dimanche 24 janvier 2016

Je ne suis pas... une fleur. Je suis. Je suis un robot

Je vous avais promis une suite. Mais quelle suite possible à un écrivain caché, un écrivain qui ne veut pas dévoiler son identité, qui utilise un  pseudonyme ? 
Cet écrivain existe-t-il vraiment ?

La suite nous le dira, mais d’abord une fleur, qui n’est pas une fleur….


Je ne suis pas une fleur - Photo: lfdd


Et pour les écrivains, il se trouve (encore le hasard ?) que dans le même numéro du Monde des Livres, deux articles allaient encore plus loin que le camouflage ou le secret de l’écrivain.

Le rythme littéraire de l’algorithme.

L’un parlait de l’influence – et même des nouveaux territoires – de l’ordinateur. Intitulé «Le best-seller et l’algorithme» Macha Séry évoquait les multiples usages et influences de la technologie et de ses capacité, en particulier de pouvoir analyser les «clés du succès».
C’est «un étude ­algorithmique de 200 romans ayant ­monopolisé le palmarès des meilleures ventes établi par le New York Times», qui donne des résultats étonnants.
Si vous voulez devenir un écrivain à succès, voici donc quelques les éléments qu’il faut respecter pour rentrer dans cette liste de «happy few»: «pas plus de onze mots par phrase, que vos personnages – au moins au nombre de 3 ou 4 – boivent du café, qu’ils se douchent, qu’ils froncent souvent les sourcils, serrent la mâchoire, soupirent, sourient ou hochent la tête. Evitez les rats, les géants et les ours, qui peuplent rarement les best-sellers. Faites fi de la nostalgie liée à l’enfance.» Eviter les «émotions complexes ­telles que la honte et la pitié. … la nature, mer ou montagne.» Optez plutôt pour «les dialogues, les verbes d’action, le vocabulaire à caractère policier et judiciaire (enquêtes, pistolet, meurtre, avocat, indices). Evoquez les technologies les plus en pointe et multipliez les conflits.»

La suite de l’article est encore plus étonnante. Elle parle d’une expérience qui a permis, à partir de l’analyse des textes des livres primés dans certains prix littéraires de pouvoir prédire le suivant. Ironie du sort, ce qui aurait pu être le cas… Mais ironie du sort, les responsables de l’étude ayant constaté que souvent le prix allait à l’encontre des prévisions, ils ont introduit cette variable supplémentaire qui a finalement donné le mauvais pronostic.


Je ne suis pas une fleur - Photo: lfdd


La suite de l’article est encore plus étonnante. Elle parle d’une expérience qui a permis, à partir de l’analyse des textes des livres primés dans certains prix littéraires de pouvoir prédire le suivant. Ironie du sort, ce qui aurait pu être le cas… Mais ironie du sort, les responsables de l’étude ayant constaté que souvent le prix allait à l’encontre des prévisions, ils ont introduit cette variable supplémentaire qui a finalement donné le mauvais pronostic.



Je ne suis pas une fleur - Photo: lfdd


Je ne suis pas un écrivain, je suis un robot.

Le deuxième article est également assez étonnant. Déjà de par la relation du titre et du nom de l’auteur, Pascal Chabot. Nom qui en priori n’engage à rien, sauf qu’en y rajoutant un «t», nous avons Chatbot qui, en anglais est la contraction de «to chat» - discuter (via internet) – et une variation des robot «Bot» qui en général analysent (crawlent) à longueur de journée les sites internet, soit pour les référencer ou analyser vos actions ou même vous voler des données (par exemple en essayant par le calcul de découvrir des mots de passe….
Ce livre, intitulé «ChatBot le Robot. Drame philosophique en quatre questions et cinq actes» se passe en 2015 et raconte l’histoire d’ordinateurs devenus tellement intelligents qu’ils ont acquis la capacité de philosopher. L’article de Roger-Pol Droit, intitulé «Figures libres. Méditations d’un robot philosophe» en parle ainsi : «Un jury de professeurs, façon thèse et ¬habilitation, va donc mitonner des questions pièges pour le premier des « chatBots » (robots capables de converser) supposé philosophe. Il s’agit de savoir, en fonction de la pertinence de ses propos, si on peut légitimement considérer ce robot comme un penseur autonome, capable de méditations authentiques, non de ¬contrefaçons habilement coupées-collées.
Certes, sa « formation » n’a duré qu’un petit trimestre. Mais, étant donné les capacités surhumaines de la machine, ce fut bien suffisant pour qu’elle intègre tous les lexiques nécessaires, sache distinguer entre les écoles de pensée, possède à fond les œuvres classiques et leurs flots de commentaires, grave dans sa mémoire des milliers de citations, intègre même les sommaires de toutes ces revues savantes que plus personne d’humain ne lit depuis longtemps. Bref, son savoir philosophique est largement supérieur à celui du thésard moyen, sans parler des professeurs… D’autant que le robot fut doté aussi de tous les liens entre idées, techniques d’argumentation, analyse des concepts… bref, un trousseau complet.
Elégance et simplicité
Le grand jour venu, quatre questions ont été préparées par les membres du jury. Le robot les ignore. Elles portent sur lui-même, sa capacité à être philosophe, son mode d’existence, sa conscience de soi, son éventuelle supériorité sur les humains. Le test est d’autant plus crucial que rien, dans sa programmation, n’a porté, délibérément, sur ces points précis. On s’en voudrait de divulguer, tel un stupide chatBot spoiler, les belles réponses de la machine. Leur subtilité fait le charme de cette courte fiction, très réussie…..»


Je ne suis pas une fleur - Photo: lfdd


Et il conclut: «Ce tout petit texte soulève en effet, avec élégance et simplicité, une série d’interrogations cruciales : faut-il être humain pour philosopher ? Si ce n’était plus le cas, que deviendraient, en retour, les humains ? [… ] La machine, dans ses répliques, se montre très fine, en tout cas dans cette fiction, dont on ne peut quand même pas oublier que l’auteur reste un humain. Si c’était l’inverse, il serait devenu, si l’on ose dire, robot pour être vrai…»


Je suis un Robot

En prime, je vous offre deux robots en bambou d’Ai Weiwei visibles dans les vitrines du Bon Marché à Paris :


Je ne suis pas un robot - Ai Weiwei - Photo: lfdd


Et en musique, quelques versions de la chanson «Je suis un Robot» de Kraftwerk.

D'abord la version de 1977




Puis celle de 1978





Et celle, revisitée de 2013





Bon dimanche.  

La Fleur du Dimanche

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