Eux sur la photo, le livre d'Hélène Gestern, je ne sais plus si je l'avais offert il y quelques années. En tout cas le sujet m'intéressait et me touchait, et pas que moi... C'est d'ailleurs pour cela que j'avais pensé à ce livre. Mais le passé est le passé, hier c'est hier et avant le monde d'après, voici qu'Hélène Gestern sort un nouveau livre qui s'appelle "Armen" et cela me parle.
Mais tout d'abord, la fleur du jour:
S'écrire par l'autre
En ce qui concerne Gestern et Armen, il faut vous dire que si l'on parle allemand, les histoires sont encore plus intéressantes: Gestern, en allemand, c'est hier, et Armen c'est les bras. Le nom de l'auteure est un pseudonyme - c'est une universitaire qui écrit des deux mains: d'une part des études sur les "écrits de soi" et d'autre part, et depuis peu ces romans des "autres"... Armen, de son côté est un écrivain Arménien (Armen), réfugié en France en 1923, qui s'appelle Chahnour Kérestédjian et qui a choisi comme pseudonyme Chahan Chahnour quand il écrit des romans en arménien et Armen Lubin quand il écrit ses poèmes en français.
Je vous en offre trois, deux de fruits et un de fleur:
Des pêches
Toutes chaudes de soleil
Les pêches sont épatantes
Mais à l'ombre du sommeil
Tant et plus, ta peau me tente
Des roses de Noël
Tout l'hiver est dans la rose
Que ta robe nous propose
Mais l'éclat de ta beauté
T'apparente à tout l'été
Des fraises
L'enchanteur mit sur le pré
Un feu doux bien empourpré
Il éparpilla les braises
Une averse en fit des fraises
Fleurs - Vue de face - Photo: lfdd |
Hélène dit que le travail d'écriture de son livre l'a amené à comprendre "l'étendue" du malheur d'Armen Lubin:
"L'écriture l'enserre, le fragmente, le décortique, le recompose, un peu comme ces cellules qu’on nettoie de leur charge virale avant de les réutiliser pour leur donner vie."
Et je vous offre en "Extrait" le passage cité dans le Monde du 12 juin dans l'article que Jean-Louis Jeannelle consacre au livre et à Hélène Gestern sous le titre "La douleur en commun".
Humour salutaire
Pour changer de registre, de la douleur à l'humour, prenons le Monde de la semaine précédente avec l'article "L’humour est un réflexe de survie" où la journaliste de France Inter Charline Vanhoenacker, interrogée par Sandrine Blanchard estime que le confinement a suscité un puissant désir de rire et estime que l'humour est "Non seulement utile mais même salutaire.
Parler de «dictature de l’humour», cela n’a pas de sens. Beigbeder a sans doute fait plaisir aux «pissefroid»! Le confinement a montré à quel point l’humour est un réflexe de survie. Tout le contraire d’une dictature. Des gens dont ce n’est pas le métier, des anonymes avaient des étincelles, trouvaient une blague, la partageaient. Les réseaux sociaux en étaient gorgés. Comme l’a écrit Romain Gary: «L’humour est une affirmation de la dignité, une déclaration de la supériorité de l’homme face à ce qui lui arrive.» Grâce à lui, l’homme parvient à faire le pas de côté, pour se détacher du malheur et ne pas sombrer dans la peur ou la dépression. On faisait des blagues pendant que les gens mouraient. Mais cela a toujours existé. Charlie Chaplin disait que l’homme n’est jamais aussi drôle que lorsqu’il est confronté à la mort. Alors qu’on nous parlait de maladie, d’hygiène, de décès ou de recette de crumble, il fallait que l’humour revienne! La période était tellement anxiogène. Les humoristes ont redessiné ce qui se passait dans les intérieurs. Ce sont eux qui ont ouvert la fenêtre. Nous n’avons jamais reçu autant de messages nous disant «merci de nous détendre, de nous faire rire. Emmanuel Macron a appelé l’humoriste Jean-Marie Bigard.
On pensait avoir élu un banquier de chez Rothschild et on se retrouve, en fait, avec Jeff Tuche! Appeler Bigard, Zemmour, rouvrir en priorité le Puy du Fou, tout cela est tellement étrange que j’ai du mal à m’en emparer. Comment faire de l’humour un peu enlevé sur quelque chose d’aussi grossier?"
