jeudi 25 avril 2019

Le recours aux forêts de Robin Hunzinger: un fantôme prends corps

Céline ou Sollers ou Godard disai(en)t "Il y a des fantômes plein l'écran" et c'est vrai que le cinéma est peuplé de fantômes, de silhouettes fugitives et irréelles qui se projettent sur la toile ou sur un écran de télévision.
Robin Hunzinger, avec son dernier film "Le recours aux forêts - The forest passage" nous donne a voir un fantôme qui s'incarne magnifiquement dans un film poétique et sensible.
Nous suivons pendant six mois la vie d'Erik Versantvoort qui a décidé de communier avec la nature, dans un coin perdu des Vosges, découvert par hasard et où il va trouver son bonheur entre Thoreau,  Jack London et Gaston Bachelard.
Un bonheur sommaire mais essentiel...


Le recours aux forêts - Robin Hunzinger - Ana Films


Et le film de Robin Hunzinger va nous montrer les quatre saisons de cette symphonie pour un homme (pas si) seul.

Le printemps sera justement l'apprentissage et la communion avec la nature "Apprendre à faire un feu", le rapport intense et physique d'Erik avec son rêve d'extraordinaire et son union avec la simplicité d'une vie isolée, avec les animaux, les oiseaux, la pluie et le soleil. Cela donne des images poétiques et rêvées d'une vie hors temps où nous prenons, avec Eric le temps de vivre pleinement la beauté des choses simples et de la nature.
Le deuxième mouvement sera la relation aux soins, à la maladie, à la ville, car Eric doit se soigner d'un cancer et gérer la distance entre la nature et la médecine et les traitements. Cette saison sera l'occasion de montrer le corps et la sensualité qui n'est pas rejetée, mais dans laquelle le spectateur est totalement invité.
Le troisième mouvement, un moment de crise nous met face à la peur, à la maladie, l'occasion aussi de retisser les liens familiaux, de rassembler les proches qui viennent de loin (Pays-Bas et Canada), d'échanger avec toutes les générations en toute simplicité et de se rappeler de la justesse du parcours d'une vie et de penser à l'avenir.  
Le dernier mouvement le plus tendre et le plus intime sera l'occasion de portraits proches et sincères de "belles personnes" qui entourent Eric ou qui vont se dévouer pour lui avec enthousiasme et passion - il faut saluer l'engagement d'une infirmière libérale qui s'implique à fond pour réaliser le rêve de bonheur d'Eric dans sa cabane et les liens que toutes les personnes qui le fréquentent, en particulier son "amie" de la vie ont gagné à son contact et qui le cultivent avec ardeur.

Les superbes images* nous font toucher l'âme des choses et de la nature, la forêt, les troncs moussus, les nuits étoilées, la pluie qui tombe, une tempête de neige, le feu qui se contruit, la bouilloire perdue dans la fumée, les animaux, biches et cerfs, le pan de montagne au loin, accrochant la brûme dans les saisons qui changent, mais aussi le corps, proche, aimé tendrement, qui dort, souffre ou se repose.
Le film est une belle leçon de bonheur et prouve que l'on peut vivre ses rêves, si on le veut vraiment.

La Fleur du Dimanche

  Le film, a été projeté en avant-première par le producteur Ana Films le 25 avril au Cinéma Star à Strasbourg, en présence de la famille d'Eric Versantvoort. Il a été coproduit par les télévisions locales du Grand Est et sera visible sur les écrans de ces réseaux.

Le recours aux forêts
de Robin Hunzinger
92 min/ 52 min (HD)
Une production Ana Films / Vosges Télévisions / RTGE
Avec la participation du CNC, de la Région Grand Est, de l'Eurométropole de Strasbourg, et de la Procirep-Angoa

* Images de Robin Hunzinger avec la complicité de Julien Picot, (le cerf), Gregory Rodriguez ( les nuits étoilées)
montage image avec Quinon Benoit, 
prise de son et montage son Marc Namblard, 
étalonnage de Gautier Gumpper, 
partition musicale Siegfried Canto, et une très belle chanson interprétée par Roddolhe Burger 
mixage Franck Rivolet
Production pour Ana Film (gérant Jean-Marie Fawer) Milana Kristich
     

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