dimanche 1 mars 2015

Quand la neige fond, où va le blanc ? Il disparaît dans le perce-neige...

C'est encore l'hiver, vous l'aurez remarqué. Certains sont impatients de voir le printemps ou au moins un soleil chaud. Rassurez-vous, il va arriver, le soleil... 
D'ailleurs, à certains endroits, déjà les perce-neige percent la terre et pointent leur nez blanc dans l'herbe.
A ce propos, sachez que le perce-neige peut aussi être féminin et qu'au pluriel ils ou elles peuvent percer les neiges.

Voici donc un ou une perce-neige:




Et aussi des (ou des) perce-neige (ou perce-neiges).



Et pour en revenir avec la disparition du blanc, sachez que l'expression est attribuée à Shakespeare :
"When the snow melts, where does the white go?"

Phrase dont s'est emparée Remy Zaugg, artiste suisse (1943-2005) dans son tableau:

"Quand fondra la neige où ira le blanc" - Remy Zaugg

La référence de ce texte serait à chercher du côté de Casimir Malévitch, qui déclare à propos de sa composition  Carré blanc sur fond blanc (1918): "J’ai atteint le monde blanc de l’absence d’objets." Il ne faut pas voir dans cette absence "le vide du néant, mais la plénitude d’une présence supra essentielle."

Une piste pour le 
sociologue strasbourgeois, David Le Breton dont le dernier livre "Disparaître de soi"  analyse le rôle - et le résultat de l'arrivée du numérique. 
Apparemment, c'est un grand danger pour notre jeunesse. 

Je vous en offre en guise de TVA, quelques extraits: 

"Le virtuel n'est pas un néant mais plutôt une absence au monde des relations sociales avoisinantes au profit de relations numériques, donc sans voix et sans visage [...].
Le monde imaginaire adolescent est peuplé d'avatars intérieurs : les personnages multiples et provisoires qu'il se construit ou qu'il fantasme autour de sa personne, et qui rencontrent pour le meilleur ou pour le pire la complaisance des avatars du monde virtuel qui le concrétisent ou lui donnent un semblant de réel puisqu'ils sont parfois vécus comme un double de soi
Le virtuel exerce un effet narcotique au regard du lien social fondé sur les contacts, il affranchit du corps et de toutes les responsabilités liées à son statut singulier de personne, il faut un monde à lui tout seul, avec ses propres règles. D'où cette transe, cette dissolution de soi dans un univers surinvesti qui gomme provisoirement l'environnement social. L'adepte s'étourdit d'autant plus dans le jeu qu'il oublie son personnage social, se détache de toute attention, de tout attachement à cet égard. Il se donne tout entier à son activité. Et si l'on est le maître d'un monde réduit à une extension de soi modelé par un support technique, revenir au statut subalterne qu'inflige le lien social n'est pas toujours gratifiant. D'où la difficulté de s'extraire de l'extase du jeu et la hâte d'y revenir."

L'analyse me semble pertinente, mais il faudrait pouvoir creuser, ne serait-ce que de pouvoir comparer la construction de l'imaginaire avant et après le numérique, ainsi que les aspects structurants de la projection et de la relation dans les aspects ludiques et relationnels avec ces outils, pour ne pas se retrouver comme ua XIXème siècle quand certains critiquaient l'arrivée de l'automobile ou le chemin de fer - je plaisante, mais si peu...

Pour rester très optimistes, je vous offre une chanson également en relation avec le titre du billet en double version très archéologique (le numérique n'avait pas encore frappé à cette époque !): Perce Neige de Jean-Louis Murat.

En voici la V1:



Et la là V2:


Jean-Louis Murat "Perce-neige"

et les paroles:

Perce Neige :

"Ce jour, mon coeur se mit à saigner
Comme le lapin de garenne,
Qu'il vous fallut un jour égorger
Pour sacrifier à la haine.

Court le renard, court la fiancée,
Non, nous ne vivions pas un rêve.
Même si les frimas épargnent les blés,
Jamais ne cessera ma peine.

Notre troupeau devait donner du lait au goût
De réglisse et d'airelles.
Quand ce souvenir vient m'attrister,
Je pense à vous perce-neige.

Alors de la Godivelle à Compains,
On me jure que c'est sortilège.
Que si Belzébuth habite mes reins,
Je peux dire adieu à perce-neige.

Peine perdue pour aimer mon prochain,
Je ne suis plus que congère.
Mon âme triste s'étire au loin
Comme s'étire au loin la jachère.

Rien n'est important, j'écris des chansons
Comme on purgerait des vipères.
Au diable mes rêves de paysan,
Je ne veux plus que cesse la neige.

Si un jour béni qu'à dieu ne plaise
Devait voir cesser nos misères,
Votre assomption mon adorée
Nous aura plongés en enfer."



Bon dimanche

Le Fleur du dimanche

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