Dans le même numéro du Monde, je vous cite encore l'extrait de Florent Georgesco sur "Le bon citoyen et le dictateur" à propos du livre Le syndrome de la dictature (The Dictatorship Syndrome) d’Alaa El Aswany
Le bon citoyen, écrit-il, vit dans l’absence d’espoir et la peur », il crée son « propre monde (…) totalement isolé de tout ce qui se passe à l’extérieur ».
L’écrivain fouille les recoins de ce monde exsangue, suspendu entre la fiction sur laquelle le pouvoir fonde son emprise, et la vie personnelle, rendue inexprimable, privée de tout accès au sens. Il décrit « l’esprit fasciste » créé en retour chez le bon citoyen, qui, si le moindre pouvoir lui revient, se transforme en « minidictateur », ou le fanatisme religieux, qu’accroissent les perspectives bouchées et l’anathème jeté, en toute chose, sur l’esprit critique."
Nous ne sommes pas encore dans "le monde d'après"...
Dictaphone Dictateur
Ce monde d'après, ressemblera-t-il à ces orientations de
Littératie (numérique) ou plutôt la réalité de demain sera-telle l'oralité?
Un article sur le site The conversation "Comment les assistants vocaux défient-ils la pédagogie nous interroge sur notre rapport à l'écrit, à l'oral et même aux outils de demain...
Les technologies du langage bousculent notre littératie, c’est-à-dire notre «aptitude à lire, à comprendre et à utiliser l’information écrite». En éducation, ce sont donc nos manières de transmettre et d’interagir qui s’en trouvent transformées.
Les compétences sociales, soit écouter, comprendre et répondre, jouent un rôle central dans nos interactions avec les interfaces conversationnelles. Il faut savoir trouver les mots justes afin d’obtenir la réponse attendue et oser s’exprimer à voix haute, autant de compétences aujourd’hui attendues sur le marché du travail.
Aujourd’hui il est possible de se faire comprendre d’un assistant vocal en «aboyant» quelques mots clés, tout comme en formulant une phrase bien structurée, voire polie. Notre langage est influencé par ces nouvelles interfaces, c’est-à-dire que ces technologies transforment à la fois la manière que nous avons de nous exprimer et notre relation à la machine.
Cela dépend également de la relation que nous avons à la technologie, de ce que nous attendons d’elle, et même du statut que nous souhaitons lui donner dans nos vies. Autant d’enjeux et d’opportunités pour le système éducatif...
Des pédagogues et des designers, inventent de nouveaux scénarios d’interaction qui favorisent le développement de nouvelles compétences chez l’enfant:
Par exemple, Zoé Aegerter, fondatrice des Causeuses électroniques a conçu Les Bascules comme un dispositif d’interaction vocale. Les enfants enregistrent leur voix (sous différentes formes: chant, onomatopées, cris, phrases…) qu’ils peuvent ensuite répéter à l’infini grâce à de petites bascules en carton. Ils développent ainsi leur connaissance de soi en devenant familiers avec leur voix. Ils apprennent également à s’écouter mutuellement et donc à respecter un tour de parole, une qualité essentielle dans le processus de collaboration.
Le dispositif a été testé pour la première fois dans le cadre de la Nuit Blanche 2018 avec un public élargi d’enfants et d’adultes. L'équipe design: Marion Voillot et Zoé Aegerter et la médiation dansée menée par Mélissa Cuco et Eva Hernandez ont été soutenus par l'IRCAM (UMR STMS CNRS-Ircam- Sorbonne Université) - CRI - ENSCI
Vous avez une présentation ci-dessous et le début (2 minutes) montre l'expérience avec les spectateurs:
Vous avez une présentation ci-dessous et le début (2 minutes) montre l'expérience avec les spectateurs:
Je vous offre une dernière fleur de post-confinement, des iris sous la pluie:
Le hasard fait bien les choses.. Je voulais reparler de la question des réseaux sociaux (j'en ai soulevé quelques points plus haut) et je ne peux que resoulever la question de l'engagement "en ligne" et avec les réseaux sociaux, en particulier le "like" de facebook qui n'engage à rien et le débat sur ces publications qui vont dans toutes les directions. On le sait, les réseaux sociaux divisent, et même si, avouons-le, lors du confinement quelques outils de communication/vidéo ont permis de garder un lien avec les proches, globalement cet outil fait "distance". J'ai lu cette semaine mais ne retrouve plus la référence que pour les procès tenus ces derniers temps en visioconférence, les peines prononcées étaient plus élevées qu'en procès physique du fait de la moindre empathie avec les jugés. Et je viens de voir un article dans le Monde (encore) "La conversation, coupée court?" de Gilles Bastin qui parle du livre "Les yeux dans les yeux. le pouvoir de la conversation à l’heure du numérique" (Reclaiming Conversation. The Power of Talk in a Digital Age), de Sherry Turkle, traduit de l’anglais par Elsa Petit, qui parle de tous ces outils sociaux. Sherry cite Thoreau qui nous apprends que nous n'aurions besoin que de "trois chaises: une pour la solitude, deux pour l’amitié, trois pour le monde".
