dimanche 17 avril 2011

Les tasses de porcelaine du magnolia


 

Le journal, même s'il est hebdomadaire, en l'occurrence du dimanche, rythme le temps, ce temps qui passe et revient en boucles plus ou moins régulières avec des souvenirs et de nouvelles expériences et rencontres.
Ce journal de la Fleur, des dimanches de repos, est une plantation en devenir et un herbier de fleurs "vivaces" et vivantes.
Il est l'occasion d'humer le parfum du jour ou de la semaine et de revenir sur ce temps qui passe.
Les cerisiers ont fleuri, leurs feuilles ont pris le dessus, les cerises seront là en juin-juillet. La rhubarbe se déguste en tartes et le muguet pointe pour mai. Et les magnolias ont perdu leurs grosses pétales.


Fleurs de magnolia - photo: lfdd


A propos de journal, Albert Strickler dans le sien, "Le bréviaire de l'écureuil" de l'année 2009 disait, le 16 avril "Alors que nous évoquions hier encore les tasses de porcelaine du magnolia - tout le monde s'accordant à vérifier la justesse de l'image - je dois ce matin me rendre à l'évidence: les débris de cette délicate vaisselle de luxe jonchent déjà en partie l'herbe comme une traîne déchirée. Mais l'épars de leurs pétales n'est qu'une image de plus pour cette joie de printemps qui pulvérise tout."
La veille (15 avril 2009), il citait "les cerisiers qui dégringolent le pré déclive comme des mariées devenues folles" et le lendemain le lilas mauve qui fleurit également et les premières hirondelles - Çà y est elles sont aussi arrivées ici avant-hier !


Fleurs de magnolia - Photo: lfdd

En guise de TVA, comme l'intro était longue, je vous le fais "haiku" :


"mokurem no hana bakari naru sora wo miru"

"Je vois le ciel
Où il n’y a que
Des fleurs de magnolia"

Oreillers d’herbes de Natsume Sôkesi – Ed. Payot Rivages


Fleurs de magnolia - Photo: lfdd

et en prime pour les courageux un poème de Pablo Neruda:


ODE AU MAGNOLIA

Une fleur de magnolia
pure
ronde comme un cercle
de neige
monta jusqu’à ma fenêtre,
me réconciliant avec la beauté.
Entre ses feuilles lisses
- ocre et vert -
fermée,
elle était parfaite
comme un oeuf
céleste,
ouverte
elle était la pierre
de la lune,
Aphrodite embaumée,
planète de platine.
Ses grands pétales me rappelèrent
les draps
de la première lune
amoureuse,
et son pistil
érigé
était tour nuptiale
des abeilles.
Ô blancheur
entre
toutes les blancheurs,
fleur immaculée,
amour resplendissant,
odeur de neige blanche
et de citrons,
secrète secrétaire
de l’aurore,
coupole
des cygnes,
rayonnante apparition!
Comment
te chanter sans
toucher
ta
peau très pure,
t’aimer
seulement
aux pieds
de ta beauté,
et t’emporter
dormante
dans l’arbre de mon âme,
resplendissante, ouverte,
aveuglante,
sur la forêt obscure
des songes!

Pablo Neruda


Bon dimanche 
La Fleur du Dimanche

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