jeudi 30 mars 2017

Christophe fait le Yanne au café Brant: Tous embarqués dans la Nef des Fous

Christophe Feltz et son Théâtre Lumière qui fête ses vingt-cinq ans cette année, a un côté ombre et un côté lumière:
D'un côté, il met en scène des auteurs contemporains, et c'est son versant lumière. Il partage cet éclairage humaniste des grands textes du théâtre: Harold Pinter, Vaclav Havel, Sam Shepard, Tennessee Williams, August Strindberg, Philippe Madral, Robert Pinget, Nathalie Sarraute, Jean Tardieu, David Mamet, Arthur Schnitzler, Paul Auster, Eugène Ionesco. Il les amène à la scène pour "explorer une certaine sensibilité théâtrale et c’est bien ce type de théâtre « humaniste » ou « de l’intérieur » qui nous touche, nous intéresse et nous fait vibrer". Lumière sur la scène.


Yvette Stahl - Christophe Feltz - L'Etre Urgent - Harold Pinter - 1992

D'un autre côté, une sensibilité qui l'amène vers un univers mélange de chansons, de cabaret, de poésie, d'absurde parfois et d'humour sera plutôt le côté ombre, ombre des projecteurs et des lumières du music-hall ou celle des petites salles, où le comédien, seul ou avec un ou deux acolytes, parfois un piano ou un autre instrument vont être plus proches du public, confrontés à la réaction immédiate, plus brute, plus contrastée, miroir du jeu du comédien en équilibre sur la salle. Ce sera le côté nocturne du café-concert, comme par exemple le Café Brant, lieu prédestiné puisqu'à la fois café, mais aussi esquif de fous (ou de clowns) navigant dans la nuit strasbourgeoise à la rencontre des clowns ou des fous du roi.
Une fois par mois, le mercredi ce sera lecture conviviale et culturelle dans une ambiance cosy.




Et la dernière de la saison 2016/2017, ce mercredi 30 mars, après, entre autres Boris Vian, Raymond Devos et Jacques Prévert, aura été l'occasion de redécouvrir une facette un peu oubliée (malheureusement) de Jean Yanne: Ses textes - et quelques chansons.
Parce que Jean Yanne, plus connu comme comédien et réalisateur surtout, homme de radio - il a commencé comme journaliste mais très vite il fera du cabaret et de la radio avec Jacques Martin, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault et Pierre Dac. Mais cet homme, dont l'image au cinéma de Français moyen, râleur, vachard, égoïste et roublard va lui coller à la peau, va cultiver cet esprit critique, anar et caustique - c'est lui qui est a l'origine du slogan "Il est interdit d'interdire" - et ne va pas se priver de faire de l'humour "vache".



C'est cet humour-là que Christophe Feltz va distiller sur scène, en savant dosage et dans la bonne posologie, au point justement que le public, sollicité et confronté à son beauf en miroir - même si le public présent ne se considère pas comme tel - va prendre plaisir et rire de ces autoportraits et séquences de vies ou aphorismes que nous sert sur un plateau le comédien plein d'entrain alors que derrière lui, comme sur scène, sur le trottoir (ah les trottoirs, promis par tous les candidats aux élections) passe un serveur - un vrai - avec son plateau rempli haut au dessus de la tête, comme dans un film comique, Buster Keaton involontaire. Et l'on rit, naïf et simple à l'écoute de ces "conneries", parce que comme le dit Jean Yanne: "La connerie, c'est comme le judo, il faut utiliser la force de l'adversaire".
Mais ce ne sont pas que des conneries, et l'on se rend compte que Jean Yanne a une sagesse de vieux gourou quand il nous apprend que:
"Il faut commencer à se méfier le jour où l'on a plus de souvenirs que de projets." et qu'"Il faut faire des enfants quand on est vieux, parce qu’on les emmerde pas longtemps". 
D'ailleurs "Il faut commencer à se méfier le jour où l'on a plus de souvenirs que de projets."
C'est là que l'on se dit qu'"En fait l'important ne serait pas de réussir sa vie, mais de rater sa mort."

Mais pour ne pas finir sur une pensée triste, je vous laisse une porte de sortie:
"Il faut qu'une porte soit ouverte ou d'une autre couleur".

Bon Spectacle

La Fleur du Dimanche

P.S. Pour vous remettre en mémoire le talent de Jean Yanne, à défaut - ou en attendant d'aller voir le spectacle de Christophe Feltz (Restez au courant des prochaines dates sur son site ou en lui envoyant un mail : info@theatre-lumiere.com) je vous propose un pot-pourri sellectionné de chansons de Jean Yanne.

D'abord une de celle entendue dans le spectacle (vers la fin bien sûr): Si tu t'en irais:





Une autre découverte à cette occasion, version ingnorée de la Marseillaise: Saint Rock





Le Tube que vous avez peut-être entendu quand vous étiez très petits (c'était juste après mai 68) Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil





Une chanson coquine et courte: Si tu n'en veux pas



Et une encore plus courte (écoutez bien, elle est déjà terminée:
Choucroute Saucisse (hommage à l'Alsace ?) - Pas de quoi en faire un procès): 





Un petit intermède publicitaire - quelques fausses pubs, autre talent de Jean Yanne - extraits de son film "Je te tiens tu me tiens par la barbichette"





Et pour finir, un extrait du film "Moi y'en a vouloir des sous" avec une prestation du groupe Magma qui est passé fin de l'an dernier à la Laiterie à Strasbourg dans le cadre de sa tournée du 45ème anniversaire:



Bon Yanne

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