Et je vous mets un "Extrait" du livre:
Autre hasard, le très grand acteur et metteur en scène Peter Brook était l'invité de Patricia Martin sur France Inter ce matin pour parler de son livre "A l'écoute" et son crédo est la "Gratitude"
Et je vous mets un "Extrait" du livre:
Autre hasard, le très grand acteur et metteur en scène Peter Brook était l'invité de Patricia Martin sur France Inter ce matin pour parler de son livre "A l'écoute" et son crédo est la "Gratitude"
Vous avez l'émission (pour quelques temps) ici:
https://www.franceinter.fr/emissions/la-personnalite-de-la-semaine/la-personnalite-de-la-semaine-14-juin-2020
Et à propos de metteur en scène, une pensée pour Didier Bezace, le directeur du Théâtre de la Commune à Aubervilliers qui nous a quitté.
https://www.franceinter.fr/emissions/la-personnalite-de-la-semaine/la-personnalite-de-la-semaine-14-juin-2020
Et à propos de metteur en scène, une pensée pour Didier Bezace, le directeur du Théâtre de la Commune à Aubervilliers qui nous a quitté.
Et pour la musique je vous propose d'abord deux titres pleins d'humour...
Le premier en lien avec l'oralité, de Bertrand Laverdure, une expérience de P.O.M.M.E. (Poème Oralité Musique Métal Ecrit) qui nous vient du Canada: Anonymus - Ostinato machine (avec Benoit Jutras) from Productions Rhizome.
Pour le deuxième, un clin d'oeil à un ami journaliste, (en lien avec les "pisse-froid" de Charline Vanhoenacker), un extrait d'un concert cité par Poly (pas poli) du Piano au Musée Wurth à Erstein le 11 novembre 2019 avec Simon Ghraïchi:
Et pour un autre clin d'oeil à Pomme, la vraie, celle qui a récolté une Victoire de la Musique cette année, deux de ses premiers titres de 2015: J'suis pas dupe
Et Je t'emmènerais bien:
Et séquence nostalgie et rétro (à l'Olympia), une reprise en 2014 par Carla Bruni de sa chanson de 2002 "Quelqu'un m'a dit":
Elles passent en un instant comme fanent les roses.
On me dit que le temps qui glisse est un salaud
Que de nos chagrins il s'en fait des manteaux
Pourtant quelqu'un m'a dit...
Que tu m'aimais encore,
C'est quelqu'un qui m'a dit que tu m'aimais encore.
Serait ce possible alors ?
On dit que le destin se moque bien de nous
Qu'il ne nous donne rien et qu'il nous promet tout
Parait qu'le bonheur est à portée de main,
Alors on tend la main et on se retrouve fou
Pourtant quelqu'un m'a dit ...
Mais qui est ce qui m'a dit que toujours tu m'aimais?
Je ne me souviens plus c'était tard dans la nuit,
J'entends encore la voix, mais je ne vois plus les traits
"il vous aime, c'est secret, lui dites pas que j'vous l'ai dit"
Tu vois quelqu'un m'a dit...
Que tu m'aimais encore, me l'a t'on vraiment dit...
Que tu m'aimais encore, serais ce possible alors ?
On me dit que nos vies ne valent pas grand chose,
Elles passent en un instant comme fanent les roses
On me dit que le temps qui glisse est un salaud
Que de nos tristesses il s'en fait des manteaux,
Pourtant quelqu'un m'a dit que...
Bon Dimanche
La Fleur du Dimanche
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