dimanche 14 mars 2021

Ouvrir, accompagner, le souffle, le paysage, le texte, la poésie, le théâtre, Nicolas Bouchaud, pour vous, encore...

 En janvier, dans le billet "Le temps, encore, suspendu, pour le conjurer et sauver le moment où: Ils ont aimé !" je vous annonçais le livre de Nicolas Bouchaud "Sauver le moment" et je vous parlais de l'origine du titre. Si vous voulez avoir une idée de ce que c'est d'être comédien - un vrai - de théâtre... du spectacle vivant, comprendre son parcours, sa vocation, et voir à travers différentes expérience remémorées, heureuses, malheureuses, instructives et des moments où... il  comprit ou vécut le partage avec le public et le texte, je vous conseille ce livre dans lequel, en quinze épisodes choisis, il nous livre ce qui le meut, le révèle, le fait avancer ou le bloque.

Mais place à la suite de pommes vues dans le billet précédemment cité:

Pommes - 14 mars 2021 - Photo: lfdd


Je vous offre les mêmes pommes sous un ciel bleu dimanche dernier:

Pommes - 7 mars 2021 - Photo: lfdd



Les quelques chapitres intitulés "Ouvre!", "Le dur désir de durer", "Le geste de Galilée", "Pour ne pas finir", "Un métier idéal", entre autres, nous replongent dans ses souvenirs qu'il partage avec nous:

"Je me suis demandé si on pouvait écrire de façon satisfaisante sur sa propre pratique.

J'ai essayé.

J'ai essayé d'observer le travail de l'acteur.

Cherchant à voir quels en seraient les mouvements internes, les agencements secrets.

J'ai essayé de ne pas les ériger en règle ou en dogme mais simplement de les laisser vous faire signe.

Et de vous les adresser.

..."

Plus loin:

"Je pense à la transmission. Je pense à la disparition. Je pense au théâtre comme le lieu vivant d'un deuil sans cesse recommencé.

...

Nous faisons l'expérience de ce moment unique, de ce présent fugace qui contient dès son apparition sa propre disparition."

Arbre - Photo: lfdd



Plus loin, il cite Shakespeare (Le roi Lear) comme prescription pour un spectateur dans le spectacle "Un métier idéal":

"Tout compte fait, il est préférable d'être ouvertement méprisé

que de l'être sous couvert de la flatterie. Au pire, l'être le plus bas, le plus abandonné de la fortune garde toujours l'espérance et vit hors de la crainte.

Le changement n'est lamentable qu'à partir du bonheur,

le pire ne peut se retourner qu'en rire. Alors bienvenue air impalpable que j'embrasse.


Et il dit à ce spectateur (et à nous):

"Merci beaucoup, voilà, c'est très beau comme ça... c'était bien le léger suspens après: "Alors bienvenue...""

J'imagine toujours que Shakespeare a aussi écrit ça pour les acteurs, comme une indication de jeu, légère, prononcée en passant, comme s'il nous disait: n'oubliez pas de respirer, c'est dans votre façon de respirer qu'on vous voit apparaître...."


Je vous mets encore une photo de magnolias qui essaient vainement de fleurir depuis dimanche dernier:

Magnolias - 7 mars 2021 - Photo: lfdd



Il cite Celan (pour le spectacle Méridien - cf. le billet du 13 octobre 2015):

"On devrait enfin apprendre quand on lit un poème à lire aussi ce souffle, cette unité de souffle. Le poème, le poème vient encore, vient toujours par des chemins de souffle."

Et cela le mène à creuser son socle, sa base, sa philosophie du jeu:

"Il faut se déprendre.

Se déprendre des mots comme: imiter, incarner, représenter.

Aller vers d'autres mots comme: porter, ouvrir, adresser.

L'adresse du poème passe tout entière par le souffle.

Pas de discours, ni de belles envolées.

Pour l'adresse du poème, il y a un simple signe fait à l'autre, à celui qui l'écoute.

Signe de quoi?

Signe de complicité... pour rien."


Primevères - Photo: lfdd


Rien à ajouter, comme le dit Jean Birnbaum à propos du poète Damien Murith dans l'article "Etreindre la Douleur" dans le Monde Littérature du 12 mars 2021 à propos de son livre "Le Deuxième Pas"

"Il faudrait cesser de parler des poètes. Ne faire rien d’autre que les citer. Quand une écriture se tient sur la crête des mots, déplace leur sens pour élever la langue, s’abandonne à eux pour s’en remettre à plus haut que soi, on l’abaisse toujours un peu en plaquant sur elle quelque commentaire. Alors ouvrons grands les guillemets et donnons à entendre:


Et pour conclure sur um "mur de fleurs", cet arbre qui fleurissait en ville:

Arbre en fleurs - 11 mars 2021 - Photo: lfdd



Pour finir en chanson avec les poètes, j'invite Léo Ferré, Jean Ferrat, Alain Barrière et Juliette Gréco à leur rendre hommage:







Bon Dimanche

La Fleur du Dimanche 

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