dimanche 17 avril 2016

L'edelweiss des villes ou la symphonie en blanc

Certains privilégiés ont déjà vu l'edelweiss des villes.... Mais n'ont pas reconnu l'arbre. 
A vous de trouver:


Edelweiss des villes - Photo: lfdd

Ce n'est effectivement pas un edelweiss, mais l'annonce d'un printemps en blanc... D'ailleurs les arbres fruitiers fleurissent malgré la fraîcheur des nuits.
Espérons que cela n’obérera pas la pollinisation, ni les récoltes à venir...
Pour ces fleurs-ci, la moisson est généreuse:


Ciel blanc et grappes de fleurs - Photo: lfdd

Et pour les freesias, le parfum doux éveille des envies de fraises:


Freesias blancs - Phot: lfdd

Dimanche dernier, je vous avais entretenu sur le thème de l'existence avec quelques pensées et pas mal de chansons, aujourd'hui je vais vos parler de l'absence d'existence....


Et avant la symphonie de la ville, et de sa rue, chantée par Louis du même nom, un petit air de blanc à la flûte (et non un petit verre de blanc à l’affût):

Symphonie de blanc - Photo: lfdd


Louis Ville - Ma rue



Symphonie en blanc majeur

De leur col blanc courbant les lignes,
On voit dans les contes du Nord,
Sur le vieux Rhin, des femmes-cygnes
Nager en chantant près du bord,

Ou, suspendant à quelque branche
Le plumage qui les revêt,
Faire luire leur peau plus blanche
Que la neige de leur duvet.

De ces femmes il en est une,
Qui chez nous descend quelquefois,
Blanche comme le clair de lune
Sur les glaciers dans les cieux froids ;

Conviant la vue enivrée
De sa boréale fraîcheur
A des régals de chair nacrée,
A des débauches de blancheur !

Son sein, neige moulée en globe,
Contre les camélias blancs
Et le blanc satin de sa robe
Soutient des combats insolents.

Dans ces grandes batailles blanches,
Satins et fleurs ont le dessous,
Et, sans demander leurs revanches,
Jaunissent comme des jaloux.

Sur les blancheurs de son épaule,
Paros au grain éblouissant,
Comme dans une nuit du pôle,
Un givre invisible descend.

De quel mica de neige vierge,
De quelle moelle de roseau,
De quelle hostie et de quel cierge
A-t-on fait le blanc de sa peau ?

A-t-on pris la goutte lactée
Tachant l'azur du ciel d'hiver,
Le lis à la pulpe argentée,
La blanche écume de la mer ;

Le marbre blanc, chair froide et pâle,
Où vivent les divinités ;
L'argent mat, la laiteuse opale
Qu'irisent de vagues clartés ;

L'ivoire, où ses mains ont des ailes,
Et, comme des papillons blancs,
Sur la pointe des notes frêles
Suspendent leurs baisers tremblants ;

L'hermine vierge de souillure,
Qui pour abriter leurs frissons,
Ouate de sa blanche fourrure
Les épaules et les blasons ;

Le vif-argent aux fleurs fantasques
Dont les vitraux sont ramagés ;
Les blanches dentelles des vasques,
Pleurs de l'ondine en l'air figés ;

L'aubépine de mai qui plie
Sous les blancs frimas de ses fleurs ;
L'albâtre où la mélancolie
Aime à retrouver ses pâleurs ;

Le duvet blanc de la colombe,
Neigeant sur les toits du manoir,
Et la stalactite qui tombe,
Larme blanche de l'antre noir ?

Des Groenlands et des Norvèges
Vient-elle avec Séraphita ?
Est-ce la Madone des neiges,
Un sphinx blanc que l'hiver sculpta,

Sphinx enterré par l'avalanche,
Gardien des glaciers étoilés,
Et qui, sous sa poitrine blanche,
Cache de blancs secrets gelés ?

Sous la glace où calme il repose,
Oh ! qui pourra fondre ce coeur !
Oh ! qui pourra mettre un ton rose

Dans cette implacable blancheur !

Théophile GAUTIER  


Bon dimanche

La Fleur du Dimanche

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