mercredi 25 mai 2016

Le Grand Palais pour Empire ou l'art de compter les heurts

Monumenta, c'est forcément monumental: au Grand Palais, il faut "remplir"...

Huang Yong Ping a rempli sa mission et propose, après quelques autres "grands artistes" qui on fait dans le monumental, de combler l'espace vide du Grand Palais et de vous écraser de l'énormité du sujet et du sens de l'art au service de la réflexion et du symbole.
Les symboles sont réduits au nombre de quatre, même s'il font dans le gigantisme: un serpent, un bicorne et des conteneurs et une grue...


Monumenta - Grand Palais - Huang Yong Ping - Empire - Photo: lfdd


Les conteneurs, symbole de la mondialisation, de l'échange et du commerce, forment la majeure partie de l'oeuvre, et en sont la partie imposante: 305 conteneurs, de différentes tailles sont disposés en plusieurs "îles" qui vont nous rappeler les pays, les continents, les déplacements, entre autres entre la Chine et la France, d'où viennent à la fois les marchandises, mais aussi l'artiste qui a définitivement quitté son pays pour s'installer en France. Ces conteneurs nous parlent de fabrication, de sous-traitante, mais aussi des déplacements humains et d'habitat - plus ou moins précaire, servant aussi quelquefois de logement.


Monumenta - Grand Palais - Huang Yong Ping - Empire - Photo: lfdd


Le serpent nous reporte tout à la fois aux cycles (la mue, le serpent qui s'enroule sur lui-même,...) et à la force - le serpent est gigantesque et fait front au bicorne - mais aussi aux mythes, à la culture des peuples et également fait écho à la structure même du Grand Palais.


Monumenta - Grand Palais - Huang Yong Ping - Empire - Photo: lfdd


La grue, elle, est le lien et le soutien du serpent, également le moyen de transborder et déplacer les conteneurs. Par sa forme et sa position, elle complète l'Arc de Triomphe servant de socle au bicorne géant.


Monumenta - Grand Palais - Huang Yong Ping - Empire - Photo: lfdd


Ce bicorne est une réplique immense du chapeau que portait Napoléon lors de la bataille d'Eylau. Cette bataille fut un véritable carnage (dix mille tués ou blessés chez les Français, douze mille morts et quatorze mille blessés, dont beaucoup mourront faute de soins chez les Russes), fit dire au Maréchal Ney "Quel massacre! Et tout cela pour rien!" et affecta Napoléon au point qu'il resta huit jours sur le champ de bataille pour superviser les secours et qu'il en conclut: 
"Cette boucherie passerait l'envie à tous les princes de la terre de faire la guerre."


Monumenta - Grand Palais - Huang Yong Ping - Empire - Photo: lfdd


Le bicorne de l'empereur est cependant aussi chargé d'une autre symbolique. Justement celui de la puissance de l'empire et d'une "reconnaissance" ou une renommée mondiale - un collectionneur sud-coréen - Kim Hong-kuk, le roi du poulet - a acheté en 2014 un bicorne de Napoléon 1,884 millions d'euros pour l'exposer au siège de son entreprise, vaste empire industriel et commercial.


Monumenta - Grand Palais - Huang Yong Ping - Empire - Photo: lfdd


MONUMENTA

Depuis 2007, des artistes contemporains de renommée internationale investissent la Nef du Grand Palais avec des oeuvres magistrales conçues pour l’occasion. Après Anselm Kiefer, Richard Serra, Christian Boltanski, Anish Kapoor**, Daniel Buren* et Ilya et Emilia Kabakov, Huang Yong Ping relève le défi en 2016. 


Monumenta - Grand Palais - Huang Yong Ping - Empire - Photo: lfdd

Bonne visite

La Fleur du Dimanche

* La Fleur du Dimanche vous avait présenté le 13 juin 2012 le "Monumenta" de Daniel Buren.

** Pour Anish Kapoor, dont je vous ai présenté les oeuvres exposées à Versailles l'année dernière (24 juin 2015), je vous avais proposé le 1er juin 2011 un "Minimenta" sculpture minimaliste éditée à l'occasion de la manifestation "La Beauté" à Avignon en l'an 2000.

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