La pièce de Wajdi Mouawad "Inflammation du verbe vivre" qu'il joue au TNS à Strasbourg est un voyage entre la vie et la mort, les origines et la recherche de la finalité de son travail, de sa réflexion, la découverte de ce qui le fait vivre, et qu'il aime à partager avec nous, le public.
C'est un éternel va-et-vient, dans un rythme joyeux et en même temps interrogatif entre ici et là-bas, le faire et le penser, la salle et la scène, la pièce de répétition et la Grèce où il fait des rencontres fructueuses, la grotte de Philoctète et les portes de l'enfer d'Hadès.
Ce récit entre explication de la démarche et histoire du théâtre et de la démocratie (dans la Grèce antique) et rencontre avec la réalité - et l'actualité (au moment de la création de la pièce en 2015) de la Grèce qui fût au bord du gouffre, nous tient en haleine et passe par une multitude de chemins.
Au début était la mort, et l'impossibilité de monter la troisième partie de la trilogie des pièces de Sophocle - après "Des Femmes" et "Des héros", "Des mourants". De multiples raisons (la mort de Robert Davreu, le traducteur de cette suite, les difficultés de montage et de production liées aux financements et au retours violents sur le cycle "des femmes" avec Bertrand Cantat, poussent Wajdi Mouawad qui avait fait, avec Sophocle une pause de son travail d'écriture le forcent à repenser la création.
Et nous assistons donc dans un dispositif brechtien moderne, dans un va-et-vient devant et derrière l'écran (un écran composé de 700 cordes dont se joue et avec lequel Wajdi Mouawad joue allègrement) au travail en train de se faire, de se construire et aux épisodes contés et filmés dans une narration qui ne faiblit pas pendant les quelques heures que dure le spectacle. Son alter ego Wahid va, comme Dante se faire emmener aux portes de l'enfer, mais nos par des dieux, par un chauffeur de taxi affable. Il va expérimenter les épisodes et les épreuves que traversent les héros, risquer la noyade et explirer la solitude de l'île de Lemnos, découvrir la Grèce d'aujourd'hui et la misère qui pousse Zeus et les Dieux à descendre des montagnes de Grèce et à vivre dans la misère, rencontrer la jeunesse à qui on n'a pas appris à défendre une vision de l'avenir et qui se suicident, rencontrer un chien qui incarne son âme et qu iva le guider vers son espace originel, sa motivation, la réponse à la question de la vie: "Faut-il revenir? et pourquoi?".
Et les flèche de Philoctère sont l'occasion pour lui faire dire que "La cible n’existe pas au moment où tu lances la flèche. C’est la course de la flèche qui fait exister la cible à mesure que la flèche s’en approche. La cible existe complètement au moment où la flèche la frappe."
Jusqu'au 2 juillet au TNS à Strasbourg
Texte et mise en scène Wajdi Mouawad
Avec Dimitris Kranias, Wajdi Mouawad
Assistanat à la mise en scène Alain Roy, Valérie Nègre
Dramaturgie Charlotte Farcet
Scénographie Emmanuel Clolus
Musiques originales Michael Jon Fink
Réalisation sonore Michel Maurer
Lumière Sébastien Pirmet, Gilles Thomain
Costumes Emmanuelle Thomas
Son Jérémie Morizeau
Construction plateau Marion Denier, Magid El Hassouni
Image, son, montage Wajdi Mouawad
Fixing Adéa Guillot, Ilia Papaspyrou
Traductions Françoise Arvanitis
Assistanat à l’image et aux traductions Basile Doganis
Assistanat au montage vidéo Dominique Daviet
Le texte est publié aux éditions Leméac / Actes Sud-Papiers
Production La Colline - théâtre national
Coproduction Au Carré de l’Hypoténuse-France, Abé Carré Cé Carré Québec compagnies de création, Mons 2015 – Capitale européenne de la Culture, Théâtre Royal de Namur, Mars – Mons arts de la scène, Le Grand T – théâtre de Loire-Atlantique
Avec le soutien de l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes et du Château des Ducs de Bretagne
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