dimanche 14 octobre 2018

Des fous, j'ouvre la danse... et jamais je ne lis

En juin dernier, je vous avais parlé de Marie Frering, de son Heure du Poltron et de son précédent livre "Les souliers rouges" qui, dans sa langue inventive nous racontait l'épisode des danseurs fous de Strasbourg. 
L'actualité me permet d'en reparler.


Fleurs folles - Crète 2018 - Photo: lfdd

Effectivement, une exposition au Musée de l'Oeuvre Notre-Dame à Strasbourg débute le 16 octobre "1518 la Fièvre de la Danse" et traite de cet événement* de juillet 1518 où, pendant des semaines, de plus en plus de passants se sont mis à danser à côté de la cathédrale de Strasbourg. 
Et, en complément, un événement performance pilotée par Pôle Sud et le Cira et sous la houlette de Mark Thompkins, Rodolphe Burger, Philippe Poirier et la compagnie Dégadézo va faire danser comme des fous de nombreuses personnes pendant 3 heures le 19 octobre pour "La Fièvre de la Danse".

Pour en revenir à Marie Frering**, son livre nous en parle de l'intérieur et de l'extérieur. C'est un voyage aux tréfonds de l'Alsace de l'époque avec une découverte intime de la vie quotidienne des paysans et citadins, comme si vous y étiez, un vrai suspense policier. Et en même temps c'est une mine linguistique qui nous plonge dans le passé à la découverte d'une langue inventive et inventée mais qui sonne vrai.
Je ne vous cite que l'exemple du boeuf de Karli "qu'il appelait armoire-de-poils-de-cul-à-corne-de-hérisson-en-rut, ce qui, vite dit, donnait: horrigerarschkaschtemetsoieegelaufbrunfkerner. La langue était la seule chose non taxée, la longueur des mots ne coutait rien!"   
Et voilà comme elle décrit l'effet de cette danse sur un témoin de choix, Gerson: 
"D'aucuns avaient le pied en sang, et Gerson voulut écrire à maître Dürer, mais la plume agitée poulopait toute seule à délinéamenter les figures effervescentes de l'étrange danse à laquelle il avait assisté. Le lever du jour le trouva endormi à sa table, des dizaines de croquis jonchant le sol.
Quelques jours plus tôt, Frau Troffea avait eu dispute avec son mari qui voulait civet de lièvre et avait recraché le gruau quotidien au visage de sa femme. "Et avec quel argent avictuaiellerais-tu encore la maisonnée? lui avait crié sa commère, la seule épaisse venaison que je puisse t'apprêter c'est une fricassée de dettes, et le dernier schilling tu l'as engorgé avec des pots de bière ! Va-t'en donc te faire moine, t'auras meilleure bectance!" Le mari n'eut pas le temps de se lever pour l'embourrer de coups que Frau Tropffea avait claqué l'huis et était partie dans la rue où elle dansa de colère et de faim, l'estomac vide."

Pour conclure en musique, trois extraits, le premier de Sarah Murcia (avec Mark Tompkins) : Never mind the Future


Never Mind The future from Bonlieu Scène nationale Annecy on Vimeo.


Version deux (attention les oreilles) la version de la Filature


NEVER MIND THE FUTURE by Sarah Murcia @La Filature from La Filature on Vimeo.


Enfin un film "Song and Dance" pour mieux découvrir le travail de Mark Tompkins


SONG AND DANCE - 2003 from mark tompkins on Vimeo.


Et pour changer - et rester dans le souvenir de Musica qui vient de s'achever - et qui a rendu un hommage à Frank Zappa, "Dancing Fool"



Bon Dimanche

La Fleur du Dimanche

* autre livre qui parle de cette "fièvre dansante", 
Les danseurs fous de Strasbourg. Une épidémie de transe collective en 1518 de John Waller aux éditions de la Nuée Bleue.

** le deuxième livre de Marie Frering dont je vous avais parlé, L'heure du Poltron est un recueil de dix nouvelles, qui toutes présentent es personages originaux, aux quatres coins du monde, souvent dans une dualité intéressante et une écriture et un style varié. Il a reçu le prix Boccace 2018 du recueil des nouvelles.

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