vendredi 30 août 2019

C'est le temps des Mirabilia à Voix & Route Romane

Pour sa vingt-septième édition, le Festival Voix et Route Romane sous la houlette de Denis Lecoq et sa formidable équipe de passioné.e.s explore les voies du merveilleux à tous les niveaux, dans le coeur humain, la nature, les femmes, les miracles (Saint Nicolas ou  la femme et la Vierge), la culture persane, les métamorphoses ou l'amour... L'amour qui nous guidera beaucoup dans cette série de onze concerts du Nord au Sud de l'Alsace - de Surbourg à Sigolsheim en faisant même un saut en Lorraine à Metz et dans les Vosges à Saint-Dié.

L'ouverture, le vendredi 30 août à Strasbourg, dans l'église Saint-Etienne, comme l'année dernière ( voir le billet du 31 août 2018 - Voyage dans l'espace et le temps roman avec la voix dans tous ses états) a joué sur l'amour, surtout courtois et les airs de troubadours, anonymes ou des poètes comme Guillaume Dufay (1397 env. - 1474) ou Gilles Binchois ( env. 1400 - 1460) ou encore Jabob Selenches ou Hayne van Ghizeghem... et Charles d'Orléans.


Voix et Route Romane 2019 - Speculum Musiacae - Photo: lfdd

L'ensemble Speculum Musicae - Le Miroir de Musique de Bâle sous la direction artistique de Baptiste Romain, nous a proposé une belle variation de morceaux instumentaux - sur des instruments anciens comme la vièle à archet (Baptiste Romain et Elisabeth Rumsey), luth et giterne (Marc Lewon), harpe et organetto (Claire Piganiol) et également cornemuse (Baptiste Romain) et de pièces vocales soit en choeur (Jessica Jans, soprano - Dina König, contralto - Jacob Lawrence, ténor - Vincent Lièvre-Picard, ténor) soit en pièces solo ou duo voix et instruments, allant vers une variéte d'interprétations au fur et à mesure de la soirée.
Pour la pièce (anonyme) "Belle que rose vermeille" par exemple, Jessica Jans chante en enluminures ce tendre et beau poème d'amour.


Voix et Route Romane 2019 - Speculum Musiacae - Photo: lfdd

Les pièces portent toutes une atmosphère douce et très intime - quelques-unes jouant sur le désir et la séduction. Pour "Ne je ne dors ne je ne veille" de Guillaume Dufay, la douceur de l'interprétation contraste avec l'embrasement des sens. Nous passons par une déclinaison de l'amour courtois -  il est question de rose et de balade gracieuse - et les thèmes deviennent plus osés (la puce à l'oreille qui empêche de dormir: Ostez la moy de mon oreille - cest pusse qui me reveille...) et alternent avec l'attente amoureuse (Las, pourray je mon martire celer, De quatre nuys kes trois veillier,).
L'entrée en scène de la cornemuse jouée par Baptiste Romain dans la pièce de Hugo de Latins "Chanter ne scay ce poysse moy" revigore l'assemblée par son allure dansante et un peu martiale, de même que la très dansante "Amour servir et honourer" d'après Arnold de Lantins. 
Le poème de Charles d'Orléans "Quant je fus prins au pavillon" étant le summum de la la chanson d'amour enflammée:

"Quant je fus prins au pavillon
de ma dame, tres gente et belle
je me brulé a la chandelle
aisni que fait le papillon.
Je rougy comme vermeillon
aussi flambant q'une estincelle,
Quant je fus prins au pavillon
de ma dame, tres gente et belle."  




Voix et Route Romane 2019 - Speculum Musiacae - Photo: lfdd

Après cette belle et envoûtante soirée de inaugurale, dont le rappel fut un chant religieux de Saint Bernard de Clairvaux, la suite du programme promet encore de beaux moments d'enchantements dans de magnifiques lieux égrenés tout au long de la Route Romane*.
Le festival qui se déroule sur quatre week-ends, se termine en Lorraine pour le dernier week-end le 21 et 22 septembre (un service de bus est prévu à partir de Strasbourg).

Bons concerts

La Fleur du Dimanche


* Le programme complet est sur le site de Voix & Route Romane:
https://www.voix-romane.com/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire