dimanche 13 décembre 2020

13 à la douzaine: des Fleurs Fabuleuses pour voyager en pays magique avec quatre yeux de biais et 24 textes en double vue

Il est des calendriers qui invitent au voyage.... Ceux de la Fleur du Dimanche* font voyager douze mois par an. Mais ils permettent aussi voyager dans des contrées fabuleuses, au pays des fleurs mythiques et magiques.

Tout a commencé par une jonquille qui paraissait inoffensive mais cachait une "foule d'individualités" qu'un peintre à tendance paréidolique a un jour retourné à l'envoyeur - le photographe - qui aime aussi cette lecture de "figures" dans la nature. S'ensuivit quelques autres re-lectures visuelles pour aboutir en un dialogue plus poussé et encadré: Créer une douzaine d'oeuvres à quatre mains et deux paires d'yeux - et demander pour chaque oeuvre, à deux auteur.trice.s de toutes obédiences (poète, philosophe, écrivain, journaliste, psychanalyste, touriste,...) de produire deux lectures stéréoscopiques pour "ouvrir" le champ du visible à l'interprétation du spectateur.
Et voilà ce que devient par exemple notre "jonquille" sous le pinceau de Dominique Haettel:


Fleur Fabuleuse - Jonquille - Photo: Robert Becker - Peinture: Dominique Haettel


Et sous la plume de Florence Rudolf:

"Mutine s’étire et s’étonne au petit matin. Toute imprégnée des émotions d’une nuit riche en rêves, elle prend son temps. Dépliant ses pétales, tout en clignant des yeux aux premiers rayons de soleil, elle accueille les personnages qui habitent ses songes."
(...).

Ou sous celle de Valérie Bisson:

"Cuisine de sorcière
 
Chaudron brûlant de l’évidence, par quels chemins détournés te promènes-tu, frêle jonquille ? Je peux te penser fleur de vignes et des champs du printemps,
Je peux te rêver collerette de fée, jambes gainées de collants verts, pailletée de pollen, malicieuse jonquille.
Les mondes immatériels se révèlent par touche, geste du peintre, oeil pointilliste ou cubiste.
Tu ne te laisses pas effeuiller, pleine corolle ouverte sur une autre réalité.
Estampille décidée à changer nos regards, ligne de faille, lector in fabula... 
(...).

Le résultat de ce jeu de dialogue à deux, puis encore à deux aboutit à un joli petit livre d'artiste d'un format original (42 cm X 15 cm), pas trop petit doc, tout en longueur pour mettre en valeur à la fois la photo repeinte et les deux textes qui se regardent de part et d'autre. Le tout dans un joli petit écrin fermé. Une bel objet édité par l'association LAC - Lire Objet**, à s'offrir ou à offrir pour faire plaisir.


Les auteurs, Albert Strickler - Alix Haettel - Ambroise Perrin - Baudouin Jannink - Bénédicte Bach - Benjamin Kiffel – Catherine Jordy - Daniel Payot - Danièle Schiffmann - Dominique-Anne Offner - Florence Rudolf - Geneviève  Charras - Hervé Lévy - Jacques Weiss - Jean Hansmaennel - Jean Vermeil - Jean-Michel Maulpoix - Marie-Christine Streicher - Marie-Françoise Grislin - Martin Adamiec - Sylviane Lokay-Joly - Valérie Bisson - Véronique Moser, chacun(e) avec sa sensibilité ont écrit, qui un poème, un récit ou un texte court dont je vous propose quelques extraits ici, en regard des oeuvres référentes:

Fleur Fabuleuse - Clématite - Photo: Robert Becker - Peinture: Dominique Haettel


La parisienne

 

Perchée sur ses Stiletto,

du coeur de son trench façon jeune styliste,

pointe une dentelle pas très sage.

Dans son sillage flottent des effluves de «24 Faubourg» d’Hermès.

La croiser fait naître une émotion olfactive chaude et sensuelle,

une invitation au voyage, destination soleil…

Où va-t-elle avec son air altier et légèrement hautain,

coiffée d’un couvre-chef digne des courses d’Ascot ?

Ses pas la mènent vers le Palais de Tokyo,

Showroom de la Fashion Week.

Elle fera ensuite sur son site un compte rendu

sur les nouvelles tendances de la saison prochaine.

