mercredi 18 juillet 2012

Exposition Gerhard Richter à Paris: For-mi-dable

Je vous avais cité pour le TVA (Texte à Valeur Ajoutée) de dimanche dernier une phrase de lui. Cette phrase est en exergue de son exposition qui se tient actuellement au Centre Pompidou à Paris, après Londres et Berlin. Gerhard Richter est un grand artiste. S’il n’en fallait qu’une preuve, c’est celle-ci: en en sortant, derrière moi, un homme d’âge respectable prend son téléphone portable sur l’escalator et partage son enthousiasme immédiatement: «J’ai vu une exposition « For-mi-dable.»

Gerhard Richter - Centre Pompidou - Paris - Photo: lfdd

Ce que l’oeuvre de ce très grand artiste vivant – et au demeurant le plus coté d’Allemagne - a de formidable, c’est que ses oeuvres sont «reconnaissables» comme étant de lui, et en même temps, comme il le dit, sans style, ou plutôt avec une diversité de style que le parcours de l’expo à Beaubourg nous rappelle.
Nous commençons par ce qu’il estime le début de ses travaux - il a détruit les oeuvres antérieures - quand il arrive à Düsseldorf, fuyant l’Allemagne de l’Est – Dresden - et fondant avec Sigmar Polke, Blinky Palermo et Konrad Lueg le groupe du «réalisme capitaliste». Ses tableaux étant souvent des citations – extraits photo ou photos et textes – de médias dans une copie rigoureuse mais distanciée. Ou des « ponctions » de réalité photographiques – des nuages, la mer – qu’il a faites et qu’il transpose sur toile.



Ses vues aériennes de villes interrogeant les ravages de la guerre. 

Gerhard Richter - Centre George Pompidou - Annonciation d'après Titien - Photo:lfdd

Après une travail de relecture des maîtres classiques – même à partir de cartes postales - ou de Marcel Duchamp – un de ses maîtres avoués, il en arrive à une abstraction ordonnée avec ses « Nuanciers » et ses « compositions » plus lyriques, résultat de grattages, mélanges et autres manipulations de la peinture sur la toile.

Gerhard Richter - Centre George Pompidou -  Nuancier - Photo:lfdd

Il passe une période plus « sombre » où il expérimente le gris et le verre ou le miroir, incluant ainsi le spectateur dans l’oeuvre.
Une salle est consacrée à l’interprétation du paysage, avec, entre autres, la série de quatres paysages « Buhlerhöhe », paysages de Forêt-Noire près de Baden-Baden, propriété de Burda et qui avait fait l’objet d’une édition par le Musée de Baden-Baden.

Gerhard Richter - Centre George Pompidou -  Onkel Rudi - Photo:lfdd

Une salle est consacrée à ses portraits de proches. Historiques, comme sa tante (avec lui bébé sur les genoux) qui a été exterminée par les Nazis, et son oncle Rudi, en uniforme nazi… ou encore de toute intimité avec son épouse Sabine avec bébé. Et un autoportrait!

Gerhard Richter - Centre George Pompidou -  Morte Triptyque - Photo:lfdd

Les soubresauts de l’histoire contemporaine ne sont pas ignorés, le 11 septembre faisant l’objet d’un tableau en 2005, de même que la douloureuse histoire de la RAF (Rote Armee Fraktion – Fraction Armée Rouge) qui a vu le patron des patrons allemands Wolfgang Schleier enlevé puis exécuté – le corps ayant été retrouvé en Alsace - marque pour Gerhard Richter le retour à la peinture d’«Histoire» sous l’intitulé « 18 octobre 1977 ». Il y reproduit les épisodes de l’arrestation, l’emprisonnement, la mort et l’enterrement des membres du groupe révolutionnaire Bader-Meinhof.

Gerhard Richter - Centre George Pompidou -  Septembre - Photo:lfdd

Ses derniers travaux posent la question de la crédibilité de la peinture dans le monde d’aujourd’hui dont il dit: « Mettez un écran dans un musée et plus personne ne regarde les tableaux ». Lui reprend un ancien tableau de 1990, le numérise et le découpe en 8190 bandes successives et en expose l’image en très grand format.

Serait-ce la fin de la peinture ? 
A vous de juger en allant voir cette for-mi-dable exposition à Paris, au Centre Pompidou, jusqu’au 26 septembre, avec des nocturnes le jeudi jusqu’à 22 heures. Sinon l’expo est ouverte totue la semaine sauf le mardi de 10h00 à 21h00.

Bonne Expo.

La Fleur du Dimanche.

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