mardi 4 novembre 2014

Au Théâtre ce soir: "Ainsi se laissa-t-il vivre" - le feuilleton du poète vagabond

La Saison du TNS commence vraiment ce soir - après le pré-lancement lors de Musica avec la pièce "PULCINELLA" d'Igor STRAVINSKY dans une mise en scène de Julie BROCHEN.

Ce sera sur un texte de Martin Walser (voir mon billet de dimanche où je le citais...), "Ainsi se laissa-t-il vivre" dans une mise en scène de Christophe Delaveau.




Pour vous en donner envie un deuxième extrait - et un retour de la pièce pour bientôt..

"Je m'étais déclaré en accord avec le qualificatif de feuilletoniste, l'idée sentimentale qu'on ait pu me considérer comme un artiste déchu ne m'a jamais embarrassé. Une sorte d'ombre semblait parfois me mettre doucement la main sur l'épaule et une voix me demander: "Est-ce encore de l'art ce que tu fais?" Et pourtant, je pouvais me dire à moi-même que celui qui persévère dans ses efforts n'a pas besoin de se laisser importuner par les exigences d'un modèle idéal."

La pièce est encore jouée jusqu'au 16 novembre - attention pas de spectacle du 9 au 11 novembre et le 16 c'est une matinée à 16h00. Sinon la pièce se joue à 20h00 à l'Espace Klaus Michael Gruber.


Elle dure plus de deux heures, mais la mise en scène de Christophe Delaveau fait oublier le temps qui passe. Le temps qui passe est d'ailleurs un thème du spectacle, traité d'ailleurs quelquefois comme un temps enlacé, puisqu'à partir des textes de Robert Walser, les différents épisodes de sa vie - ses promenades, ses excursion, ses différents points de chute (jusqu'à en arriver à une misérable - et minable chambre dans laquelle la pluie fait son goutte-à-goutte - se succèdent en s'imbriquent. Tout comme les comédiens - sept- alternent ou se répondent pour jouer l'écrivain ou quelquefois un de ses - rares - amis.
La vidéo de François Weber concourt à donner cette atmosphère d'intériorité de l'écrivain en plein travail. 
Nous assistons donc à la vie en feuilleton de cet immense écrivain et poète du XXème siècle qui a terminé sa vie dans un asile psychiatrique, et suivons la transformation de cet homme plein d'humour et fantasque, dont le style, très imagé est toujours sur le fil. 
Le dispositif scénique nous le rend très proche et nous l'accompagnons (les accompagnons) dans ses errances physiques et mentales. 
Comme disait Walter Benjamin de lui: "La guirlande est en effet l'image même de ses phrases". Ses "héros chéris" ... "viennent de la folie, et de nulle part ailleurs. Ce sont des personnages qui ont surmonté la folie et, pour cette raison, font preuve d'une superficialité déchirante, tout à fait inhumaine et imperturbable. Pour désigner d'un mot ce qu'ils ont de charmant et d'inquiétant, on peut dire qu'ils sont tous guéris".

Et le spectacle vous fera la même effet. Il a cette magnifique fonction curative.

Et en sortant - ou avant de rentrer - jetez un coup d'oeil aux "Microgrammes" - ses textes, notés d'une écriture minuscule sur de tout petit bouts de papiers surchargés - exposés dans le bar.


Bon spectacle.

La Fleur du Dimanche

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