Une parisienne d’aujourd’hui…


Sylviane Lokay Joly




Fleur Fabuleuse - Iris bleu - Photo: Robert Becker - Peinture: Dominique Haettel


Le cyclope bleu

 

Connaissez-vous le cyclope bleu ? Ce n’est pas un géant brutal. Semblable au tissu de nos songes, sa peau est soyeuse, sensible au soleil et au vent. Son œil unique ne s’entrouvre que le soir. Les lucioles, dit-on, viennent souvent s’y poser : elles éclairent d’une lumière étrange ce trou laissé naguère par le pieu d’Ulysse. Trou de mémoire, dit-on : le cyclope bleu ne se souvient de rien et répète du fond de sa nuit : « je ne suis personne ! »


Jean-Michel Maulpoix


Fleur Fabuleuse - Coquelicot - Photo: Robert Becker - Peinture: Dominique Haettel


        Comme un p'tit coquelicot mon âme 

         comme un p'tit coquelicot 

 

j’aimais  entendre cette chanson et la voix chaude  de Mouloudji

au timbre jaune  

 

 ce coquelicot   

 

 un souvenir  surgit   et s’impose   sous forme de charade

 

trois fleurs de chrysanthèmes  ressuscitées

le doigt    la lumière rouge  

une touchante amitié et une intelligence  étrange

 

together    

 un vélo  s’envole   au-dessus de la forêt 

 

      home                     come           stay

 

la lumière  rouge   est     éblouissante   

avant  de disparaitre   

 

je serais toujours là

 

E-T       E-T      E-T

E-T L’EXTRATERRESTRE

 

la musique  est de John Williams

 

Danièle Schiffmann



Fleur Fabuleuse - Pétunias - Photo: Robert Becker - Peinture: Dominique Haettel

Echos d’écume et autres pensées.

Au fond de l’océan, les courants d’émotions circulent au fil de l’eau. Ambivalentes et fragiles, elles voyagent en banc. C’est plus sûr dans cette étendue bleue, écrasante et hostile. A peine palpables, juste assez pour se laisser porter dans cette ultime matrice, elles déploient leurs corolles dans une brassée de zébrures mates et brillantes.

Au début – mais qui s’en souvient aujourd’hui ? – des panaches de couleurs illuminaient le monde, l’air vibrait dans un feu d’artifice permanent. La poésie se respirait à pleins poumons. L’enthousiasme, l’optimisme et la passion agrandissaient le ciel, la liberté allégeait le quotidien. Et l’amour. Oui, l’amour aussi. Mais qui s’en souvient aujourd’hui ?

Et puis, il y a eu la première vague. Imperceptiblement, la frénésie et le bruit ont envahi l’espace.  
(....)

Bénédicte Bach


Fleur Fabuleuse - Iris volant - Photo: Robert Becker - Peinture: Dominique Haettel


Darwinites et spinozoses

Il faut peu de choses pour accélérer l’évolution du règne végétal vers le règne animal. On fait pousser des yeux, une bouche dentée, deux petites pattes griffues et hop, ce qui était pétales touffus, chaos de corolles crénelées et de feuilles ondulant au vent devient tête et ailes, regard et désir, sens et âme.

Tout en polissant ses lentilles, le vieux philosophe se réjouissait de ces transformations. Il levait le nez, contemplait avec satisfaction l’être hybride qui peuplait la solitude de son atelier et s’adressait à lui avec tendresse. Nature naturée tu étais, engoncée dans la passivité, résultat magnifique d’opérations décidées à ton insu. Maintenant tu es acteur, nature naturante, éclosion et déploiement, renouvellements incessants. Tu t’appelles iris et, le sais-tu ?, iris est aussi le nom d’une partie de l’œil pour lequel je règle les surfaces de mes verres. Toi aussi tu as maintenant de grands yeux qui me fixent, tu sais que la lumière entre en nous. Mais pourquoi cela n’a-t-il pas l’air de te rendre heureux ?

(....)


Daniel Payot


Voilà, vous avez un petit aperçu de ce qui vous attend... Dans le livre, vous avez 12 oeuvres et donc 24 textes....


Si vous voulez voir le "vrai" livre, qui s'intitule "Fleurs Fabuleuses", il est visible à partir du vendredi 18 décembre jusqu'au dimanche 20 décembre à la galerie La Pierre Large - 36 rue des Veaux à Strasbourg de 14h00 à 19h00. Sinon, si vous avez raté ce rendez-vous, libre à vous d'en refixer un en envoyant un mail à lafleurdudimanche (at)gmail (point)com

Bon dimanche

La Fleur du Dimanche

* Si vous n'avez pas encore votre calendrier de l'année 2021 de La Fleur du Dimanche (voir mon billet du 29 novembre), dépêchez-vous il n'en reste plus beaucoup, un mail avec votre commande à la même adresse devrait régler le manque. 
** Les éditions Lire Objet avaient déjà publié le précédent livre d'artiste "...des fleurs..." avec des oeuvres de Louis Danicher, Michel Déjean, Catherine Gangloff, Marie-Amélie Germain, Sylvie Lander et Germain Roesz en dialogue avec les photos et les poèmes de Robert Becker. Il reste un seul exemplaire disponible.

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