dimanche 18 juillet 2021

De la gaillarde à la camarde, il n'y a qu'un pas

 Cela fait bien longtemps que je ne vous ai écrit hors exposition concert et spectacle. Je ne vous ai même pas salué pour la Fête Nationale. A vrai dire c'est depuis deux mois et deux jour (le 16 mai avec le "Soi" et le "Dasein") avec l'écriture de soi que j'ai lâché, tout comme les gaillardes du jour qui ne le sont plus trop et peinent sous la pluie:

Gaillarde pas gaillarde - Photo: lfdd


Mais certains souvenirs ressurgissent et la disparition de Christain Boltanski qui jouait avec la mort et de retomber sur un texte que j'avais écrit pour la disparition d'Alain m'ont incité à partager avec vous ces deux récits.

D'abord Boltanski. Vous connaissez peut-être son travail sur la mémoire et la mort et avez peut-être entendu qu'il avait "vendu" sa vie à un collectionneur, David Walsh qui l'exposait dans son Museum of New and Old Art (MONA) à Hobart en Tasmanie. 


Ceci n'est pas un pissenlit - Photo: lfdd


Depuis 2010, trois caméras filmaient l'atelier de Christian Boltanski et envoyaient les images à David Nash qui les difusait dans son musée et payait une personne pour enregistrer cela sur DVD et en faire une sélection hebdomadaire.

Un entretien avec Christian Boltanski réalisé l'été 2020 à Vevey pour le magazine du Grand Théâtre de Genève et en partie réalisé par Heidi.news (que vous pouvez trouver ici) en présente l'origine et le contexte:

"Le commissaire d’exposition Jean-Hubert Martin travaillait à l’époque avec David Walsh au MONA. Il lui semblait que mon travail conviendrait à ce musée consacré au sexe et à la mort. C’était juste. David Walsh est passé un jour par Paris. Il était tellement intriguant que, au bout d’une heure de discussion, je lui ai dit que j’avais envie de jouer avec lui, puisqu’il est un parieur professionnel.

...[L'idée] remonte à loin. Dans le premier texte que j’ai écrit, en 1969, je notais que la mort est une chose honteuse et que je voulais mettre ma vie en boîte. Face à David Walsh, j’ai pensé que la technologie permettrait de réaliser cette idée autrement. Ce qui me plaisait aussi était que l’oeuvre devait prendre place en Tasmanie, le plus loin possible de l’Europe et des gens qui me connaissent. J’ai proposé à David Walsh de lui vendre cette œuvre en viager. On a convenu d’un prix assez élevé. Il a décidé de me payer cette somme par mensualités. Il y a peu de temps, la somme fixée dans le contrat a été atteinte. Mais je suis toujours vivant. Du coup, la mensualité a désormais augmenté. David Walsh a perdu son pari de me voir mourir avant l’échéance du contrat. Celui-ci avait été signé devant notaire après un contrôle médical

.. Si on regarde quelqu’un vivre, on n’a soi-même plus d’existence. Si David Walsh me regardait en permanence, il n’aurait plus de temps pour lui. D’autre part, et c’est lié à l’univers informatique, plus on accumule des informations, moins on en sait. Mon oeuvre en Tasmanie compte désormais des dizaines de milliers d’heures d’enregistrement. Cela revient à ne rien pouvoir voir. Mais si je dis que David Walsh a acheté ma vie, lui préfère dire qu’il a acheté ma mémoire. Il peut savoir qui j’ai accueilli chez moi il y a deux ans à pareille époque. Moi, je l’ai oublié. En réalité, David Walsh ne possède rien de moi. Il a cette masse de DVD impossible à regarder. Il ne sait rien de mes pensées.

...

Je n’ai pas de désir d’immortalité. En revanche, j’ai toujours eu le désir de sauver ce que j’appelle la petite mémoire. Celle-ci consiste à se souvenir de sa grand-mère, d’une histoire drôle ou de l’endroit pour acheter le meilleur gâteau à la crème. Ces petits souvenirs disparaîtront avec nous. Cette question m’obsède. Chaque personne est unique et importante. Mais tellement fragile. Moi, j’essaie de sauver tout le monde en sachant que c’est impossible."


Christian Boltanski enregistrait aussi son battement de coeur qui résonnait à l'autre bout du monde - et il a fait de même avec des visiteurs de ses expositions: chacun pouvait enregister son coeur pour le futur...


Fleur avec antennes - Photo: lfdd


Cette photo me ramène à Alain, amateur d'OVNIs en son temps, Alain qui, sans prévenir, nous a aussi quitté l'année dernière, sereinement et tranquilement quelques jours après m'avoir appelé pour me proposer de partager une coupe post-confinement.

Et je pense à l'autre Alain, tenace avec ses trois cancers, qui vient de gratter un an de plus à la camarde.... On continue!

Je vous livre ci-dessous tel quel un texte que j'avais écrit en novembre 2020:

"Alain, à l’aide… A l’autre…, à nous…


Alain, copain, peut-on l’appeler ainsi ?

Oui, j’avais des amis, fugaces mais forts, qui passaient... mais le temps de l’amitié, ils étaient là pour partager ces moments de la jeunesse qui use toutes les ficelles de l’enfance. Les quatre cent coups pour lesquels il n’y a pas eu de film, ni photo. Mais des aventures, de westerns ou de Till l’espiègle,  de batailles de cow-boys et d’indiens ou de patinage, d’explorateurs animaliers dans la jungle rhénane, de blagues de potaches et d’escapades boueuses. Mais jeunesse passe et l’on se plonge dans le monde, on essaie de le décrypter, le comprendre, l’ordonner.

