mardi 19 septembre 2017

Tarkovski, le corps du poète au TNS: Andreï et les sept films

On n'arrête pas le cinéma au TNS, après Duras et son Camion (voir le billet du 12 septembre: "Le Camion au TNS: Arrêter le cinéma"), une nouvelle production interroge la destinée d'Andreï Tarkovki, autre géant du cinéma qui en mourant à 54 ans à Paris, n'a réalisé que sept films - mais quels films!

La pièce de Simon Delétang "Tarkovski, le corps du poète" à travers un triptyque va nous permettre de mieux cerner la vie et l'oeuvre de cet énorme cinéaste, un peu à part, il est vrai, dans l'histoire du cinéma.

Pour vraiment nous mettre dans le bain, la pièce commence par une conférence - en russe, s'il vous plait par Pauline Panassenko qui a d'autres atout encore qu'elle va nous dévoiler tout au long de la pièces) - sur le cinéaste, son oeuvre, sa carrière, vus par le biais du critique et écrivain Antoine de Baecque. Le portrait "à charge" va nous remettre quelques idées en place, autant sur l'importance et la qualité du cinéaste, que sur son caractère et ses déboires avec son pays d'origine, la Russie.




Et nous sommes prêts à re-vivre avec Andreï Tarkovski sa vie, ses rêves, ses films, au saut de son lit de mort d'où il sort stupéfait et émouvant. Stanislas Nordey nous en transmet toute la tension intérieure en même temps que sa démarche qui semble glisser dans ce décor sobre qui sera traversé par des rêves et des scènes de film -  Le Sacrifice, Nostalghia et Stalker où deux personnages étranges (Jean-Yves Ruf imposant et hiératique dans sa présence et Thierry Gibault versatile et lutin) errent autour de "la zone". D'autres "visiteurs" plus ou moins réel: sa mère, sa femme, des spectateurs et des critiques, des journalistes vont solliciter les souvenirs ou la réactivation d'événements oniriques ou bien réels en brossant par touches délicates un univers en symbiose avec la nature, le temps et le divin.


Tarkovski - Simon Deletang TNS - Photo : Jean-Louis Fernandez


Après cette deuxième partie dans un noir et blanc cinématographique, la troisième partie s'éclaire du visage serein de la Madone del Parto de Pierre della Francesca dont la beauté en écho à la mère (la douce et délicate Hélène Alexandridis) sera le décor d'un beau poème écrit pour la pièce par Julien Gaillard. Il nous conte à la fois la beauté, l'amour et la mort - l'amour avec le vent est un très émouvant moment.




Cette pièce, même si elle ne montre aucun extrait de film permet tout de même de s'immerger dans l'univers magique et mystique de ce "génie" du cinéma qui, comme le lui avait prédit dans une séance de spiritisme Boris Pasternak, n'a fait que sept films, mais dont la portée est impressionnate et influencer la vie des spectateurs - on apprend entre autres qu'un assassin a avoué être guéri de l'envie de tuer et quelqu'un d'autre de l'envie de se suicider...

Bon spectacle

La Fleur du Dimanche 


Tarkovski, le corps du poète

Du 19 au 29 Septembre TNS Strasbourg, Espace Grüber 

Tournée du spectacle: 
Lyon  - Théâtre Les Célestins                 11-15 octobre 2017
Paris - La Manufacture Théâtre Quartier d’Ivry      2-6 mai 2018
Reims - Comédie de Reims                            11 mai 2018

CRÉATION AU TNS

Texte original Julien Gaillard
Et les extraits de textes de Antoine de Baecque, Andreï Tarkovski
Mise en scène, montage de textes et scénographie Simon Delétang

Avec Hélène Alexandridis, Thierry Gibault, Stanislas Nordey, Pauline Panassenko, Jean-Yves Ruf

Dramaturgie Julien Gaillard, Simon Delétang
Costumes et collaboration à la scénographie Léa Gadbois-Lamer
Lumière Sébastien Michaud
Son Nicolas Lespagnol-Rizzi

Production Compagnie Kiss my Kunst
Coproduction Théâtre National de Strasbourg, Célestins - Théâtre de Lyon, La Comédie de Reims - Centre dramatique national
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National et de DIESE Rhône-Alpes
Avec le soutien de la DGCA - ministère de la Culture et de la Communication, de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon

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