mardi 4 octobre 2016

Musica le dimanche, c'est Jeudi en Lumière: Donnerstag aus "Licht" à Bâle au Theater

Pour ce dimanche à Bâle, le Festival Musica a fait un énorme cadeau à ses aficionados et fidèles spectateurs: Assister à la troisième création de "Donnerstag aus Licht" de Karlheinz Stockhausen.

Après sa création à Milan en 1981, dans une mise en scène de Luca Ronconi et une représentation au Royal Covent Garden à Londres en 1985, il a fallu attendre plus de trente ans pour à nouveau assister à la première partie du gigantesque projet Licht - 29 heures de musique - que Stockhausen rêvait de pouvoir jouer dans la durée dans un lieu qu'il aurait aimé voir créé avec 7 bâtiments pour cet opéra-fleuve qui parcourt les 7 jours de la semaine.

Et c'est au Theater Basel, ce dimanche 2 octobre que l'événement eut lieu. La représentation des 3 actes précédé d'un "Gruss" (Salut) et clôturé par un "Abschied" (Adieux).

Le "Salut" qui eut lieu dans le foyer du théâtre a surpri plus d'un spectateur. Les membres de l'orchestre, en costume coloré, mêlés à la foule au début, avec leur verre et leur cigarette, sous la direction du chef Titus Engel accueillirent les spectateurs avec leur octuor de cuivres par un quart d'heure de concert, avant de les invitèr à rejoindre la salle.

Acte I : Michaels Jugend - La Jeunesse de Michael

Le premier acte nous montre Michael enfant, à qui sa mère apprend à chanter et à danser pendant qu'une scène récurrente - le gâteau - et le cadeau - d'anniversaire - se déroule dans un espace central vitré avec les trois personnages comme des marionnettes avec une grosse tête: le père, la mère et le jeune Michael. 
Il faut noter la qualité de la scénographie et des décors de Barbara Ehnes et les magnifiques costumes d'Ursula Kudrna. La mise en scène de Lydia Steier et la dramaturgie de Pavel B. Jiracek vont proposer trois univers et trois traitements pour les trois actes de l'opéra.
Pour le premier acte également d'ailleurs puisque qu'après ces leçons de danse et de chant, Michael va apprendre à chasser avec son père. Ces scènes de chasse mises en parallèle avec la fausse-couche de sa mère puis de sa mort, ainsi que l'éducation sentimentale de Michael, d'une Mondeva (Luneve) qui se démultiplie en de coquines créatures (que la père tire allègrement, avant de mourir lui-même. Le premier acte s'achève par une série d'examens plutôt de l'ordre du médical sinon du psychiatrique - transposition des examens - réussis - en musique et danse. Michael a d'ailleurs deux doubles, en plus du chant (magnifique interprétation des ténors Peter Tantsits dans la première partie et de Rolf Romei dans la dernière) en la sonorité d'une trompette (Paul Hubner) et dans les gestes d'une danseuse (Emmanuelle Grach). 

Musica 2016 - Donnerstag aus Licht - Stockhausen - Theater Basel - Festival - Phot:lfdd


Acte II : Michaels Reise um die Erde - Le Voyage de Michael autour de la Terre

Alors que l'Acte, qui puise dans des éléments autobiographiques de la vie de Karlheinz Stockhausen - la mort par euthanasie de la mère avec les nazis, celle du père à la guerre et les examens - il est vrai un peu transposés, le deuxième Acte qui correspond - toujours dans la vie de Stockhausen à son périple d'apprentissage en voyage en Europe, la mise en scène de Lydia Steier en fait plutôt un voyage "autour de ma chambre dans l'asile" - le "nid de coucou" dans sa relecture d'aujourd'hui. Le voyage est cependant présent dans les très belles images vidéo de Chris Kondek sur le cyclo au-dessus de l'espace vitré. Et cet Acte, qui prend la forme d'un concerto de trompette - l'instrument symbole de Michael se conclut pas l'affirmation de la trinité de celui-ci qui va pleinement se déployer dans le troisième Acte.

Musica 2016 - Donnerstag aus Licht - Stockhausen - Theater Basel - Festival - Phot:lfdd


Acte III : Michaels Heimkehr - Le Retour de Michael

Dans ce troisième Acte, composé de deux parties: Festival et Vision, nous assistons effectivement à un "festival" mélange d'une comédie musicale hollywoodienne et d'une grande messe un peu kitsch où les fidèles ont l'air bien naif et docile - et non illuminés par la "révélation" de la vérité de la Musique que Michael rapporte de ses pérégrinations. Mais la foule préfère adorer un robot géant - image du cadeau reçu de sa mère. Mais Luzifer, l'ange déchu, l'homme du samedi et de la mort se rebelle contre cet ordre et s'oppose à Michael. Lui aussi est triple, mais le héros du jour a le dessus et se retire pour célébrer les sept caractéristiques d son nom: Mélodie, Intensité, Chromatique, Harmonie, Audiogramme, Extase et Lumière et apporter la musique de Dieu aux hommes et la musique des hommes à Dieu.... et tout cela avec humour.

Et poésie, car l'adieu "Abschied" se fera après les saluts, dehors, devant le théâtre, une fois les spectateurs partis, il se verront "encerclés par cinq trompettes qui ne les lâcheront pas dans la nuit et sonneront pendant une quinzaine de minutes la formule de Michael, inlassablement, en écho, sur les toits, balcons, fenêtre et même dans la tour de l'église - Elisabethenkirche.

Ambiance:




Un e
xtrait de la bande-annonce:  


Trailer_DONNERSTAG AUS LICHT from Theater Basel


Vous pouvez même revoir la version en entier (réservez-vous un peu de temps (6 heures). C'est ici:
https://sonostream.tv/stream/donnerstag-aus-licht-2016-10-01


Bon Musica

La Fleur du Dimanche

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