jeudi 9 avril 2015

Cinéma: la première ou la dernière image ? Ah si on pouvait remonter le temps !...

On a l'habitude de dire qu'il faut faire très attention à la première image d'un film, qu'elle va donner la clé de l'histoire que l'on va voir.

Et la dernière image ? 
Que dit-elle ?
Est-ce toujours le happy-end, ou le personnage qui suit le chemin vers son destin comme Charlot sur une route déserte ? 
Eh bien non, pas toujours... Quelquefois les dernières images d'un film vont vous révéler un élément qui va vous obliger à vous remémorer le film et en le rembobinant, en changer totalement la lecture.
Un exemple éclatant est le film "L'armée des 12 singes" où, arrivé au bout, le dernier plan va bouleverser le sens de ce que vous venez de voir et vous allez devoir faire une gymnastique incroyable pour relire le film à l'aune de l’information que vous avez découverte dans ce dernier plan.
Rassurez-vous, si vous n'avez pas vu ce film, je ne vous la révélerai pas - et même si vous l'avez vu, et que vous n'y avez pas porté attention parce que vous aviez un métro à prendre...

Il se trouve que passent actuellement trois films qui, curieusement jouent sur ce mécanisme, à des degrés et avec un bonheur différents.
Et curieusement également, ces films ont tous les trois à voir avec l'Asie.

Si vous en avez le temps et l'envie, je vous invite à faire l'expérience de vous préparer à rembobiner le temps et de revoir le film une deuxième fois dans votre tête et de le comparer à ce que vous en avez vu la première fois.

Pour le premier, la chose est assez aisée, à se demander à la limite pourquoi le réalisateur a cherché à jouer avec vos sens.
Il est vrai que pour "VOYAGE EN CHINE" de Zoltan Mayer avec Yolande Moreau et Qu Jing Jing (et une "aimable" apparition d'André Wilms), le ton est donné dès le départ, la première image - pour le générique - étant un faux reflet sur une surface de zinc oxydée sur laquelle on pourrait voir des paysages et des visages fantasmés, et que les personnages sont souvent prisonniers dans des reflets comme dans un aquarium miroir qui renverserait la perspective. Perspective qui est également totalement mise à distance pour Liliane (interprétée par Yolande Moreau) qui va se retrouver en Chine profonde (dans la campagne près de Chendu, pour retrouver le corps de son fils mort dans un accident là-bas, après avoir quitté depuis - trop - longtemps le foyer familial du Nord de la France. On sent que le personnage du fils, Christophe Rousseau, photographe est d'une certaine façon un double du réalisateur dans sa manière de filmer la réalité. Cette impression se confirme en visitant son site et ses photographies...
Et donc en ce qui concerne l'épilogue, je n'épiloguerai pas....  


VOYAGE EN CHINE - Bande-annonce


Pour la deuxième "conclusion", ma réaction n'est pas trop enthousiaste non plus, le film est intéressant en lui-même et se suffirait s'il se terminait comme "Capitaine Courageux" de Victor Flemming. 
Il faut dire qu'avec "SEA FOG - LES CLANDESTINS" film Sud-Coréen de de Sung Bo Shim, l'histoire est haletante et ne vous laisse pas de répit, ni ne vous ménage en terme de chocs en tous genre est un déluge de surprises et une descente en enfer qu'on n'arrive pas à arrêter.
Le suspense et le rythme sont magnifiquement maîtrise, les ambiances et la tension sourd à chaque plan et le brouillard qui va enserrer le bateau va également étouffer d'une certaine manière le spectateur qui n'a pas intérêt à être claustrophobe.
Mon impression finale est donc que la plat a été "réchauffé", sans vraie justification de ce vrai épilogue ("cinq ans après")...


SEA FOG - Les Clandestins (Haemoo)  

Pour le dernier film, "LA MAISON AU TOIT ROUGE - Chiisai ouchi" de Yoji Yamada, l'histoire qui se passe au Japon va jouer entre différents temps, dont le présent (et le futur!) et la mémoire, puisqu'il s'agit bien de cela, les mémoires d'une jeune femme pauvre de la campagne, qui, après avoir été bonne chez un écrivain, va servir chez un couple dans la "maison au toit rouge" du titre et écrire son journal qui deviendra ses mémoires lorsque son neveu va récupérer ses textes: le journal qu'il avait déjà en partie lu, et une lettre scellée qui transforme le film en énigme policière.
L'intérêt du film réside donc dans ces multiples points de vues de récit et de temporalité et leur dialogue (le neveu qui commente, dans le passé, le texte de sa tante à qui il rend visite).
Ce qui est également intéressant ce sont les caractères - et cultures - différents de ces deux narrateurs - d'un côté une jeune femme, presque "un coeur simple" comme dirait Flaubert, mais qui porte cependant une vérité - historique - inconnue de son neveu, et la franchise, avec une tendance à l'opposition de ce dernier. 
Ce qui est intéressant dans l'épilogue de ce dernier film, c'est qu'il est à la limite double.
D'une part, une révélation qui va bouleverser - et émouvoir - quelqu'un qui ne demandait pas à l'être, mais la scène est très juste. 
D'autre part, et là, il faut vraiment rester jusqu'à la fin du générique, très sensible et sur le mode du conte de fées, on se prend à rêver d'une autre histoire d'amour qui se serait cachée sous la délicatesse de cette tendre servante (pas si innocente qu'elle se raconterait) et l'on se plaît à rassembler des indices dans la nuit d'orage qui a bouleversé la vie de la petite maison et de ses habitants (et surtout de celle qui vit sous le toit...).
Si vous en avez trouvé, faites-le moi savoir, je les partagerai...  

La Maison au Toit Rouge (Chiisai ouchi)



Je vous invite donc à me faire part de vos "relectures" après un "fast rewind"....

Bons Films, et surtout... restez jusqu'à l’ultime fin !

La Fleur du Dimanche
  

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