent Poitrenaux
Musique Gilles Grand
Lumière Sébastien Michaud
Costumes Virginie et Jean-Jacques Weil
Avec la participation artistique de Odile Duboc
Coproduction CDDB Théâtre de Lorient – Centre dramatique national, Le Carreau – Scène nationale de Forbach
Avec le soutien de La Comédie de Reims – Centre dramatique national
Spectacle créé le 6 mai 1997 au CDDB – Théâtre de Lorient
Laurent Poitrenaux est acteur associé au TNS
Le texte est publié aux éditions P.O.L.
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