dimanche 8 février 2015

30 jours de réflexion: réfléchir, penser, critiquer ou rebondir

La vie est faite de rebondissements, de liens, d'échanges, de hasards, de pistes, de réseaux multiples, à creuser, à construire, à choisir, à étayer, à cultiver...

Pour commencer par "rebondir", place à la balle (le sens du mot a changé d'acception générale depuis les événements d'il y a 30 jours)...


Boule sans fruits - Photo: lfdd


Le fruit du lierre, ce fruit toxique a été l'occasion d'échanges avec des artistes concernant le carré et le rond, la mémoire et la création (collective). 
Elle a aussi, par ricochet renvoyé à des rites et des anniversaires, dont celle de Lenz (et de Lentz) et du 20 janvier (et du 7 février) ... (voir plus bas).

Cette sphère, réflexion de celle postée dimanche dernier relance aussi la question posée dans le TVA et à laquelle il y a eu rapidement un commentaire:
"D'accord pour un socle commun, mais la non prise en compte des différences culturelles est une des plaies de cette éducation hélas "nationale"..."


Pour compléter la réflexion, nous avons trouvé une suite dans "L'Opinion" du 3 février 2015. Elle vient de François Taddei, chercheur et membre du Haut Conseil de l'éducation. Dans son Billet, il dit, entre autre:
"Les enseignants ne sont pas formés à l'idée que l'école n'a pas le monopole du savoir...  Face à l'abondance, l'enseignant à un rôle plus "socratique" que jamais. Il devrait maîtriser l'art de la maïeutique et faire comprendre à ses élève comment s'effectue le passage de l'information brute, telle qu'il la trouve sur le web, a la télévision, ou dans les livre, à la connaissance."

Dans un article précédent, de Hubert Gillaud, intitulé "Comment apprendre à apprendre", il présente ses réflexion sur l'éducation:
"Aujourd’hui, notre système éducatif sélectionne ses éléments sur leur capacité à mémoriser des leçons. Pas sûr que ce soit une bonne méthode, puisque n’importe quel ordinateur est plus doué que nous."
Et après avoir présenté une méthode collaborative d'apprentissage, il donne d'autres solutions:
"Dans le jeu, les niveaux sont progressifs et vous permettent d’apprendre de vos erreurs. Dans le système éducatif, si l’apprentissage est trop difficile, vous vous démotivez, s’il est trop facile, vous vous ennuyez. Le système scolaire français est l’un des plus inégalitaires qui soit, mais on se rend compte qu’il peut être corrigé quand les enseignants eux-mêmes se transforment en chercheurs, quand, plutôt que de rejeter un élève en difficulté, ils cherchent à l’aider, à se mettre en position d’interroger leurs propres manières de faire pour les améliorer."


Un autre ricochet nous vient de Bertrand Gillig qui nous a alerté d'une interview de François Dubet, qui était, vendredi l'invité de France Inter et dont le dernier livre s'intitule "La préférence pour l'inégalité" pour l'émission (que vous pouvez entendre encore ici: 
http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=1047641#

Quelques extraits où il exprime nos pensées profondes:
"Même si je suis favorable à l'égalité de tous, je suis très favorable à l'inégalité des miens." 
"Depuis un mois nous vivons dans une émotions égalitaire, ça ne va pas durer"
"Vouloir l'égalité des autres, cela suppose de s'en sentir solidaire"


Sphère Ampoule Maurizio Galante - Photo: lfdd 

Autre sphère, celle que Maurizio Galante, designer avait fait  créer en Afrique quand le SIDA était un fléau très présent (mais le combat continue ici aussi.)


Pour en revenir à Lenz, v
ous savez peut-être que Büchner a écrit un court texte sur le passage de Siegfried Lenz à Walderspach auprès du Pasteur Oberlin - à noter le livre de Sylvain Maestraggi "Walderspach" avec des textes de Büchner et de Jean-Christophe Bailly et ses superbes photographies... 
Voici le début du texte de Büchner:

"Le 20 Janvier, Lenz partit dans la montagne. Sommets et hauts plateaux sous la neige, pentes de pierres grises tombant vers les vallées, étendues vertes, rochers et sapins.
    Il faisait un froid humide, l’eau ruisselait des  rochers, sautait sur le chemin. Les branches des sapins pendaient lourdement dans l’air saturé d’eau. Des nuages gris passaient dans le ciel, mais tout était si opaque, et puis le brouillard montait, accrochant aux buissons sa lourde humidité, si paresseux, si gauche.

