mercredi 13 janvier 2016

Catherine Diverrès à Pôle Sud: La danse voyage autour de la Terre et de la mer.

Rémanence du mouvement

Cela commence comme une catastrophe, insoutenable, le son crissant, la lumière contrastée, un écran blanc et devant immobile, la danseuse, dans une immobilité contradictoire, puis, le noir et l'ombre inversée, négative, la bombe, l'apocalypse.
L'image rémanente se superpose à la réalité, le passé reste imprimé dans notre vision. 
Cela devrait être du Butô, cela y ressemble dans un hommage qui revient à la source, au spectacle, au cabaret, au flamenco.

Catherine Diverrès - O Senseï
Hommage au maître

Catherine Diverrès, en costume noir, chemisier blanc, chaussures noires, dans un décor noir, excepté cet écran blanc sur lequel est écrit la catastrophe, devrait avoir le visage peint en blanc, mais non, le contraste du costume, des cheveux plaqués et brillant d'un noir de jai font l'affaire. Le silence est là, laissant la parole à la danse, au mouvement, à l'hommage au maître et à la référence, à Kazuo Ohno, à La Argentina, dans un solo qui traverse la danse de nos pays jusque vers l'occident. Une danse qui quelquefois se fait presque pantomime, tantôt classique, tantôt extatique ou saccadée, tantôt folklorique mais ancrée dans la terre. Un fantôme resurgit, double, triple sur l'écran puis se matérialise, pour se conclure dans un numéro qui balaye et mixe le strass et le cabaret, le classique et la chanson de charme, la présence et la distance, le corps et l'absence pour s'effacer doucement. C'était Ô Senseï, mouvement et musique, par la grande chorégraphe.

Catherine Diverrès - O Senseï

Une danse au couteau

La force de la chorégraphie de Catherine Diverrès, apparaît avec encore plus de puissance dans le duo Dentro, dansé magnifiquement et avec une force et une précision impressionnante par Harris Ghekas et Emilio Urbina.
Les deux danseurs, sur un plateau nu et noir, enserrés par une poursuite de lumière serrée sur chacun, qui les tient prisonniers en leur donnant progressivement un peu plus de liberté, vont nous offrir pendant un peu plus d'une demi-heure un dialogue, une osmose totale. Rythmée d'abord par des percussions et des cordes magnifiquement présentes qui résonnent dans les profondeurs de nos corps, leurs gestes précis, coupants et souples, s'enroulant dans l'espace et autour de leurs corps ou s'accrochant et se repoussant l'un l'autre, nous font vivre un dialogue hypnotique. 

Catherine Diverrès - Dentro

Dialogue du corps

L'espace s'élargit, la musique laisse la place à une voix qui chuchote des paroles dans une langue étrangère, des poèmes de Anastasios A. Gekas et Oscar Curieses. Les deux danseurs se sont rejoints se retrouvent se quittent toujours avec la même précision, la même puissance, la même force, le même rêve... Echo du texte...

En voici un extrait (celui de Oscar Curieses):

"Alors, hors du rêve, je retrouve l'homme qui a mon visage, il me donne une coup de fouet et dit: âme! Tout est cercle, cirque! 
Moi, j'ai rêvé d'un moi qui rêve. Dans mon rêve, le moi se réveille dans le cirque de soi-même etc."   

Et un extrait du spectacle:





Vu à Pôle Sud, le 12 et 13 janvier 2016


La Fleur du Dimanche

Vous avez envie d'en connaitre davantage sur Ô Sensei, vous avez un reportage de Luc Riolon sur la création du spectacle en 2012 ici:
http://www.numeridanse.tv/fr/video/1762_o-sensei

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