Après un petit silence estival, j'aurai pu vous faire le coup de l'incipit de "L'étranger" de Camus, mais je vous en offrirai plutôt en TVA un texte de 1955 mitonné avec du Wilde et du Kierkegaard, pas triste.
Mais place à la Fleur du Dimanche de l'été:
Chardon - Photo: lfdd |
La mémoire, elle, nous joue des tours, on ne se souvient plus de ce dont il faudrait se souvenir, il reste un petit havre (port d'attache) au bord du Rhin, disparu lui aussi dans les travaux de canalisation et d'électrification, caché dans des bois, des jours d'été comme cette année où l'on cueillait les papillons sur les fleurs*:
Les deux papillons dans un Silence incandescent - Photo: lfdd |
Pour en arriver au TVA, ce sont des extraits d'une conférence d'Albert Camus à Athènes le 26 avril 1955, dans un article du Monde du 25 août intitulé "Albert Camus, tout en équilibre. J'en ai picoré des bouts pour vous, toujours d'actualité et à méditer:
"Aujourd'hui on dit d'un homme: "C'est un homme équilibré", avec une nuance de dédain. En fait l'équilibre est un effort de tous les instants. La société qui aura ce courage est la vraie société de l'avenir."
"Quel est le mécanisme de la polémique? Elle consiste à considérer l'adversaire en ennemi, à le simplifier par conséquent et à refuser de le voir. Celui que j'insulte, je ne connais plus la couleur de son regard, ni s'il lui arrive de sourire et de quelle manière. Devenus aveugles par la grâce de la polémique, nous ne vivons plus parmi des hommes, mais dans un monde de silhouettes."
"Nous étouffons parmi des gens qui pensent avoir raison."
"Dans tous les cas, je n'insulte pas les gens qui ne sont pas avec moi. C'est ma seule originalité."
"Intellectuel? Oui. Et ne jamais renier. Intellectuel = celui qui se dédouble. Ca me plait. (...). "Je méprise l'intelligence" signifie en réalité "Je ne peux supporter mes doutes"."
Et pour finir:
"Je n'ai jamais cru au pouvoir de la vérité par elle-même (première Lettre à un ami allemand). Mais 'est déjà beaucoup de savoir qu'à énergie égale, la vérité l'emporte sur le mensonge. C'est à ce difficile équilibre que nous sommes parvenus. C'est appuyés sur cette nuance qu'aujourd'hui que nous combattons. Je serai tenté de dire que nous luttons justement pour des nuances, mais que des nuances qui ont l'importance de l'homme même."
"Notre monde n'a pas besoin d'âmes tièdes. Il a besoin de coeurs brûlants qui sachent faire à la modération sa juste place."
Achilée milleuille - Photo: lfdd |
Je vous avais annoncé Wilde et Kirkegaard, c'est dans un texte intitulé "Le Masque comme métaphore" également paru dans le Monde du 25 août où Douglas Kennedy parle de son expérience de la Covid-19 entre New-York et Paris où il s'est replié, que j'ai pioché les deux citations.
"C'est lorsqu'il parle en son nom que l'homme est le moins lui-même, donnez-lui un masque et il vous dira la vérité." Oscar Wilde
Et pour finir Soren Kierkegaard qui dit:
"Ne sais-tu pas que vient l'heure de minuit où chacun doit lever le masque; crois-tu que la vie entende toujours raillerie; crois-tu qu'on puisse s'éclipser un peu avant les douze coups pour éviter ce moment?"
Rosier ballerine - Photo: lfdd |
Et pour terminer en chansons, le grand Léo nous parle dans cette magnifique et mystérieuse chanson de "La Mémoire et la mer":
Je vous en offre deux autres interprétations, celle de Catherine Lara:
Et celle de Hubert-Félix Thiéfaine (après les bavardages télé à 45"):
Et pour reste avec Ferré, Aquaserge nous chante "Si tu t'en vas":
Je vous mets bien sûr aussi la version du "maître":
Bon Dimanche
La Fleur du Dimanche
* Je vous informe de la parution du "Journal du confinement" de l'ami Albert Strickler intitulé "Un silence incandescent - Journal 17 mars - 10 mai" dont la photo des deux papillon a l'honneur d'illustrer la couverture.
Pour les commandes c'est sur le site des éditions Tourneciel, ici:
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