dimanche 13 juillet 2014

Il est un jardin enfoui au creux de ma mémoire...

Dimanche dernier, nous avons inauguré le cycle d'été - sous la pluie, cela ne change pas beaucoup - de la Fleur du Dimanche qui va présenter les poètes ayant chanté les fleurs. 
Nous avons donc commencé avec le coquelicot et Mouloudji
Marcel Mouloudji, auquel ses deux enfants Annabelle et Grégory rendent hommage à l'occasion des 20 ans de sa disparition en sortant un disque avec de nombreux interprètes dont Louis Chedid, Alain Chamfort, Christian Olivier des Têtes Raides, Daphné, Jil Caplan...

Aujourd'hui, nous avons les Iris:
"Il est un jardin
Enfoui au creux de ma mémoire
Un jardin bleu dans le matin
Où ont poussé des iris noirs"

Pour la photo, la mémoire est plutôt du côté des iris jaunes (voir le billet du 29 mai 2011), ici une autre version:


Iris jaune - Phot: lfdd

La mémoire, elle, se heurte au hasard.... et revient à la mémoire, vous allez voir...

Dimanche dernier, alors que je commençais à chercher du côté des poètes et des chansons - dans ma mémoire et celle de la toile mondiale - je trouve une chanson interprétée par Hervé Vilard qui dit:
"Chanson,
Toi qui ne veux rien dire
Toi qui me parles d'elle
Et toi qui me dis tout"

Cela ne vous rappelle rien ? Non ? 
Allons plus loin, la chanson vous l'aurez dimanche prochain... entre-temps un épisode surprenant:
Ce même dimanche soir, je dîne dans une pizzeria à Paris. Une chanteuse, italienne, s'accompagnant de sa guitare fait l'animation en chantant des chansons italiennes. A un moment, elle s'adresse à moi en me demandant si je venais d'Angleterre. Je lui répond que je suis de ce pays dont Paris est la capitale et elle me propose de me chanter la seule chanson qu'elle ait apprise en français et qu'elle intitule "Chanson d'Amour". 
Et quelle n'est pas ma surprise d'entendre la chanson d'Hervé Vilard, celle de Jeanne Moreau, celle de Marguerite Duras: India Song....

Le hasard et la mémoire vont encore plus loin, puisque nous avons eu cette semaine, l'annonce de la disparition de Yann Andréa, "qui fut le compagnon de Marguerite Duras de 1980 à sa mort le 3 mars 1996, (annoncé par le Monde" ce vendredi)... retrouvé sans vie jeudi 10 juillet dans son appartement parisien. Il avait 61 ans."

Il y est cité avec son roman "Cet Amour-là
«Un jour, je dis: si demain je meurs, si demain je me tue, vous ferez un petit livre dans les quinze jours, je suis sûr que vous le ferez. Elle dit: Yann je vous en supplie, ne dites pas ça, non. Pas un petit livre. Un livre.»

Mais vous en saurez plus dimanche prochain...

En attendant, après une photo d'"ambiance", le poème du jour:


Un jardin enfoui au creux de ma mémoire - Photo: lfdd


Prière Pour Aller Au Paradis.

Il est un jardin
Enfoui au creux de ma mémoire
Un jardin bleu dans le matin
Où ont poussé des iris noirs
Un jardin dont j'ai tant rêvé
Oh qu'un jour je puisse y entrer
Me reposer à tout jamais
Près de la tombe abandonnée
De Laura.

Je saurai le seuil
Au bruit de la grille rouillée
L'endroit du puits sous les tilleuls
On y buvait des jours d'été, 
En écartant les giroflées, 
Les mousses sombres et glacées, 
Les scolopendres effrayées, 
Près de la tombe abandonnée
De Laura.

Oh je voudrais tant mourir en ce jardin
A l'ombre calme des grands pins
Que s'ouvrent enfin les roses
Closes
Depuis si longtemps.

Il est un jardin
Enfoui au fond de ma mémoire
Un jardin bleu quand vient le soir
Où ont poussé deux lauriers thyms
Un jardin où j'ai tant pleuré
Oh qu'un jour je puisse y entrer
Me reposer à tout jamais
Près de la tombe parfumée
De Clara

Nous aurons des rires
Comme des vols de passereaux
De grands rires clairs de jeunes filles
Des rires frais comme des ruisseaux
Comme des rires de gens heureux
Nous réinventerons le temps
Des jours où l'on avait le temps
De parler de jardins en fleurs
Et des choses du coeur.

Oh je voudrais tant revivre en ce jardin
A l'ombre calme des grands pins
Que s'ouvrent enfin les roses
Closes
Depuis si longtemps
"

En connaissez-vous l'auteur ? Non ?
Eh bien, c'est Marie Laforêt elle-même, sous le pseudonyme de Françoise They, qui s'est inspirée du livre de Françis Jammes: "Jeunes Filles".

Pour forcer le hasard (le coquelicot), je vous offre un poème de ce dernier: 

"Je la désire

Je la désire dans cette ombreuse lumière
qui tombe avec midi sur la dormante treille,
quand la poule a pondu son oeuf dans la poussière.
Par-dessus les liens où la lessive sèche,
je la verrai surgir, et sa figure claire.
Elle dira : je sens des pavots dans mes yeux.
Et sa chambre sera prête pour son sommeil,
et elle y entrera comme fait une abeille
dans la cellule nue que blanchit la chaleur."
Françis Jammes

Voici l'interprétation de 1973 de Marie Laforêt de Prière Pour Aller Au Paradis:


Marie Laforêt "Prière pour aller au paradis...



Et puis si vous ne saviez pas que RoBERT (Déa) savait chanter, en voici la preuve:





Je ne résiste pas à vous mettre un "bonus": le clip "Les Jupes" de la même RoBERT, réalisé par Michel Gondry en 1992

RoBERT - Clip Les jupes (1992)


Bon Dimanche et à dimanche prochain...

La Fleur du Dimanche

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