Cela s’est fait avec Alain, à tous les rayons, les livres, 1984 et Orwell étaient déjà des préoccupations d’avenir dystopiques, la conquête de la Lune, sur l’écran bleuâtre et bombé, en direct un sujet qui ne l’a pas quitté – il prévoyait de sortir un livre avec la NASA. Les mathématiques étaient l’objet de discussions enflammées pour démontrer un théorème que le professeur à la barbe en collier ne nous avait pas encore présenté. Le dictionnaire « Petit Robert » l’occasion d’une joute de mots tirés au hasard. Et que le meilleur gagne! Tout était matière à aiguiser notre soif de connaissance, à étancher notre désir de savoir. Les différentes éditions « horaires » de France Soir un feuilleton pour prendre l’air du pays. Le Tour de France une invitation à parcourir les routes en petites boucles, les championnats d’athlétisme l’occasion de tester un Fosbury-flop et les dimanche après-midi une énorme plage de variété entre Mireille Mathieu, la fille d’une famille nombreuse qui devenait une vedette populaire, lui qui était d’une fratrie de 7 garçons qui précédaient la petite dernière. Ce furent aussi des passions pour le tennis, le ski et les courses automobiles objet de longues séances télé qui auraient pu aboutir à une mission au Nürburgring pour assister à la victoire de Jacky Ickx – mais c’est resté un rêve. C’était aussi sur le poste transistor tout frais arrivé le hit-parade d’Europe 1 – ou de RTL l’autre frère ennemi (ou alors les deux puisqu’Alain avait à la fois acheté le double Album Blanc d’origine et le Sticky Finger à braguette des deux groupes antagonistes de Pop Music britannique) – suivi fidèlement, tout comme les émissions musicales de Pop allemandes en direct à la télévision pour la nouvelle jeunesse post-Woodstock.

Frères ennemis, nous l’étions aussi un peu, dans notre sympathique bataille pour les places sur le podium dans les matières principales de la cinquième à la troisième – heureusement qu’il y avait les deux "filles" qui devenaient nos adversaires renouvelées. Mais nous trouvions toujours des sujets de débat, même la théologie furent le sujet de guerres de religions - le schisme des catholiques et des protestants, alors que nous avions le même baptême, mais l’enfant de choeur biberonné à quelques cours de rhétorique protestante n’était pas en reste sur des sujets où les arguments  allaient aussi chercher du côté du bouddhisme. Puis, nos destinées s’écartèrent, lui externe, moi interne, jusqu’au baccalauréat que nous avions choisi de partager dans la même filière innovante bien sûr – électrotechnique en était l’appellation barbare mais qui ne fut pas tentée, ce fut bien "Maths Elem" qui fut réussi avec les honneurs puis les Universités scientifiques, fatales à divers titres et de tristes conséquences pour l’un et l’autre. Mais la fidélité perdura avec les années, avec comme lien fidèle le troisième Mousquetaire qui partagea le sport et les amours soeurs."


J'allais oubler l'article - d'actualité - qui m'a motivé à republier un billet. C'est Heidi News dont je parlais plus haut qui m'en a conseillé la lecture. C'est dans le Monde e  concerne le réchauffement climatique. C'est d'une part pour que l'on soit conscient de ce qui nous arrive et d'autre part que l'on puisse dire aux jeunes et à nos enfants non pas que c'est la fin du monde, mais que le monde continue et que c'est nous qui ferons le nécessaire pour qu'il puisse continuer avec nous. Le titre:

Comment le changement climatique va bouleverser l’humanité

Avec une vidéo que vous pouvez trouver ici:

https://dai.ly/x82e4yx


Le changement climatique, on en parle beaucoup, mais les problèmes qu’il va poser ne sont pas toujours évidents à comprendre. Ils sont pourtant très inquiétants. Alors, concrètement, quelles vont être ses conséquences ? 

Un degré, deux degrés, trois degrés, quatre degrés… Au cours du siècle à venir, la température de la planète va continuer de monter. Plus l’humanité émettra de gaz à effet de serre, plus le réchauffement climatique sera important. Mais en quoi ce dérèglement du climat est-il un problème ? Pourquoi doit-on se soucier de quelques degrés de plus ?

Naturellement, la hausse des températures va avant tout entraîner des canicules de plus en plus fréquentes et meurtrières. Et ces épisodes de chaleur s’accompagneront de sécheresses très problématiques pour l’agriculture.

Mais ce n’est pas tout. Un autre mécanisme risque d’être mis à rude épreuve : le cycle de l’eau. Entre la fonte des glaciers, la montée des eaux et les inondations, les conséquences pourraient bien être meurtrières pour les humains, mais aussi pour l’ensemble de la biodiversité.


Et pour finir en chanson, une pour la "gaillarde" et deux pour la "camarde".

La première, une chanson "gaillarde" de Colette Renard - Les Nuits D'Une Demoiselle:



La deuxième, pour les pissenlit par la racine de Daisy (Marguerite) Mortem - La vie c'est mort:



Et pour finir "Immortels" d'Alain... Bashung

Immortels

Je ne t'ai jamais dit
Mais nous sommes sommes immortels
Pourquoi es-tu parti avant que je te l'apprenne?
Le savais-tu déjà?
Avais-tu deviné?
Que des dieux se cachaient sous des faces avinées
Mortels, mortels, nous sommes immortels
Je ne t'ai jamais dit
Mais nous sommes immortels 




Bon dimanche

La Fleur du Dimanche




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