samedi 16 janvier 2016

Les Liaisons Dangereuses au TNS: Vives, les lettres...

Un roman épistolaire au théâtre? Pas évident..
Et pourtant... 
Le pari relevé par Christine Letailleur est plus que réussi.
Nous savions déjà, avec la lecture par Dominique Blanc du roman "autobiographique" Les Années d'Annie Ernaux que d'arriver à garder à la fois l'esprit du texte et trouver le bon rythme était dans ses cordes.


Les Liaisons Dangereuses - Photo: Brigitte Enguerand

Avec cette pièce, jouée au TNS et qui part en tournée européenne (Modène, Paris, Nice, Quimper,..) nous assistons à une joute endiablée entre Madame de Merteuil, maîtresse-femme, interprétée par Dominique Blanc et Monsieur de Valmont, séducteur en diable pris dans ses propres pièges joué par Vincent Perez bel homme.
L'espace scénique, genre "chambre mentale" avec ses coins recoins, escaliers, portes, portails, fenêtres, découpes qui sont magnifiquement découpés par un travail sur la lumière qui en fait un espace à la fois cinématographique et de bande dessinée, permet à la mise en scène de varier les niveaux de jeu par un mille-feuille de personnages, de niveau et de type de situations: comique visuel ou de répétition, valet "à la Sganarelle" - le Chasseur Richard Sammut - Curé hors du temps (Guy Prévot)...



Les Liaisons Dangereuses - Photo: Brigitte Enguerand

L'espace permet également de rendre compte du "trajet" des personnages, Cécile de Volanges - très bon premier rôle de Fanny Blondeau - ou de Madame de Tourvel - Julie Duchaussoy tout en finesse et en retenue - ou de Danceny - Manuel Garcie-Kilian qui passe d'un personnage cérébral à une corporalité où il va interpréter une danse de séduction bien enlevée. 
Les deux heures trente que dure la pièce se laissent avaler d'un trait tant les rebondissements et les stratégies nous laissent haletants.
Nous sommes surpris d'une parole très féministe de cette période de la fin du 18ème siècle juste avant la révolution qui s'incarne dans cette distribution très féminine (huit femmes pour deux hommes).
Comme le dit Christine Letailleur: 
"Le XVIII° Siècle est celui de l'apologie de la raison: on croit qu'elle va sauver le monde, améliorer les rapports humains... Laclos a une tournure d'esprit peu commune, parce qu'il démonte cette idée-là, ou du moins il la questionne en nous montrant que ce n'est peut-être pas si simple, que la raison, pour ceux qui possèdent les armes - c'est à dire le langage - peut être aussi au service de la destruction et de la manipulation."


Le spectacle est joué jusqu'au 16 janvier 2016 au TNS
C'est une production du Théâtre National de Bretagne.
Date des tournées ici:
http://www.t-n-b.fr/fr/saison/les_liaisons_dangereuses-948.php

Bon Spectacle

La Fleur du Dimanche
   

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