    Il poursuivait sa route avec indifférence, peu lui importait le chemin, tantôt montant, tantôt descendant. Il n’éprouvait pas de fatigue, mais seulement il lui était désagréable parfois de ne pas pouvoir marcher sur la tête."

Et pour conclure avec tous ces rebonds, je vais faire un grand cercle qui va nous ramener à Charlie....
J'avais sur ma table de nuit un livre (de chevet) de Thomas Bernhard intitulé "Mes prix littéraires"... 
Quelle n'est pas ma surprise de voir dans le dernier N° de Poly (qui parle aussi de Waldersbbach), en pré-édito et en hommage à Charlie (on y revient), un dessin de Cabu qui illustre leur questionnaire "Dernier.." et à la question "Dernier livre lu", il répond:
"RIEN l'avant-dernier "MES PRIX LITTERAIRES" de Thomas Bernard.
Par la suite, j'ai vu ailleurs - mais ne retrouve plus la source -  une série de dessins de Cabu sur, justement, ces prix littéraires -français - qu'il a croqués (et bien croqués !)...

Dans ce livre, Thomas Bernhard parle du prix Georg-Büchner qu'il a reçu en 1070:
" J'ai reçu le prix Büchner en mille neuf cent soixante-dix, lorsque le mouvement étudiant, comme on dit de mille neuf cent soixante-huit avait malheureusement, après s'être étiolé pour n'avoir été qu'une révolte exclusivement romantique et par conséquent complètement ratée et dilettantisme, déjà rejoint les livres d’histoire en tant que vaine tentative de révolution. Le manque de sérieux de ce mouvement de prosestation avait fini par conduire à des résultats inverses à ceux escomptés et donc à une catastrophe intellectuelle et à de tristes lendemains..."

Et son discours commence ainsi (la première phrase !):

"Mesdames et Messieurs,
Ce dont nous parlons est inexploré, nous ne vivons pas, nous ne faisons qu'exister et que lancer des conjoncture, hypocrites, heurtés dans notre amour-propre que nous sommes, dans notre mésinterprétation fatidique, et en fin de compte mortelle de la nature, dans laquelle nous a égaré la science; tout nous apparît sous les auspices de la mort, et les mots - ceux qui par deréliction nous triturons dans notres esprit, ces mots par milliers et par centaines de milleirs, usés jusqu'à la corde, qui se dévoilent à nous, en toutes langues et en toutes cisconstances, en tant qu'infâme mensonge par leur infâme vérité, et réciproquement en tant qu'infâme vérité par leur infâme mensonge, ces mots que nous osons dire et écrire et qu'en tant que parole nous osons passer sous silence, les mots qui ne consistent en rien et ne servent à rie et sont condamnés au néat, comme nous le savons, mais cherchons à le cacher, ces mots, auxquels nous nous raccrochons, parce que notre impuissance nous rend fous et que notre folie nous désespère - ces mots ne font que contaminer et ignorer, brouiler et aggraver, embarasser et falsifier et mutilr et assombrir et enténébrer; dans les bouches et sur le papier, ils ne font qu'abuser à travers ceux qui en abusent; ce qui caractérise les mots et leur abuseurs, c'est leur impudence; l'état d'esprit des mts et de leurs abuseurs se caractérise par ce qu'il a d'impuissant, de satisfaisant, de catastrophique...."


Et pour conclure (provisoirement) je vais vous inviter à visiter un autre blog que je viens de découvrir et qui aujourd'hui pose la question de la langue (que je mets en relation avec le film "Heinrich Himmler, the decent one - der Anstäntige" visible encore à l'Odyssée ces jours-ci..  et dont je parlerai demain), il s'agit du "billet" de Bernard UMBRECHT à propos de Victor Klemperer(LTI): "la toxicité des mots.


Oups, j'avais oublié la vidéo du jour, qui passe de 30 à 1825 jours (d'un mois à 5 ans...)

Sept ans de réflexion
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19434275&cfilm=889.html

Bon courage et bon dimanche

La Fleur du Dimanche

1 commentaire:

  1. Aujourd'hui un beau programme avec sphères pour ne pas tourner en rond... Cabu, FrançoisTaddei, Thomas Bernhard, Hubert Giraud, François Dubet, Lenz, Büchner, Poly et Waldersbach... et Galante....

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